L'exposition photographique « Regards posés. Hammams de la Médina de Tunis » se tient jusqu'au 30 juillet au Palais Kheireddine. Organisée par l'Association L'Mdina Wel Rabtine (La Médina et ses deux faubourgs), en partenariat avec la Maison de l'image, les œuvres exposées évoque les hammams menacés de disparition du fait qu'ils ne sont plus beaucoup fréquentés. 17 photographes tunisiens et étrangers participent à cette exposition. Les clichés ont été réalisés entre novembre 2013 et avril 2014, dans 18 hammams historiques de la vieille ville. Ils reproduisent un univers en voie d'extinction avec ses spécificités architecturales et sociales. Installation d'un hammam Parmi les œuvres présentées, celle de Patricia Triki est une installation qui reconstitue toute l'ambiance du bain maure qui caractérise la médina de Tunis. Divers objets sont répartis çà et là : petits miroirs dorés, kanoun, kob kab, fouta, les portraits des anciens maîtres des lieux, le calendrier arabe, le transistor détraqué des années 50 etc. La dessinatrice brésilienne Aline d'Alva s'incruste dans cet univers en rajoutant une note d'humour à l'installation. Pour sa part, la photographe Rania Dourai a réalisé des portraits attendrissants de harza, de tayyeb (masseur) et de propriétaires de hammams. Des visages marqués par les vapeurs des bains et des années d'effort physique qu'exigent les massages. Souvenirs de « Halfaouine » Arnaldo Genitri explore, quant à lui, Hammam Remimi, fermé depuis dix ans. Un lieu en ruine absolument surréaliste qui en dit long sur la situation réelle des hammams autrefois lieu de vie et d'agrément. Non loin, Mahdi Chaker retourne au Hammam Saheb Ettabaa, célèbre depuis les scènes filmés dans « Halfaouine » de Ferid Boughedir. Le bleu profond donne un caractère nostalgique à cet espace de souvenance. Hichem Driss a choisi de photographier Hammam Tammarine construit selon un style ottoman. C'est surtout sa mezzanine exceptionnelle en bois peint en bleu qui a retenu l'attention du photographe. Ce dernier a mis en exergue la sobriété du lieu. Tout comme Marianne Catzaras qui s'est intéressée au hammam Sidi Sandel fermé depuis 2007. Inspirée d'Ingres Aglae Bory s'est inspiré de l'œuvre picturale « la baigneuse » d'Ingres. Une femme de dos se fait épiler les jambes au Hammam Sidi Sahby, à la rue du Pacha. L'image peut paraitre un stéréotype mais n'est pas moins intéressante et reflète la beauté de la composition. Cette exposition contre l'oubli fait revivre des hammams qui étaient au nombre de 50 jusqu'au 19e siècle dans la Médina de Tunis et qui ne sont plus aujourd'hui que 26 qui résistent encore face à la modernité ambiante.