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L'invité du Dimanche : La polémique suscitée par le feuilleton « Naouaret Lahoua », autour du trafic d'organe.. Hafedh Mestiri, directeur général du Centre national pour la promotion de la transplantation d'organes (CNPTO).. « La Tunisie dispose de plusie
Publié dans Le Temps le 10 - 08 - 2014

L'un des thèmes qui se sont greffés à ceux du terrorisme et la cherté de la vie qui animaient les soirées ramadanesques, c'était le trafic d'organes évoqué par le feuilleton « Naouret lahoua ». C'était de l'info ou de l'intox ? L'opinion publique penchait plutôt vers la première thèse d'autant plus qu'elle s'est habituée à la rumeur au temps de l'ancien régime, quand les médias étaient muselés. Mais, est-ce que la situation à ce niveau s'est améliorée depuis? Ce n'est pas ce que pense notre invité qui estime que les médias qui ont repris et commenté la problématique n'ont pas procédé à des investigations autour celle-ci. Il reproche également au réalisateur de cette œuvre dramatique de ne pas s'être renseigné sur la question auprès de leur centre, soulignant qu'il ne faut pas privilégier l'audimat et le sensationnel aux dépens de la vérité. Il est vrai qu'une idée présentée par le biais d'un travail artistique imprègne les gens beaucoup plus facilement et plus profondément que lorsqu'elle est donnée comme une simple information. Cependant, les responsables du centre ne sont pas exempts de tout reproche, loin s'en faut, ils assument leur part de responsabilité vis-à-vis de l'ébruitement de cette rumeur, puisqu'ils n'ont pas fait grand-chose pour l'arrêter et éclairer la situation bien qu'ils se plaignent du peu d'espace que les médias leur ont accordé pour s'exprimer. En fait, cette réaction timide s'explique, essentiellement, par l'absence d'une structure de communication. Une défaillance que le centre compte réparer dans les jours qui viennent en collaborant avec le département de communication de l'IPSI.
-Le Temps : apparemment, le feuilleton « Naouret lahoua » a fait du tort à votre Centre en suscitant une polémique autour du trafic d'organes.
-Dr Mestiri : personnellement, en tant que directeur du CNPTO, je ne me plains pas de la diffusion du feuilleton en lui-même, chacun est libre de diffuser ce qu'il veut. C'est une œuvre culturelle et artistique qu'on doit respecter. Seulement, cela a suscité une énorme polémique relativement au prélèvement d'organes et à leur transplantation en Tunisie qui ont été assimilé à un trafic d'organes, or ces activités datent de plusieurs années, dans notre pays où on a procédé à la première greffe rénale en 1986. Depuis, plus de 1500 personnes ont été greffées grâce à nos hôpitaux, à l'activité de nos médecins et à notre organisation de cette dernière. Et je pense que le fait d'avoir diffusé ce feuilleton pendant cette période sensible et particulière, qu'est en l'occurrence le mois de ramadan, où l'audimat est élevé, constitue plus un ravage pour la dite activité qu'une transmission d'un message relatif à la destruction, pour la première, d'un tabou, qu'estle trafic d'organes dans le pays, comme le dit le producteur du feuilleton. Il aurait été plus utile pour la société tunisienne de lui expliquer ce que c'est que le trafic d'organes, de vérifier s'il existe réellement en Tunisie et de voir surtout comment on pourrait, éventuellement, le prévenir. J'aurais aimé que le producteur et le scénariste du feuilleton soient venus au centre pour voir comment les choses se passent et on leur aurait expliqué comment le prélèvement se fait et comment les organes sont attribués
-Et qu'est-ce que vous avez fait, en tant que CNPTO, au niveau médiatique pour contrecarrer le message préjudiciable de l'œuvre dramatique et éclairer l'opinion publique sur la réalité de la situation?
-On a essayé de sortir des communiqués dans lesquels on demandait des droits de réponse. Cependant, vous savez très bien que quand il y a un feuilleton qui est diffusé pendant ce mois saint à des heures où l'audimat est le plus important, nous ne sommes pas à armes égales, étant donné que sa diffusion est très étendue, alors que nous, nous n'avons bénéficié que de quelques minutes d'intervention dans des médias à des heures de faible audience. Cela nous met en position de faiblesse, car dans ces conditions désavantageuses, on ne peut pas montrer aux Tunisiens que ce trafic n'existe pas et qu'il faudrait faire en sorte qu'il n'apparaisse pas en Tunisie. Et la meilleure façon de prévenir cela c'est de faire confiance à nos institutions, notre loi, notre réglementation, et d'essayer d'améliorer les choses. Les Tunisiens devraient être solidaires entre eux en étant favorables au don d'organes, parce que les malades qui sont en attente s'ils trouvaient des donneurs en Tunisie, ils ne feraient pas recours à des pays étrangers pour en acheter avec des millions en toute illégalité et en se faisant traiter dans des conditions de sécurité qui ne sont pas garanties.
-Doit-on comprendre par là que vous étiez lésés par les médias?
-Mes reproches s'adressent plutôt à ceux parmi eux qui ont divulgué les commentaires à la suite du feuilleton. Je leur reproche un manque de responsabilité en soutenant que le trafic d'organes existe, en diffusant la suspicion d'irrégularité et d'illégalité autour de tout ce qui est transplantation d'organes en Tunisie. Nous avons eu des familles qui ont autorisé qu'on prélève d'organes de leurs défunts, parce que, justement, ils ont vu les réactions qui ont suivi la diffusion du feuilleton. Cela pourrait détruire tout un édifice qui était construit d'année en année grâce aux sacrifices de nombreuses personnes, de professionnels qu'ils soient médecins, cadre infirmier, législateur ou homme d'étique, et aussi des médias, étant donné que plusieurs d'entre eux ont participé à la diffusion de la culture de don d'organes en Tunisie. Il ne faudrait pas que tout ce qui a été fait d'édifiant dans ce pays soit détruit simplement par la recherche d'un audimat et du sensationnel. Nous sommes dans une période qui est assez fragile où les Tunisiens doivent avoir confiance dans leurs institutions tout en ayant le droit de réclamer qu'on les éclaire sur la façon dont les choses sont faites et organisées. Ils sont en droit de demander des explications, mais il ne s'agit pas de mettre en doute des choses qui sont là depuis des années, qui fonctionnent et qu'il faudrait améliorer.
-Quels sont les facteurs qui favorisent l'apparition du trafic d'organes dans un pays?
-Il faut savoir que la transplantation d'organes est une méthode thérapeutique qui a fait ses preuves depuis plusieurs années, puisqu'elle a permis, réellement, de guérir et d'augmenter la survie des patients qui sont atteints d'insuffisance d'organes. Les succès de la transplantation ont fait que la demande a augmenté, ce qui a engendré un déséquilibre entre la demande de greffons et le nombredisponible de ces organes qui ne peuvent provenir que d'organismes décédés ou vivants lorsqu'ils ne mettent pas la vie des donneurs en danger. Donc, ce pouls d'organes est, actuellement, beaucoup trop faible par rapport au nombre de malades qui attendent ces organes-là. C'est le facteur le plus important dans l'éclosion de ce trafic d'organes. L'autre facteur c'est l'absence de tout cadre législatif spécifique au prélèvement et à la transplantation d'organes.
-Est-ce que la Tunisie a prévu des moyens pour faire face à ce trafic?
-Heureusement que notre pays a su, dès le départ, mettre en place les moyens de lutte contre ce trafic, et ce par le biais de la loi 22-91 qui fixe tous les critères éthiques et législatifs du prélèvement, de la conservation, du transport et de la greffe d'organes. En plus de ce cadre législatif, la Tunisie s'est dotée, dès 1995, d'un Centre national pour la promotion de la transplantation d'organes qui a pour mission de veiller à ce que les procédures du prélèvement, de la conservation, du transport et de la greffe d'organes soient conformes aux normes internationales. L'autre mission de ce centre consiste à proposer toutes les formes législatives et éthiques qui vont avec cette activité-là. Donc, ce cadre législatif et cette organisation des soins, de prélèvement et de greffe d'organes constituent un rempart qui, certes, peut être vaincu, mais c'est comme même un rempart qu'on est tous tenus de renforcer. On est appelés à faire confiance à nos institutions, comme je l'ai précisé plus haut, et la meilleure façon de lutter contre ce trafic d'organes c'est de pousser les gens à être solidaires entre eux. Car chacun d'entre nous peut avoir besoin d'un organe un jour ou l'autre durant sa vie, chacun d'entre nous peut voir l'un de ses enfants nécessiter un organe, une cornée, un tissu ou une cellule carrément. Cette solidarité devrait être bâtie sur la confiance et la transparence par des professionnels, des organisations, des législateurs et la société. Chacun de nous à une part de responsabilité à assumer dans cette entreprise.
-Selon quels critères sont attribués les organes dans votre centre?
-Avant d'évoquer cette question relative à l'attribution, j'aimerais parler du prélèvement. Il se fait selon deux procédés, soit un donneur cadavérique, soit sur un donneur vivant. Et en Tunisie, la loi est assez stricte, à ce propos, vu qu'elle n'autorise le prélèvement qu'à un individu ayant des liens de parenté ou par alliance avec le receveur, en ce sens qu'on ne peut pas donner un rein à quelqu'un qui n'en a pas avec le donneur. Cette condition est conçue dans le but d'éviter toute opération commerciale entre les deux parties, étant donné que le don d'organes est un acte noble de solidarité. Et toutes les institutions internationales d'éthique et même l'OMS insistent sur le fait que cette opération doit être tout à fait volontaire. Donc, c'est à partir d'un donneur cadavérique ou un donneur vivant que l'établissement autorisé par le ministère de la santé pourra prélever.
-Quels sont ces établissements hospitaliers qui sont autorisés à procéder au prélèvement d'organes?
-En Tunisie, il n'y a que certains établissements publics qui peuvent prélever et transplanter, c'est-à-dire qu'aucun établissement qui n'a pas d'autorisation de la part du ministère de la santé publique ne peut pratiquer ni l'une, ni l'autre de ces deux opérations. Ensuite, lorsqu'il y a un donneur potentiel, et en particulier un donneur cadavérique, le CNPTO se déplace pour vérifier que ce dernier est bien décédé et que les organes qui pourront être prélevés soient sûrs quant à leur fonctionnement et à l'absence de toute maladie potentiellement transmissible à l'organisme qui va être greffé. Et une fois qu'on s'est assuré de cela, on demande à la famille, quand il n'est pas faitmention sur la carte d'identité nationale que le défunt est donneur, l'autorisation ou le consentement pour le prélèvement d'organes. Si la famille refuse, on arrête là, bien entendu, tout le processus, si elle consent à ce qu'on prélève les organes, à ce moment-là, on introduit tous les paramètres du donneur dans un logiciel qui existe au niveau du centre. Et ce logiciel comprenant les paramètres codifiés va nous donner une liste des malades classés par priorité, en nous précisant à qui l'organe peut être transplanté.
-En quoi consistent ces paramètres?
-Ils sont, purement, médicaux où n'interviennent ni l'ethnie, ni le sexe, ni l'âge. On fait prévaloir la compatibilité tissulaire, la compatibilité du groupe sanguin, la date d'inscription sur la liste d'attente, parce que plus le malade attend, plus il est prioritaire. Il y a également d'autres critères comme, par exemple, l'accès au sang ou la possibilité pour le malade de pouvoir faire ses séances d'épuration extrarénale ou pas. Lorsqu'on sait que ce dernier n'a pas suffisamment de voies par lesquelles on pourra faire cette épuration, il devient un malade urgent. Il s'agit là de critères objectifs, scientifiques, médicaux et qui sont, régulièrement, révisés par le centre avec le comité d'experts de la commission reins qui siège au sein du CNPTO. C'est elle qui fixe les critères d'attribution des organes qui sont contenus dans un logiciel, et il n'y a aucune intervention possible de quelque personne que ce soit. Le centre veille à ce que cela continue à fonctionner de cette façon-là, en interdisant aux équipes qui greffent d'intervenir à aucune étape de ce processus. On les appelle pour leur dire votre malade nommé un tel qui a un rein, un cœur ou un foie, et puis, on met à leur disposition ces organes-là, en ce sens qu'ils ne peuvent pas choisir le malade qui doit être greffé.
-Est-ce que ce sont le cadre juridique et le centre de transplantation qui existent en Tunisie et qui font défaut dans les pays étrangers qui encouragent certains Tunisiens à se rendre dans ces derniers?
-Effectivement, car un pays comme l'Egypte, à titre d'exemple, a une législation mais qui n'est pas spécifique au prélèvement et à la transplantation d'organes, elle n'a pas d'organisation nationale qui ne s'occupe que de cela. Il s'agit là d'un des moyens de contrôle et de prévention potentiels contre le trafic d'organes. En Tunisie, aucun établissement privé n'est autorisé à faire de prélèvement, ni de transplantation d'organes, c'est-à-dire que si un malade, un parent ou une famille de malade, un infirmier, un médecin s'aperçoivent qu'une clinique est en train de pratiquer ces activités, ils savent tout de suite que cette clinique est en train de faire du travail clandestin, d'enfreindre la loi, puisque ces activités ne peuvent se faire que dans des établissements publics autorisés à le faire. D'autre part, une fois que la transplantation a été faite, il y a un suivi qui est fait à vie par le médecin spécialiste, ce qui fait que lorsque celle-ci est faite clandestinement, on va se rendre compte, tout de suite, que cette opération n'était pas faite dans un établissement public autorisé. Donc, il y a, en Tunisie, des moyens de contrôle et de prévention que nous devons renforcer. La légalité sous-tend la sécurité, si on veut des organes sûrs pour nos malades, il faut promouvoir la solidarité pour le don d'organes.
-Qu'est-ce qui empêcherait qu'un trafic d'organes ait lieu dans des lieux de fortune qui ne soient pas aménagés pour pratiquer ces activités de prélèvement et de transplantation?
-Dans l'absolu, rien n'empêche qu'il y ait de telles opérations clandestines, mais cela demande des moyens énormes. Une opération de prélèvement nécessite la présence de plusieurs chirurgiens, un anesthésiste réanimateur avec ses infirmiers et ses techniciens, un bloc aménagé, cela fait déjà une dizaine de personnes, voire plus. Il faut envoyer des prélèvements au laboratoire, pour déterminer le groupe sanguin et le groupe tissulaire pour être sûr que cet organe n'a pas de maladie transmissible, et à des laboratoires de bactério, de microbio, etc. Cela fait une autre dizaine d'intervenants, ce qui ramène le nombre total à vingt, trente personnes. D'autre part, il faut des chirurgiens compétents, car ce n'est pas n'importe lequel qui va pouvoir faire un prélèvement d'organes, et étant donné qu'en Tunisie il y a une dizaine de centres autorisés, le nombre de ces compétences est forcément limité. Ensuite, on utilise des produits spécifiques au prélèvement que seule la pharmacie centrale est habilitée à importer, ce qui veut dire qu'on a la traçabilité de ces produits-là, on sait comment ils sont utilisés, par qui. Donc, tous ces moyens constituent un rempart contre le trafic d'organes.
-Mais le prélèvement et la transplantation d'organes ne pourraient pas se pratiquer dans des lieux privés aménagés pour ce trafic?
-Il faut savoir que les organes prélevés doivent être conservés et que le délai de cette conservation n'est pas assez important. Sachez que le cœur doit être transporté dans les quatre/six heures, le foie, dans les dix/douze heures, le rein dans les vingt quatre heures, ce qui laisse très peu de possibilité. Pour re-transplanter à côté, il faut une autre infrastructure, une autre organisation et des moyens très importants qui n'existent pas en Tunisie même dans les cliniques où cette activité est quotidienne et régulière ne peuvent pas pratiquer cela très rapidement. Donc, il faut des centres spécialisés et autorisés pour pouvoir procéder à de telles opérations, nous sommes comme même un petit pays où tout se sait. C'est pour cela que les cas qu'on nous cite n'ont jamais été confirmés, et s'il y a des preuves, je ne demande qu'à voir, que de donner ces dossiers-là à la police et à la justice pour qu'ils soient traités, parce qu'on est là pour veiller à ce qu'il n'y ait pas de trafic d'organes.
-Alors, vous reprochez aux médias d'avoir divulgué des données non fondées?
-Je pense que le travail réalisé par les médias est très important. Je suis contre toute forme de censure, bien au contraire, tousles tabous doivent être percés. Et si aujourd'hui il y a des doutes et un manque de transparence, c'est parce que justement les médias étaient bâillonnés. Ce que je leur demande c'est de faire un travail qu'ils ont appris dans leur formation, à savoir un travail d'investigation, d'aller au fond des choses, enquêter pour vérifier s'il y a eu réellement ce trafic, citer les cas et les montrer à la police, à la justice et les dénoncer auprès de la société. Les médias doivent être responsables de leurs actes, car quand on annonce quelque chose de faux, il est retenu et même le démenti ne pourrait pas l'effacer. Le mal est déjà fait. Les médias devraient présenter faire un travail qui puisse être utile à la société, un travail d'information et d'éducation.
-Vous ne voyez pas qu'il existe un problème de communication au niveau de votre centre?
-C'est vrai que nous ne disposons pas d'un service de communication, d'ailleurs, cette défaillance existe même au sein du ministère de la santé. Cependant, ne CNPTO va essayer d'initier une action de vulgarisation par le recrutement d'un communicateur professionnel. Il sera chargé de promouvoir la culture du centre qu'est le don d'organes dans la société tunisienne et dans le monde professionnel, aussi bien au niveau de la profession de la santé qu'au niveau, par exemple, du ministère de l'intérieur, car on trouve des difficultés à faire passer le message dans les commissariats, où les agents de police voient, souvent, de mauvais œil le fait qu'un citoyen demande que l'expression « donneur » soit inscrite sur sa carte d'identité nationale. Il y a beaucoup de travail de sensibilisation à faire.
-Est-ce que vous avez établi une coordination avec l'IPSI en vue d'améliorer la communication au niveau du CNPTO?
-Effectivement, nous entretenons des rapports importants avec cet institut et en particulier avec le département de communication. On déjà institué une journée de sensibilisation concernant le don d'organes, et nous recevons régulièrement des stagiaires qui viennent faire des mémoires de stage. Nous comptons étendre cette collaboration à d'autres structures de santé et nous espérons faire un partenariat avec l'IPSI pour organiser la communication relative au don d'organes au niveau du CNPTO. C'est lui qui va nous aider à mettre en place ce service de communication dont je parlais.
F .K.


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