Dans sa toute première édition, s'est tenu récemment à Tunis, le tout premier congrès maghrébin de l'enfant orphelin. Organisé par l'association la Rose de l'Espoir, le congrès a connu la participation de différentes personnalités tunisiennes et régionales du Grand Maghreb à l'instar des représentants de la société civile algérienne en vue de consolider la coopération maghrébine en termes de protection et d'encadrement des enfants orphelins. La journée a, notamment, été l'occasion de revoir ensemble le cadre juridique de la prise en charge des enfants orphelins entre le législatif et les contraintes actuelles. Il s'agissait, également, de remettre en question le cadre juridique du travail associatif. Pour ce faire, l'association «La Rose de l'Espoir» a invité des juristes tunisiens de renommée internationale. Nous citerons Me. Bel Hsan Bouhouch ou encore Me. Zied Ghouma. Etait, également, présente une pléiade de spécialistes, d'universitaires et d'académiciens spécialisés dans la prévention et le dépistage précoces des troubles et des problèmes d'apprentissage chez les enfants. Dans leurs allocutions, ils se sont focalisés sur la valeur de l'assistance neuropsychologique et éducative de l'enfant, spécialement, l'enfant orphelin et la reconstruction de sa personnalité. Qu'est-ce l'accompagnement psycho-éducatif de l'enfant et quelle réalité en Tunisie? Lors de cette journée de débats, les spécialistes de la santé psychologique de l'enfant ont expliqué à l'auditoire la notion de prévention neuropsychologique de l'enfant, notamment, celle de l'enfant orphelin qui, suite au traumatisme de la perte d'un parent, devient un être plus fragile, et donc, plus exposé aux troubles neuropsychologiques. Ce qu'il est important de retenir, c'est qu'il n'y a pas de cas types. Chaque cas d'enfant est complètement un cas à part, nouveau et original. Il est, par conséquent, impossible de catégoriser un sujet. Les résultats de l'examen neuropsychologique sur un enfant ne doivent en aucun cas être considérés par les rééducateurs, les pédagogues ou encore les neuropsychologues comme symptômes généralisés. Dans ce sens, les spécialistes mettent en garde contre le risque d'interprétations hâtives et réductrices en vue de nommer nonchalamment le résultat des examens ou pire encore, d'instrumentaliser ces résultats là à des fins mercantilistes, comme c'est le cas dans divers centres privés. Dans une des allocutions portant sur l'encadrement neuropsychologique et éducatif de l'enfant, une des spécialistes a expliqué : «Chaque association doit prendre en considération les difficultés de l'apprentissage dont fait l'objet l'enfant. Ces difficultés ont autant d'importance que les problèmes financiers et sociaux des enfants. Ces enfants doivent être traités au cas par cas. Ils ont beau appartenir à la même catégorie sociale, ont le même âge et semblent avoir les mêmes difficultés, ils ne doivent pas avoir le même traitement. Chacun des deux cas doit avoir un traitement spécifique aux difficultés et aux troubles qu'il présente.» La prévention précoce est obligatoire Sur le terrain, la réalité est malheureusement autre. Certes, le Grand Tunis a l'Institut Supérieur de l'Education Spécifique (sis à la Manouba) qui est un centre nanti d'une unité appelée «Unité de Prévention et de Réhabilitation». Il prend en charge les enfants présentant des difficultés et des troubles de l'apprentissage. Néanmoins, les unités régionales qui sont au nombre de 24 ne sont pas solidement équipées en termes de logistique, d'effectif et de spécialistes. Logiquement, chaque unité devrait avoir une équipe composée de psychologue, neuropsychologue, médecin, orthophoniste, éducateur spécialisé, ergothérapeute, kinéthérapeute et psychomotricien. Souvent, ces manquements ont des répercussions assez lourdes sur la santé des enfants. Les rendez-vous peuvent s'étaler très souvent sur 3 mois ou plus. Le personnel qui s'y trouve, est peu équipé, pas assez nombreux et souvent pas réellement spécialisés. Pourtant, la Tunisie regorge de compétences dans ce domaine. Les enfants habitant les zones reculées et qui ont des difficultés scolaires n'ont pas «l'opportunité» d'être encadrés et pris en charge convenablement. Quant aux enfants orphelins, le manque de suivi des cas qui sont en difficulté d'apprentissage ou présentant des troubles, est aberrant, selon les spécialistes. Les causes sont assez claires : les unités sont très loin des écoles, le manque de transport et les emplois de temps sont assez chargés pour permettre aux parents de ramener leurs enfants. Parfois, ces séances d'encadrement se font au détriment de la scolarité de l'enfant, ce qui va à l'encontre du principe-même de l'encadrement. Dans ce même contexte, les spécialistes lancent un appel aux parents dont les enfants présentent des troubles ou des difficultés d'apprentissage, de les ramener au centre de la Manouba le plus tôt possible. La prévention précoce et le dépistage à temps sont les clés de la guérison. Plus tôt l'enfant est pris en charge, mieux c'est. Au quotidien, ces experts se lamentent de l'inconscience parentale et le manque d'encadrement. Dans plusieurs cas, la prise en charge se fait assez tardivement, vers l'âge de 13 ou 14 ans. Dans ces cas, la médecine ne peut plus rien pour eux. Les difficultés qu'avait l'enfant peuvent se transformer en troubles d'apprentissage. Ce qui rend la guérison difficile voire chimérique.