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Le trafic d'organes ... parlons-en !
Opinions


Par Pr Hafedh Mestiri
La diffusion du feuilleton ramadanesque sur la chaîne nationale « Naouret el hawa » a eu au moins le mérite d'avoir suscité de nombreuses réactions parmi les différentes franges de la société ! Des réactions provenant de personnes aux opinions arrêtées qui s'érigent souvent en « élite », partagées entre déni et confirmation. Les premières réfutent catégoriquement et dénoncent la programmation même du feuilleton. Les deuxièmes soutiennent mordicus que le trafic d'organes est une réalité en Tunisie, s'appuyant sur les rares cas rapportés par la rumeur, même s'ils n'ont jamais été confirmés.
Et puis, il y a la très grande majorité de la population qui observe, qui s'interroge sur un phénomène à peine effleuré dans les médias étrangers, basé essentiellement sur des témoignages, sans statistiques précises, plus ou moins reconnu par les pays régulièrement signalés par les organisations des droits de l'Homme et repris maintes fois, dans de nombreux rapports, par l'Organisation mondiale de la santé et le Conseil de l'Europe.
Dans tous ces rapports, publiés et consultables en libre accès sur les sites web officiels de ces organisations, jamais la Tunisie n'a été citée ne fusse que pour un cas anecdotique dans le trafic d'organes.
Bien au contraire, elle a souvent été prise en exemple, comparativement à de nombreux pays, même parmi les plus développés, pour l'encadrement légal et l'organisation dont bénéficie l'activité de prélèvement et de greffe d'organes et de tissus. La Tunisie participe activement à l'échelle internationale, depuis de nombreuses années, aux réunions et à l'élaboration de résolutions sur le trafic d'organes.
La traite de personnes à des fins de prélèvement d'organes est actuellement le terme consacré au trafic d'organes. Elle désigne l'exploitation de personnes contraintes, par nécessité ou par force, à donner des organes à des fins de transplantation. Il s'agit d'une activité clandestine organisée par de véritables réseaux mafieux, sévissant au-delà des frontières des pays. Les receveurs sont généralement des personnes riches ou soutenues par leur gouvernement ou par des compagnies d'assurances privées. Les victimes sont invariablement pauvres, souvent sans emploi et d'un faible niveau d'instruction, ce qui les rend vulnérables à la tromperie quant à la nature de la transaction et de ses conséquences potentielles. C'est un phénomène réel qui s'appuie d'une part sur la pénurie en greffons par apport à une demande de plus en plus forte et d'autre part sur l'insuffisance de la réglementation encadrant cette activité.
En Tunisie, la première condition est réelle. Nous souffrons d'un déficit aigu en organes à transplanter. Trois à quatre mille personnes nécessitent actuellement une greffe d'organes, principalement du rein, mais également du foie, du cœur, du poumon, de la cornée, ou de la moelle osseuse. Des centaines de malades décèdent chaque année faute de greffe, principalement par manque de greffons... par manque de don! Et ces besoins augmentent d'année en année. D'un autre côté, un peu plus d'une centaine de greffes rénales sont réalisées chaque année, majoritairement à partir d'un donneur vivant apparenté, et une vingtaine à partir d'un donneur décédé. Depuis 1986, date de la première greffe rénale, plus de 1.500 greffes ont été réalisées dans les seules structures publiques autorisées. Mais elles restent très en deçà des besoins.
Parallèlement et à partir de 1991, l'arsenal législatif s'est développé et aligné sur les principes directeurs de l'OMS pour réglementer toute l'activité de prélèvement et de greffe d'organes. L'interdiction de toute opération pécuniaire ou toute autre forme de transaction sur le prélèvement est formelle. En 1995, création du Centre national pour la promotion de la transplantation d'organes (Cnpto) pour coordonner toute cette activité et veiller au respect de la réglementation et des procédures de prélèvement, de conservation, de transport et de greffe. L'attribution des organes est du seul ressort du Cnpto. Il est garant de la fonctionnalité, de la sécurité des organes et de l'équité de leur attribution. Beaucoup de pays maghrébins, arabes ou africains se sont inspirés de notre modèle de législation et d'organisation.
Néanmoins, une cinquantaine de patients tunisiens ont été greffés dans des pays étrangers, dans le cadre de ce que l'on appelle communément le «tourisme de transplantation». Ils se sont rendus par l'intermédiaire de circuits plus ou moins clandestins, dans des pays comme le Pakistan, l'Egypte, l'Inde, l'Irak et même en Chine, sans aucune garantie sur le greffon acheté ni sur la prestation fournie. Il est vrai que ces personnes qui ont acquis illicitement un organe à l'étranger n'ont jamais été inquiétées à leur retour. Aucun texte n'a légiféré sur de telles pratiques et le débat reste ouvert et pas uniquement en Tunisie. En dehors de ces patients, partis chercher à l'étranger leur salut, aucun fait avéré de trafic d'organes n'a été signalé en Tunisie.
Ceux qui affirment sur les différents plateaux ou studios détenir des preuves de son existence ont une obligation morale de nous les fournir ou au moins de guider les services compétents des ministères de l'Intérieur et de la Justice dans leur travail! Car la traite des personnes est un crime en Tunisie !
Je suis contre toute forme de censure, et la diffusion du feuilleton en question aussi extravagant soit-il ne m'indispose pas. Par contre, les différentes interviews et les commentaires de certains membres de l'équipe de tournage et des journalistes qui les interrogent m'ont beaucoup dérangé. Le monde de la culture et le monde des médias à ma connaissance ont une éthique, une mission et une conscience professionnelle. Je m'étonne de la facilité avec laquelle de telles affirmations aussi graves que le trafic de personnes, pire d'enfants, à des fins de prélèvement d'organes, en Tunisie soient aussi facilement diffusées par les moyens de communication les plus regardés, pendant la période de l'année la plus propice, sans aucune preuve. Pourquoi et à quelles fins certains acteurs et journalistes divulguent-ils presque en boucle de telles allégations? Semer le doute parmi la population ne contribue-t-il pas à ébranler la confiance en nos potentialités? La principale mission des médias du service public n'est-elle pas de garantir l'objectivité de l'information? Pourquoi les mêmes moyens et la même énergie n'est pas mise à la disposition des véritables besoins de la société tunisienne? La sensibilisation des Tunisiens au don d'organes et de sang n'est-elle pas plus salutaire? Ne serait-elle pas la meilleure prévention contre le trafic d'organes?


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