Le contexte où naquit et vécut Mahmoud Kabadou, était celui d'une Tunisie où les droits de l'Homme était spoliés par les Beys surtout dans les régions éloignées où les Fellahs étaient pratiquement dépossédés de leurs terres s'ils ne se résignaient pas à payer la Mejba, une sorte de tribut devant pratiquement aller dans la caisse de l'Etat. Mais en réalité, c'était les Beys et les personnages véreux de leur cour qui en profitaient. Ce fut la raison pour laquelle, Ali Ben Ghédhahem se souleva en 1864, suite à la décision du Bey de doubler la Mejba de 36 à 72 piastres. Le cheikh Kabadou fut un éminent uléma zeïtounien dont le maître est l'éminent religieux et uléma connu qui s'est consacré à l'enseignement des principes de la théologie et de la religion islamique fondés sur les principes de tolérance et de bonté. Il s'agit de Sidi Brahim Riahi dont la Zaouia existe encore de nos jours à la médina du côté de la rue Bir Lahjar donnant sur le souk de Sidi Mehrez. Cela dit , ces ulémas tels que Mehrez Ibn Khalaf, ou Aboul Hassan Achadouli, étaient autant pieux que tolérant et n'hésitaient pas à aider les nécessiteux par tous les moyens. Ce fut la raison pour laquelle dans l'imaginaire populaire ils furent considérés comme des Saints, alors qu'ils sont d'éminents ulémas. Kabadou fut l'élève de Brahim Riahi, éminent penseur et réputé comme lui d'avoir été parmi les premiers zeïtouniens réformateurs en Tunisie. Il fut également le professeur d'éminents zeïtouniens réformateurs dont, Beyram V cité précédemment dans la présente rubrique que Mohamed Senoussi et tant d'autres. Le ministre réformiste Khéreddine recourait souvent à lui pour prendre conseil à chaque fois qu'il pensait entreprendre une réforme ou prendre une décision relative à une question religieuse. Il voyagea à Istanbul en Turquie et fit la connaissance d'un dignitaire religieux progressiste Seif Al Islam Âref Bey qui était favorable aux Tanzimat (réformes turques) Ahmed Bey 1er voulait à l'instar de l'empire ottoman turc, entre prendre des réformes. Il a été décoré par l'empire Ottoman de la médaille de Mouchir, une distinction militaire , et voulait donner bonne impression, bien que depuis Hussein Ben Ali, les beys prenaient de plus en plus leur distance avec l'empire ottoman devenu « l'homme malade » de l'Europe . Mais la conjoncture économique sous Ahmed Bey 1er laissait plus ou moins à désirer avec les malversations qui eurent lieu par certains ministres véreux. Le Bey ne voulait pas tout à fait rompre avec l'empire ottoman sur lequel il pouvait éventuellement compter. Il proposa à Mahmoud Kabadou un poste d'enseignant à l'école militaire du Bardo, en lui envoyant son représentant particulier à Istanbul qu'il chargea de lui transmettre cette proposition. Acceptant cette proposition, il rentra en Tunisie et occupa le poste de professeur de théologie et de langue arabe, durant plusieurs années. Ce fut à son initiative qu' Ahmed Bey institua une bibliothèque à la mosquée Ezzeïtouna, Baptisée Al Ahmadya et comportant d'importants recueils de théologie et de nombreux ouvrages de littérature arabe. Il continua de veiller à la mise en œuvre du programme de réformes entrepris par Ahmed, à, la mort de ce dernier, sous Mohamed et Sadok Bey et participa avec d'autres zeïtouniens réformistes tels qu'Ahmed Ibn Abi Dhiaf à l'élaboration du pacte fondamental. Il fut également magistrat ou Cadhi malékite au Diwan à l'époque, qui est un tribunal charaïque. Il réalisa un intéressant ouvrage sur la réforme de l'enseignement et participa à de nombreux journaux dont le journal tunsien de l'époque « Ar-rayed Ettounsi ». Elevé au rang d'éminent uléma, il fut parmi les zeïtouniens à l'esprit libre et réformiste qui préconisèrent la tolérance et la liberté de conscience.