La Tunisie suit-elle à pas sûrs la voie démocratique comme l'espéraient les jeunes révoltés contre la dictature fin 2010 ? Les perspectives paraissent prometteuses et l'espoir renait après les doutes et les déceptions des premières années post-révolution marquées par une déviation de la Révolution de sa trajectoire et de ses objectifs sacrés. Ceci laissait bien évidemment un sentiment d'amertume et de désenchantement chez la grande majorité du peuple et faisait dire aux plus sceptiques que le Printemps arabe n'est en fin de compte qu'un mirage, qu'une manipulation, qu'un plan concocté par des puissances étrangères et exécuté par des forces occultes, sorties du néant au service d'agendas précis et d'intérêts politiques et géostratégiques bien définis. Et ils n'ont pas tellement tort d'avoir cru et de croire encore à cette thèse quelque peu « surréaliste », mais non loin de la logique, si on se réfère à la situation qui prévaut actuellement dans le monde arabe et aux résultats de près de quatre ans de processus révolutionnaire dans les pays du « Printemps ». Où sont la démocratie, les libertés individuelles, le développement intégral, la prospérité économique, la justice sociale ? Rien de tout cela ne s'est produit. Regardez ce qui se passe en Libye et en Syrie. C'est la désolation, le chaos total, la dislocation des structures de l'Etat, la montée de l'extrémisme et l'invasion par des terroristes de larges portions de territoire. Dans ce paysage apocalyptique, la Tunisie, et à un degré moindre, l'Egypte, peuvent se prévaloir d'être des rescapées. La Tunisie, surtout, a pu échapper à un sinistre sort grâce à son génie ancestral, à la vigilance de son peuple, à la force de sa société civile. Encore une fois, l'exception tunisienne a fait la différence. Et maintenant que le chemin de l'organisation des élections présidentielle et législatives est balisé, il y a lieu de croire en de réelles chances d'un passage sécurisé vers la stabilité, la pacification et la concorde sociale.