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Projet du Haut conseil pour les Tunisiens à l'Etranger (HCTE).. «Les Tunisiens résidents à l'étranger ne sont ni un produit d'entreprise ni la 5ème roue du carosse»
Publié dans Le Temps le 20 - 08 - 2014

Itidel Fadhloun Barboura est coordinatrice, chargée du projet du Conseil des Tunisiens à l'Etranger, lequel ne voit pas encore le jour pour des raisons que notre interlocutrice cite dans cette interview.
Le Temps : En quoi consiste le projet du Haut conseil pour les Tunisiens à l'étranger ? Et depuis combien de temps l'idée de création du HCTE a-t-elle vu le jour ?
Itidel Fadhloun Barboura : Le projet qui a motivé ce travail est tourné vers la population d'origine tunisienne vivant à l'extérieur du pays. Cette population est la conséquence directe du fort taux d'émigration que connaît la Tunisie depuis son indépendance en 1956.
Dans les années 1960 et 1970, la conjoncture économique favorable que connaît la France contribue à amplifier le phénomène. Le début des années 1980 voit un véritable essor de la communauté tunisienne dans ce pays en raison des régularisations.
Le projet qui nous concerne a connu une esquisse vers la fin des années 80. En effet, la loi n°90–55 du 18 juin 1990 portant création du conseil supérieur des Tunisiens résidents à l'étranger a renforcé une volonté politique restée à ce jour en attente de concrétisation.
Les demandes motivées de la société civile tunisienne à l'étranger nous ont conduit vers l'édifice d'un nouveau projet en phase avec l'évolution sociale, économique et démographique des Tunisiens à l'étranger.
En effet, les citoyens expatriés représentent une identité plurielle dont la capacité économique est devenue un moteur essentiel au développement du pays. Les transferts d'argent, les achats en bien immobilier, les actions associatives, les investissements en projet de développement sont autant de facteurs favorables à l'économie tunisienne.
Par ailleurs, on dénombre un taux de plus en plus élevé d'intellectuels, de chercheurs ou de scientifiques tunisiens résidents à l'étranger. 95 % d'entre eux mettent leur compétence au service du pays, 100% d'entre eux sont un parfait rayonnement de la Tunisie à un niveau international.
Nous retenons essentiellement une richesse identitaire diversifiée des Tunisiens à l'étranger. En effet, aux intellectuels et migrants économiques, on dénombre les militants politiques, les immigrés clandestins, les binationaux d'un père ou d'une mère étrangère et les Tunisiens nés à l'étranger.
Toute cette communauté représente aujourd'hui, 10% de la population tunisienne, 5% du produit intérieur brut et 23% de l'épargne nationale.
Néanmoins, ils conservent un lien fort avec la Tunisie, et représentent un moteur de développement que le sentiment d'appartenance nationale vient renforcer et pérenniser.
La révolution tunisienne du 14 janvier 2011 a activé une forte mobilisation de Tunisiens à l'étranger. Une double finalité expose ces motivations : Celle de suivre et d'accompagner le pays dans sa transition démocratique mais également celle de pouvoir exprimer démocratiquement les revendications de la communauté expatriée.
Les effets psychologiques de la révolution sur les Tunisiens à l'étranger ont donné l'occasion d'exprimer l'apparition de nouvelles attentes ainsi que de nouvelles ambitions ne se limitant pas à des revendications d'ordre matériel (tels que les avantages fiscaux ou douaniers).
En effet, le contexte post révolutionnaire a permis d'atteindre des objectifs sociétaux de nature qualitative basés sur la participation et la place des TRE dans la construction de la nouvelle Tunisie. La représentation démocratique des Tunisiens à l'étranger dans l'espace politique est sortie de l'utopie le 23 octobre 2011, lors de l'élection de 18 députés dits « de l'immigration ».
Depuis, le Gouvernement a compris la nécessité de faire aboutir ce processus démocratique en instaurant une réelle représentation de proximité émanant des revendications des Tunisiens expatriés.
Des consultations se sont tenues entre les différents acteurs de la diaspora tunisienne à l'étranger et les représentants des pouvoirs publics en charge de la question de l'émigration tunisienne.
Le projet de création d'une haute instance représentative se veut inclusif et participatif afin que la communauté tunisienne à l'étranger soit encadrée et supportée dans son évolution et dans sa participation au développement de la Nation.
Qui a décidé de le créer, quand, où et selon quels délais butoir ?
De nombreuses associations des Tunisiens à l'Etranger ont manifesté le besoin de la mise en place de ce projet. C'est véritablement le travail et la volonté de la société civile des TRE qui sont à l'origine de l'idée, de sa création et de sa mise en place.
- Du côté politique, depuis la création du Secrétariat d'Etat aux Tunisiens à l'étranger et à l'immigration par Houcine Jaziri, le projet a été lancé par le gouvernement. Malheureusement, ce n'était pas pour le travailler à la racine avec la science, le dialogue et le sérieux nécessaires mais avec le programme politique du responsable du lancement. La date butoir est donc devenue tributaire des échéances électorales.
- Puis avec le remaniement ministériel, la date butoir s'est orientée de la même manière : les échéances électorales ; peu importe le contenu dans les deux cas.
- Quelle est la tâche qui vous a été confiée et par qui ?
- On m'a confié la mission de Responsable du projet de création du HCTE après nomination et consultation auprès d'un ensemble de députés de toutes tendances et de responsables administratifs des circonscriptions France SUD et France Nord
J'ai été nommée seule par Houcine Jaziri en mars 2013 sur la base associative et citoyenne et non pas sur la base politique car je n'ai jusqu'à ce jour aucune adhésion ni rattachement politique tunisien ou français.
Qu'est-ce qui ferait de cette instance une entité représentative des TRE plus forte et plus solidaire ?
Nul n'ignore que la citoyenneté incarne le respect des droits et des citoyens d'un Etat quel que soit le lieu d'où elle s'exprime. De nombreux pays ont intégré les citoyens de leur communauté expatriée à travers des organes de représentation permettant de garantir leur droit. La question de la représentation politique des Tunisiens établis hors de Tunisie est ancienne de 25 ans. Sa prorogation vient renforcer le désir inassouvi d'une citoyenneté forte, pleine et solidaire en conjuguant les efforts de toutes les générations aux allégeances multiples.
Un projet inclusif de tous ces acteurs, pour la constitution d'une haute instance représentative des Tunisiens à l'étranger a été souhaité et proposé afin de permettre à cette importante partie de la société civile tunisienne d'être présente et importante dans la construction et le développement de la Tunisie mais surtout afin que l'immigration des Tunisiens soit encadrée et supportée dans son évolution.
Aujourd'hui, cette évolution se caractérise essentiellement par un pluralisme identitaire. En effet, les Tunisiens à l'étranger ne sont pas seulement immigrés. Ils sont aujourd'hui au stade de la quatrième génération dont la plupart sont des binationaux, biculturels, non arabisants, de parents étrangers... On compte aussi les saisonniers, les étudiants, les hommes d'affaires, les sans papiers (qui n'ont pas de résidence officielle). C'est pourquoi, nous avons souhaité donner une dénomination plus globalisante et plus proche de la réalité contemporaine en qualifiant provisoirement l'instance de Haut Conseil des Tunisiens à l'Etranger (HCTE)
La décentralisation régionale de l'article 133 de la Constitution ouvre des perspectives en faveur du projet de création du Haut Conseil des Tunisiens à l'Etranger. Celui-ci pourrait prétendre à l'organisation d'instance locale dans chaque zone consulaire que l'instance supérieure centraliserait à un niveau national et « inter-régional ». En effet, il est primordial de tenir compte des spécificités territoriales et géographiques afin de défendre l'intérêt de tous les Tunisiens à l'étranger tout en assurant une réelle représentativité.
Il est important de rappeler que les Tunisiens expatriés sont, quelle que soit leur identité, une partie intégrante de la société tunisienne. Aujourd'hui, il devient indispensable de construire un nouvel espace les caractérisant à travers une évolution positive des formes d'administration basée sur la confiance, la bonne définition du service public et l'instauration d'un dialogue constructif avec les institutions gouvernementales.
Quels sont les objectifs de ce projet ?
En réponse à la situation préjudiciable tant à la représentation effective des Tunisiens à l'étranger, qu'à la place de la Tunisie dans le monde, le futur projet de loi a pour objectifs convergents :
- Servir d'institution de dialogue, d'échange, d'initiative et de proposition
- Assurer le suivi et l'évaluation des politiques migratoires
- Susciter et favoriser toute initiative de nature à améliorer les conditions de vie des Tunisiens à l'étranger
- Promouvoir la défense de leurs droits et intérêts matériels et moraux
- Valoriser et amplifier leur participation au développement politique, économique, culturel et social du pays.
- Promouvoir et de valoriser la culture tunisienne
- Tisser les liens entre les générations issues de l'immigration tunisienne
- Défendre les problématiques territoriales que rencontrent les citoyens expatriés
Afin de parfaire ce processus, plusieurs paramètres sont à prendre en considération :
- La mise en œuvre d'une stratégie globale obéissant à une politique nationale tournée vers le projet.
- Une communication de grande ampleur avec notamment une sensibilisation de la question des Tunisiens à l'étranger dans le débat public et médiatique tunisien.
- La prise en compte de la particularité des TRE dans la mise en place du projet (identité plurielle, plurilinguisme, illettrisme, biculturalisme...)
- La prise en compte des questions de territorialité dans le traitement et le suivi du projet
De quel organisme public relève l'activité du conseil en question ? Qu'est-ce qui n'y va pas au juste ?
Le projet du Haut Conseil des Tunisiens à l'Etranger émane du ministère des Affaires Sociales et de l'Office des Tunisiens à l'Etranger. Il a démarré au sein du secrétariat d'Etat des Tunisiens à l'étranger et à l'Immigration en juin 2012 puis s'est rabattu au sein des deux précédentes instances après le remaniement ministériel de janvier 2014.
Le problème global dans ce dossier réside dans l'incapacité ou l'impossibilité des responsables à donner une réelle considération au Tunisien résident à l'étranger.
Cette considération passe par
1. La mise en place de véritables expertises
2. L'écoute sérieuse des doléances des TRE et leur participation effective et non instrumentalisée
3. Un recrutement tenant compte du savoir-faire et du savoir-vivre tout en donnant la priorité aux Tunisiens à l'étranger (les anciennes générations ainsi que les natifs à l'étranger sont les ressources les plus fiables)
4. L'engagement sincère et sérieux des responsables politiques
5. Un dialogue national autour du sujet pour lui donner enfin une priorité nationale
Aucun de ces commandements n'a été entendu. Le projet est détourné au gré des intérêts des forces en place, on écarte les gens sincères qui ne visent aucun intérêt personnel et on continue en toute impunité à jouer et à se jouer du citoyen. Ce qui se passe est tout à fait scandaleux !
L'OTE doit aujourd'hui réformer ses pratiques administratives en réformant avant tout sa façon de traiter les Tunisiens à l'Etranger (TRE). Les TRE ne sont ni un produit d'entreprise ni la 5ème roue du carrosse mais des citoyens à part entière aux apports (intellectuels, politiques, économiques et sociaux) extrêmement riches pour le pays.
Les dossiers des Tunisiens à l'étranger n'ont plus rien à faire au ministère des Affaires sociales qui visiblement n'a pas compris l'importance, la particularité et la richesse de cette communauté.
Ces missions ont-elles été détournées de leurs objectifs entre temps ? Quels sont les enjeux de réussite et d'échec du projet ?
J'ai beaucoup cherché des solutions en faveur de la réforme des mentalités administratives, c'est-à-dire l'équilibre entre la gouvernance du bas et la gouvernance du haut, * (Majlesna que j'ai fondé en juin 2013 partait de ce principe mais les proches de Houcine Jaziri qui m'ont accompagné sur cette mission ont détourné son véritable objectif.)
La citoyenneté des TRE est très active, cette conscience citoyenne est quasi innée. Pour le TRE, il est un devoir d'aider son pays. Il y a quelques temps, nos parents rentraient la voiture à ras du sol, blindée de cadeaux pour la famille. Aujourd'hui, on continue d'aider notre environnement mais on exporte d'autres choses plus immatérielles mais participant aux décisions qui nous concernent. Notre gouvernance du bas, nos associations sont très organisées et déterminées à participer activement.
C'est pourquoi, j'ai souhaité prendre compte de ces paramètres et de l'évolution sociétale des TRE dans l'accomplissement de ma mission de consultation en tant que responsable du projet de création du HCTE mais surtout en tant que sociologue fille d'immigrés et franco tunisienne de deuxième génération. Je pense que ma condition sociale et ma conscience du terrain valent tous les diplômes car elles traduisent la réalité des problèmes et des failles.
La question centrale de ma mission fut de répondre à la question suivante :
Comment concilier attentes des citoyens et démarches administratives ?
En ce qui me concerne, tout réside dans le besoin d'améliorer les pratiques de consultation.
Afin de parfaire l'approche participative dans notre mission, nous avons tenu à renforcer le processus consultatif en vue d'aboutir à un consensus. En effet, la prise en compte du citoyen dans l'édifice d'un projet de société est considérée comme une forme de partage et d'exercice du pouvoir fondée sur la participation des citoyens à la prise de décision politique.
Force est de rappeler que la démocratie participative ou délibérative peut prendre plusieurs formes en puisant principalement du terrain, des travaux, réflexions et avis des citoyens, des compétences et des experts. A un niveau collectif et organisé, les associations des Tunisiens à l'étranger jouent un rôle central en tant qu'interlocutrices des autorités publiques.
La principale difficulté réside dans la réussite du dialogue et la problématisation des sujets de débat autour du projet. Pourquoi le dialogue est-il difficile ? Quelles sont les solutions possibles de médiation et de conciliation favorables à la mise en place des consultations ?
Le coordinateur doit en partie tenir compte de ces questionnements dans sa mission. Un de ses rôles majeurs consiste à instaurer un climat de confiance et à trouver des formules fédératrices.
C'est pourquoi nous avons tenu à mettre en place une démarche participative empreinte d'outils de communication informatifs et émotionnels basés sur le relativisme et l'interactionnisme, ingrédients nécessaires au consensus.
La communication émotionnelle dans la vie courante, économique et sociale optimise l'équation personnelle des individus en tenant compte des éléments non-verbaux du message. Elle s'attache plus à la forme qu'au fond (photo de groupe, témoignages vidéos, implication des acteurs locaux au processus et aux travaux de consultation dans les réseaux sociaux). Enrichie par la communication informative, (les réflexions, les travaux, le consensus, les comptes rendus et le site internet), cette démarche participative devient le moteur de réussite du projet et le garant du rassemblement des acteurs.
En conséquence, nous exposerons à travers ce rapport, les méthodes déployées dans l'approche participative en tenant compte des forces et des faiblesses d'une telle mission, dans un souci de réussite et de pérennité du projet.
- En faisant une petite recherche je suis tombée sur une lettre de démission que vous avez envoyée à Houcine Jaziri ? Qu'est-ce qui s'est passé entre temps et pourquoi avez-vous réagi de la sorte ?
J'ai accepté de travailler avec un responsable politique qui a une vision très différente de ma conception de la société et éloignée de mes valeurs fondamentales. Plusieurs de mes amis m'ont dissuadé de ne pas m'engager à ses côtés ; Or, je suis de ceux qui ont souhaité protéger le processus démocratique. Etant de mentalité occidentale par mon éducation scolaire et sociale et très attachée à la question du « vivre ensemble », à la cohabitation ainsi qu'à la diversité, je n'ai aucun problème à travailler avec des gens différents à partir du moment où notre objectif commun est tourné vers l'intérêt national. J'ai donc accepté sous la base d'un compromis complètement tourné vers l'intérêt des TRE ; Je n'ai jamais demandé ou négocié quoique ce soit en ma faveur. J'ai même refusé une proposition de poste pour être consul de Lyon en juillet 2013 et j'ai donné 60% de mon salaire à des nécessiteux, ne gardant que le nécessaire pour ma mission que je n'ai jamais considéré comme un travail.
Le secrétaire d'Etat ayant manqué à sa parole, j'ai décelé une négligeance et un manque d'intérêt dans le traitement sérieux de ce dossier au bout de 3 mois de travail. J'ai donc posé ma démission à une semaine du grand séminaire en Aout 2013, pour lequel, je n'avais de place qu'en figurante de l'immigration, ce qui arrangeait également l'OTE.
Cette démission a été rejetée par Monsieur Jaziri, et elle a été suivie d'une importante négociation et de condition de ma part (travailler en équipe, être entourée d'expert, autonomie dans la conception du projet et intégration de l'outil Majlesna dans le portail gouvernemental que j'ai créé pour le projet)
J'ai fait une déclaration de presse qui a été censurée et on m'a demandé de travailler dans la discrétion pour éviter d'alimenter le dossier sur cet évènement. Le secrétaire d'Etat a bien entendu agi avec subtilité en me faisant entourer de jeunes proches de son parti. Le piège s'est refermé sur moi, ce qui m'a mis dans un isolement complet et dans une impossibilité de communiquer sur quoi que ce soit même avec deux chargés de communications que j'ai recruté et qui étaient payés pour communiquer sur le sujet.
J'ai insisté sur la notion de SERVIR SANS SE SERVIR, mais l'opportunisme et la fidélité au clan politique de ces jeunes a été plus fort que tout.
A partir du remaniement ministériel, l'équipe s'est retournée contre moi, Houcine Jaziri ne répondait plus au téléphone, et avec l'appui du clan, on a travaillé mon image pour faire de moi tout ce que je ne suis pas : une matérialiste, opportuniste, qui n'a jamais rien fait sur le dossier et qui a voulu les illuminer.... Une lettre digne d'un complot politique a été adressée par les 3 jeunes qui m'ont rejoint après 6 mois, cette lettre a été adressée au président de la république, au nouveau premier ministre ainsi qu'aux consuls et ambassadeurs. Mes seuls arguments de défenses ont été mon travail, ma neutralité et ma véritable citoyenneté.
Une enquête a été ouverte et on m'a reconduit seule de mars 2014 à mai 2014 pour lancer le projet et mettre en place des consultations élargies tenant compte de tous les citoyens quels qu'ils soient. Leur deuxième stratégie a été de me démolir médiatiquement
Vous parlez de la deuxième phase du projet, est-ce qu'on peut avoir une idée sur la première phase, la deuxième bien entendu et les délais de réalisation de tout le projet ?
- La deuxième phase intervient au niveau de ma reconduction et avec le nouveau gouvernement technocrate. La 1ère phase est explicitée dans la réponse précédente.
- Au départ, j'ai été écoutée et appuyée par le nouveau chargé de mission du ministre des Affaires sociales, le directeur provisoire de l'OTE, les directeurs de section, le ministre lui-même...puis lorsque ma reconduction a été officiellement annoncée, c'est-à-dire après un mois et demi de travail, ces mêmes responsables ont changé de comportement et ce sont écartés subitement ; j'ai ainsi compris que les influences politiques étaient encore bien présentes sur le gouvernement provisoire et que l'intérêt national et l'intérêt sur ce dossier était la dernière priorité.
- A la place de mon rapport tenant compte de 230 associations ayant donné leur avis. L'OTE et le ministère ont sorti un projet ne tenant pas compte de mon important travail qui n'est que le reflet de la volonté du citoyen. A la place de cela, un projet de Loi nommé CNTE (alors que ce nom n'a jamais été mentionné lors des consultations) proposant un secrétaire d'Etat en guise de président du conseil, ce qui implique un futur contrôle sur les associations et un retour aux pratiques anciennes
- Non seulement je dois éclairer les citoyens sur mon absence d'implication à ce projet de Loi, mais il est de mon devoir de dénoncer l'instrumentalisation du ministère sur ce dossier. Le comble s'est que lundi 11 et mardi 12 aout le séminaire qui a eu lieu a détourné le projet en évoquant les programmes tournés vers la citoyenneté. Je me tourne alors vers ces organisateurs pour leur dire que les TRE n'ont pas de leçon de citoyenneté à recevoir de la part de l'administration ; Au contraire, ils ont beaucoup à donner aux fonctionnaires responsables de ce dossier qui troquent volontiers leur citoyenneté pour des projets carriéristes en démotivant l'implication des gens intègres. A quand le vrai changement ?


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