L'Institut des Cultures d'Islam à Paris a donné jeudi dernier le coup d'envoi du cycle «TunICIe» qui s'étalera sur un semestre comprenant plusieurs volets : Exposition «Hammam de la Médina de Tunis» (du 11 au 3 avril), exposition «Effervescences» ainsi que des spectacles, littérature, cinéma et ateliers jusqu'au 14 août 2016. Le cycle «TunICIe» organisé par l'Institut des Cultures d'Islam met à l'honneur la Tunisie pendant un semestre. Le cycle a débuté jeudi dernier avec le spectacle «Hammam Mix» avec l'artiste tunisienne Wafa Ben Romdhane, Khalil Hentati et des musiciens qui ont concocté spécialement pour l'architecture souterraine des bains de l'ICI une performance portée par une réflexion sur le patrimoine et la modernité. Une expérience visuelle et sonore unique dans le hammam de l'Institut des Cultures d'Islam qui va de pair avec l'exposition de photographies Regards posés : «Hammam de la Médina de Tunis» des photographes confirmés tunisiens et français dont nous citons : Mohamed Amine Abassi, Sophia Baraket, Aglaé Bory, Hamideddine Bouali, Marianne Catzaras, Mahdi Chaker, Ness Cheikh-Ali, Chehine Dhahak, Rania Dourai, Hichem Driss, Arnaldo Genitrini, Pol Guillard, Yassine Hakimi, Max Jacot, Arthur Perset, Jacques Pion, Anna PuigRosado, Aziz Tnani et Patricia K.Triki Cette exposition est organisée avec l'association L'Mdina Wel Rabtine et Actions citoyennes en Médina. Le choix d'un cycle consacré à la Tunisie est légitime d'après Jamel Oubechou, président de l'Institut des Cultures d'Islam à Paris : «...Parce que dans ce pays si proche, un peuple se bat pour trouver les voies de sa démocratie, parce que des femmes et des hommes y combattent au quotidien pour construire une société où le choix ne se résume pas à la dictature islamiste ou la dictature mafieuse, parce que, par leur courage, dans leur opiniâtre constance, ils nous montrent la quête d'une société meilleure qui n'en soit pas moins libre, parce que vers la Tunisie se portent les regards de tant de femmes et d'hommes du monde arabe et musulman, parce que les femmes de Tunisie et les hommes aussi, pour toutes ces raisons et tant d'autres, nous rendrons hommage au patrimoine de ce pays et à sa jeune création» et d'ajouter : «Au patrimoine, si précieux, qui nous ramène à une histoire et des identités ouvertes, multiples, humaines, celles que les destructions de Palmyre, Hatra et autres cherchent à dissoudre dans une identité univoque, figée, imposée. Au patrimoine en danger, qui nous parle de nous et de plus que nous... Alors que les hammams de la Médina de Tunis disparaissent, et avec eux un ensemble de rites sociaux, de pratiques, de croyances, de professions, l'exposition Regards posés. Hammams de la Médina de Tunis nous donne à voir et nous interroge sur ces lieux, sur les mémoires qui les habitent, la société qui les voit disparaître». Cette exposition photographique s'inscrit dans le cadre d'un projet original de mobilisation citoyenne pour la sauvegarde des bains historiques de la Ville de Tunis, lancé par l'association L'Mdina Wel Rabtine, Actions Citoyennes en Médina. La résidence photographique préalable à l'exposition a été menée en partenariat avec la Maison de l'Image, avec le soutien de l'Institut français de Tunisie et de l'ambassade de Suisse en Tunisie. Des courts-métrages ont été réalisés, également, par les étudiants de l'Ecole nationale d'architecture et d'urbanisme de Tunis. Une conférence sur la sauvegarde des hammams est programmée en ce sens le 17 février, avec la présence de Nada Al-Hassan, responsable au centre du Patrimoine mondial de l'Unesco. Après le concert acoustique du jeune violoniste Jasser Haj présenté vendredi soir au hammam de l'ICI, la programmation continue avec une conférence toujours sur le thème du Hammam mais cette fois-ci elle portera sur la thématique «des représentations du hammam dans le cinéma arabe». L'exposé aura lieu le jeudi 18 février et sera donné par May Telmissany, universitaire égypto-canadienne et spécialiste du cinéma moyen-oriental, qui tentera de montrer comment les réalisateurs se sont inspirés de cet environnement intime pour aborder les hommes et les femmes dans un espace à mi-chemin entre lieu privé et lieu public. Une projection du film «Halfaouine» (l'enfant des terrasses) de Ferid Boughedir, suivie d'un débat, aura lieu le 10 mars prochain. Les photographies du «Hammam de La Médina de Tunis» cèderont la place à une exposition en art contemporain intitulée «Effervescence» et aura lieu du 14 avril au 14 août. L'exposition est assurée par Michket Krifa, spécialiste en arts visuels du Maghreb et du Moyen-Orient. Tout au long de ces deux expositions, une programmation entièrement tunisienne prendra place dans les deux bâtiments de l'ICI avec de nombreux rendez-vous en arts de la scène, littérature, cinéma et ateliers. Pour les plus jeunes, l'ICI propose un « ciné-goûter » avec les projections des courts-métrages Peau de colle de Kaouther Ben Hania, et Sabbat El Aid d'Anis Lassoued, le 20 février. Durant la deuxième semaine de vacances, du 29 février au 4 mars, les parents pourront participer avec leurs enfants à la masterclass de Dorsaf Hamdani. La chanteuse proposera une initiation au chant arabe classique afin de voyager en chansons de Tunis à Paris, en arabe et en français. En parallèle aux masterclass, des ateliers culinaires sont au programme pour apprendre à faire ses propres gâteaux tunisiens les samedis 13 et 26 mars. Enfin, rappelons que le parrain de la programmation «TunICIe» est Bertrand Delanöe, ancien maire de Paris. Aujourd'hui à la retraite, il continue de faire la promotion de son pays natal, comme il l'avait fait l'an dernier en lançant sur le net l'opération «Tunisie moi j'y vais». «Les images qui nous parviennent de Tunisie nous montrent souvent un pays endeuillé, frappé par le terrorisme, en désarroi. Ce qu'elles ne montrent que trop rarement est la force du peuple tunisien qui, refusant les sirènes de l'autoritarisme, s'efforce de construire une société plus juste, plus digne, plus démocratique», témoigne-t-il dans le dossier de présentation du cycle de l'ICI.