« Une action violente est dénommée terrorisme lorsque ses effets psychologiques sont hors de proportion avec ses résultats purement physiques », c'est la définition déterminée par le sociologue et philosophe Français, Raymond Aron en parlant du terrorisme. Malheureusement, cette définition est valable pour la Tunisie ces derniers jours. Longtemps sous estimé et ignoré par les décideurs qui se sont succédé au pouvoir lors des trois dernières années, le phénomène du terrorisme sévit en Tunisie. Le bilan des morts et des blessés s'alourdit et laisse les Tunisiens dans le désarroi, la tristesse, l'angoisse, le deuil. Objectif atteint ? Pas vraiment. Les Tunisiens ont exprimé leur position par rapport à ce problème. Ils refusent d'ailleurs, d'être en deuil, de pleurnicher face à un phénomène qu'il faut éradiquer. En commettant leur acte à Henchir Ettalla, au Mont Châambi le 16 juillet, les terroristes sont à la recherche d'un impact psychologique supérieur même à l'impact militaire. Ils ont a priori atteint leur objectif, vu les dégâts humains. Ils voulaient certes, transmettre un message au peuple et à leurs sympathisants, pour démontrer qu'ils sont capables de commettre des actes inhumains. En fait, le terrorisme utilise les médias et les différents canaux de communication (réseaux sociaux, Internet...) pour faire connaître son crime. Les terroristes considèrent également les médias comme des armes utilisables en amont et en aval, d'où la grande responsabilité des journalistes en cette phase sensible. Et les médias ? En fait, le terroriste tente d'occuper les Unes des médias, les plateaux télévisés et les débats. Il les utilise pour faire peur, semer la terreur et la crainte auprès des responsables au pouvoir ainsi que chez les simples citoyens. Face à cette situation, les professionnels des médias ne doivent pas tomber dans ce piège et rendre service à ces terroristes en relatant des images qui leur font de la publicité ou de la propagande. Ces terroristes utilisent également, les médias pour faire écho et recruter les nouveaux ou les futurs adeptes. D'où la double responsabilité des professionnels surtout juste après les actes commis. Généralement, la logique de la représentation et de l'image est très importante dans ces actes. Les terroristes qui veillent à leur image veulent se faire passer pour des héros. Ils montrent un certain visage, mais ils fonctionnent différemment certes. Ils sont d'ailleurs dans la logique de la mise en scène analysée par le sociologue Erving Goffman. Ces criminels profitent de l'absence du « public », qui est dans ce cas le peuple sombrant dans la tristesse et le deuil pour mettre au point les derniers réglages et surtout savourer ses réalisations inhumaines. En effet, les médias ont un grand rôle à jouer pour ne pas faire tomber l'opinion publique dans la terreur et la tristesse. Il importe de relater aux auditeurs et aux récepteurs des messages positifs pour les aider à surmonter cette épreuve dramatique. Il faut, surtout transmettre un message aux terroristes, en leur faisant comprendre qu'ils sont incapables d'atteindre leurs objectifs. Les responsables au pouvoir Idem pour les responsables de l'armée qui se prononcent dans les médias. Ils doivent prouver qu'ils sont de vrais acteurs. Ils doivent agir en restant maîtres de leurs expressions, de leurs grimaces, de leurs gestes...car certains actes commis par inattention ou par ignorance risquent d'être incompatibles avec la situation. Erving Goffman appelle cela « maladresse ». Le sociologue considère que l'acteur qui commet « une maladresse », non seulement « se discrédite lui-même, mais en plus de cela risque de discréditer toute son équipe ». Aucun membre du « public »-qui est dans ce cas le terroriste- ne doit entrer dans les coulisses des responsables au pouvoir et de l'armée. Il ne doit pas voir quelque chose qui n'est pas conforme à la représentation de l'image que nous avons de la principale structure de sécurité nationale. D'ailleurs, Goffman appelle cela « intrusions intempestives ». Ces intrusions intempestives risquent de dévoiler certains secrets de « l'acteur » et peuvent le mettre dans l'embarras. Malheureusement, tous ces actes ont été commis lors des trois derniers jours par différents responsables au pouvoir. Ceci a été certes, commis involontairement par des « faux-pas », des « gaffes », ou des « bourdes » comme le dit bien Erving Goffman dans la Mise en Scène de la Vie Quotidienne : La présentation de soi.