Coalition électorale destinée à rééquilibrer un paysage politique dominé par le mouvement islamiste Ennahdha, l'Union pour la Tunisie (UPT) traverse actuellement une mauvaise passe. Ce front fondé en janvier 2013 par Nida Tounes (bourguibiste), Al Joumhouri (centre démocrate-libéral) et la Voie démocratique et sociale (Al-Massar/gauche sociale-démocrate), par le Parti socialiste et le Parti du travail patriotique et démocratique (gauche socialiste) semble, plus que jamais se désintégrer de l'intérieur... Après le retrait du Parti Républicain (Al-Jomhouri) décidé le 29 décembre dernier de cette coalition qui n'a pas réussi, selon la formation d'Ahmed Néjib Chebbi, de «se muer en un front électoral homogène vu les décisions politiques prises par certaines de ses composantes sans concertations avec les autres membres», Nida Tounes s'apprête à claquer la porte pour faire cavalier seul lors des prochaines élections. C'est du moins ce que révèle Samir Bettaïeb, un dirigeant d'Al-Massar. «Il est très difficile de parler de l'existence de l'Union pour la Tunisie. C'est est une machine en panne d'autant plus qu'une puissante aile au sein de Nida Tounes pousse ce parti vers la porte de sortie», a déclaré M. Bettaïeb. Et d'ajouter : «Au sein de Nida Tounes, beaucoup pensent que leur parti est assez puissant pour affronter les prochaines échéances électorales en solo au lieu de faire front avec d'autres petites formations». L'avis de Samir Bettaïeb est largement partagé par le président de l'instance politique d'Al-Joumhouri, Ahmed Néjib Chebbi, qui a, à nouveau dénoncé, lundi, l'hégémonie de Nida Tounes au sein de l'Union pour la Tunisie sur le plateau de Nessma TV. «Oui, l'UPT est une machine en panne parce que cette coalition n'a pas été formée, dès le départ, sur de bonnes bases. Et plus le temps passe, plus Nida Tounes y accaparait le leadership en prenant des décisions sans concertations avec les autres composantes de l'Union qui s'est retrouvée, ainsi, vidée de tout son sens», a-t-il martelé, dénonçant la stratégie adoptée par Nida Tounes lors de la crise politique consécutive à l'assassinat du député Mohamed Brahmi, en l'occurrence l'escalade visant à conclure des deals secrets pour l'unique profit du parti de Béji Caïd Essebsi. Boulet électoral M. Chebbi a ajouté que Nida Tounes considère désormais ses alliés au sein de l'Union comme un boulet. «Pour l'histoire, il faudrait reconnaître que dès le départ Nida Tounes a été contraint à une alliance électorale qui n'était pas dans ses plans. Il voulait rééquilibrer le paysage politique, c'est aujourd'hui chose faite! Il l'a fait cependant à son profit et a creusé par là l'écart avec ses alliés de fortune. Ils deviennent boulet électoral et nombreux sont ceux qui appellent en son sein à s'en défaire», a-t-il indiqué. Réagissant aux propos de Samir Bettaïeb, le porte-parole de Nida Tounes, Lazhar Akremi, a nié toute intention de son parti de quitter le front électoral. «L'Union pour la Tunisie existe toujours et il n'a jamais été dans nos intentions de la quitter», a affirmé M. Akremi, rappelant que la coalition avait annoncé dès le mois de mars dernier à travers un communiqué des secrétaires généraux la composant sa décision de présenter des listes communes aux prochaines élections législatives et présidentielle. «Il y a eu certes quelques désaccords au sein de l'Union, notamment au sujet de la meilleure approche relative au calendrier électoral, sur la manière de mener la campagne électorale et sur l'établissement de listes électorales communes... N'oublions pas que l'UPT est une alliance politique et électorale. Si nos points de vue peuvent diverger sur certains points et si la dimension électorale de notre coalition peut battre de l'aile, cela ne signifie en rien que le mouvement n'existe plus. L'Union pour la Tunisie ne devrait pas d'ailleurs se limiter à l'organisation de meetings électoraux communs ou à l'établissement de listes électorales communes», a-t-il poursuivi.