Réuni hier à Tunis, le comité fondateur de Nida Tounes a décidé de tenir une réunion du Conseil national du parti en lieu et place du congrès constitutif qui était prévu le 15 juin. «Il s'agit d'une proposition du président du parti Béji Caïd Essebsi qui a été approuvée par les membres du comité fondateur », a précise le porte-parole officiel de Nida Tounes, Lazher Akremi. Et d'ajourer : «Le conseil national qui se composé de quelque 450 membres va examiner la situation interne du parti et les perspectives de sa participation aux prochaines élections ». M. Akremi qui reconnaît des divergences sur la gestion des affaires internes du parti a également indiqué que l'idée du congrès constitutif n'a pas été abandonnée. De son côté, le président du comité chargé des préparatifs du congrès, Lazher Karoui Chebbi, a fait savoir que rien n'a été décidé en ce qui concerne la détermination d'une nouvelle date du congrès constitutif, tout en affirmant que toute les instances dirigeantes et les structures du parti vont obtempérer aux décisions qui seront prises lors de la réunion du Conseil national. La tenue du congrès constitutif de Nida Tounes, dont la date était initialement fixée pour le 15 juin, est fortement soutenue par la puissante aile composée des destouriens et des anciens membres du Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD) qui traverse le prti. Elle est cependant contrée par l'aile gauchiste qui est bien placée dans certaines hautes instances dirigeantes du parti comme le comité fondateur et le Bureau exécutif, mais faiblement représentée dans les structures régionales et locales. Ainsi plusieurs membres du Bureau exécutif du parti fondé en juin 2012 par l'ex Premier ministre de transition Béji Caïd Essebsi pour rééquilibrer un paysage politique dominé par le mouvement islamiste Ennahdha, ont protesté contre la procédure selon laquelle les congressistes ne seront pas choisis par la base. «La décision d'organiser un congrès pour l'élection du comité de direction par le conseil national n'est pas conforme au statut du parti qui réglemente l'organisation du congrès en respectant une procédure claire. Ensuite, la règle de base en matière de gestion démocratique des partis politiques dispose qu'on ne peut en aucun cas élire un organe par un autre qui n'a pas été lui même élu», a martelé Ridha Belhaj. Exclusion Avocat de gauche, M. Belhaj a estimé que les critères de choix des congressistes qui consistent en une simple addition des membres du conseil national, du Bureau exécutif et des dirigeants des structures régionales en Tunisie et à l'étranger représente une manoeuvre orchestrée par la tendance Rcdiste qui a noyauté les structures régionales du parti pour exclure la tendance gauchiste. «La procédure retenue risque d'avoir des répercussions négatives sur le parti puisqu'elle vise à exclure des personnalités et instituer une tradition de clientélisme et risque d'ouvrir la voie à des dissensions et des éventuels recours», a-t-il affirmé. «Personnellement, je ne suis pas prêt à participer à un congrès de règlements de comptes et d'exclusion qui approfondira les divisions internes et permettra à une minorité de prendre le contrôle du parti et mettre fin au pluralisme et la diversité qui a fait notre force et qui a permis au différentes composantes du parti de gagner différents combats et défis», a aussi ajouté M. Belhaj. Appuyé par d'autres figures marquantes du parti, dont Taher Ben Hassine, M. Belhaj propose comme alternative «l'organisation d'un véritable congrès en commençant par l'élection des coordinations de base jusqu'au bureau politique en instituant une commission électorale issue du comité des fondateurs conformément au statut qui veille à distribuer les cartes d'dhésions et organiser les élections en appliquant une procédure électorale préalablement établie». Les divergences persistantes sur la date et l'aspect procédural du congrès constitutif de Nida Tounes augmentent, selon les observateurs, les risques d'implosion de ce parti rassemblant des tendances disparates allant des anciens militants de gauche, aux libéraux, en passant par les syndicalistes et les Rcdistes.