L'opération d'inscription sur les listes électorales, obligatoire pour glisser son bulletin dans l'urne le jour du vote, s'est accélérée depuis l'attaque terroriste qui s'est produite dans la nuit de mercredi à jeudi à Henchir Talla, sur le mont Chaâmbi, faisant 15 morts et 23 blessés parmi les soldats. Membre de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), Riadh Bouhouch, a confirmé que la résurgence du terrorisme alors que les élections approchent à grands pas (les législatives sont prévues le 26 octobre, la présidentielle le 23 novembre) a donné un sérieux coup de fouet aux inscriptions sur les listes électorales. «Depuis le 17 juillet, nous enregistrons plus de 20.000 nouvelles inscriptions par jour, contre une moyenne de 10.000 à 12.000 inscriptions par jour auparavant », précise-t-il. Et d'ajouter : «Durant la nuit du mercredi à jeudi marquée par l'attaque terroriste ayant fait des victimes et des blessés parmi les soldats sur le mont Chaâmbi, 12.000 nouvelles inscriptions ont été enregistrées». Selon un bilan arrêté au vendredi 18 juillet, le nombre total des nouveaux inscrits s'est élevé à 388.000 personnes. D'autre part, quelque 3,2 millions de personnes déjà inscrites sur les listes électorales depuis 2011 ont consulté ou actualisé leurs bureaux de vote par téléphone ou au niveau des bureaux de l'ISIE. A la date du 17 juillet, la répartition des nouveaux inscrits par tranche d'âge fait ressortir que ce sont les jeunes âgés d'entre 18 et 30 ans qui tiennent le haut du pavé avec 58%, suivis par les personnes âgées d'entre 41 et 50 ans (19%), et les électeurs âgés appartenant à la tranche d'âges 51-60 ans (14%). Malgré la relative augmentation des inscriptions enregistrées ces derniers jours, le rythme des inscriptions reste faible alors qu'il reste à enregistrer près de la moitié d'un corps électoral estimé à huit millions d'électeurs potentiels sur une population totale de près de 11 millions d'habitants. Plusieurs partis politiques et associations spécialisées dans le suivi du processus électoral, ont fait assumer la responsabilité de ce taux très faible d'inscription sur les listes électorales à la nouvelle ISIE présidée par le juriste Chafik Sarsar. Ainsi, le président de l'Association tunisienne pour l'intégrité et la démocratie des élections (ATIDE), Moez Bouraoui, a brocarde la limitation des inscriptions à l'horaire administratif alors que la majeure partie de l'opération d'inscription des électeurs se déroule durant le mois du Ramadan, l'absence de bureaux de l'ISIE dans certaines régions et la réduction du budget réservé à cette campagne de quelque 3,5 millions de dinars à 1 million de dinars seulement. M. Bouraoui est allé jusqu'à accuser explicitement l'ISIE de vouloir garder un paysage politique identique à celui qui est apparu au lendemain des élections du 23 octobre, vu que le faible taux de participation sert toujours les intérêts des grands partis structurés et capables de mobiliser leurs militants à l'instar du mouvement islamiste Ennahdha. L'ISIE estime, cependant, ne pas avoir lésiné sur les moyens: en plus des agents dans les mairies, des bureaux spéciaux, des campagnes d'affichage et des spots télévisés, elle a par exemple installé des bureaux mobiles dans des rues et des supermarchés pour permettre aux Tunisiens de s'inscrire en faisant leurs courses. Le président de l'instance, Chafik Sarsar, a déploré un «grand phénomène d'abstention», dû selon lui à «la déception» ressentie par les Tunisiens vis-à-vis de la politique. Des voix se sont élevées, comme celle de l'ex-Premier ministre Béji Caïd Essebsi, pour réclamer la prolongation du délai prévu pour les inscriptions. Cette question a été d'ailleurs au centre de la séance du dialogue national tenue vendredi, en présence de M. Sarsar, qui n'a pas écarté l'éventualité de prolonger les délais d'inscription.