Tous égaux devant les ordures ! La Tunisie qui se transforme en multiples mini décharges dans quasiment tous les quartiers populaires et résidentiels fait que l'égalité devant les saletés soit un acquis dans un pays qui a levé haut le slogan de la dignité et de la liberté. Maintenant que les masques sont tombés et que l'on a compris que la Révolution commence avant toutes choses par les mentalités, il faudrait observer ce fait d'un autre angle. Au regard de la société civile, la question qui relève de la protection de l'environnement requiert d'être réglementée par l'autorité de la loi. On apprend, en effet, que des listes vertes seront présentées sous peu. Actuellement les listes fins prêtes représenteront les régions du Grand Tunis, Zaghouan et Kairouan. Il s'agit en effet d'une initiative qui tente un tant soit peu de donner sa voix à la sauvegarde de l'environnement sous la chapelle du Bardo. « Le peuple veut de nouveau une Tunisie verte » est le thème d'une rencontre donnée au début de la semaine et dont l'objectif était de montrer que la société civile a un rôle à jouer pour faire changer les choses. Le collectif de 60 associations qui organise l'évènement croit dur comme fer que sans l'autorité de la loi, et donc sans l'appui du pouvoir législatif la protection de l'environnement ne sera pas une priorité dans le programme du gouvernement à venir. Surtout qu'un système écologique saint a certainement des répercussions économiques visibles. Adel Hentati, universitaire et expert de la question de l'environnement, rappelle dans la foulée les résultats d'une étude qui dit qu'on en dénombre 540 facteurs de pollution et que 20% des déchets hospitaliers sont classés nocifs pour l'être humain. On n'a plus besoin de chiffres en fait pour montrer l'impact de la pollution sur l'environnement tant les choses deviennent visibles et nuisibles non seulement pour nous mais pour des générations futures. Les textes enflammés dans les colonnes des journaux et les appels tapageurs et rageurs émanant des enceintes des radios n'ont pas suffi pour éveiller une conscience collective endormie depuis des décennies. Une société civile responsable et désintéressée saura peut être changer les choses. En attendant des jours meilleurs nous vivrons sous la dictature de ceux qui prennent plaisir à voir les ordures s'entasser sans donner l'ordre pour les ramasser. Sous l'indifférence des autorités municipales et de ceux qui tirent les ficelles de loin, nous continuerons à payer nos impôts et à voir nos poubelles partir en fumée juste devant nos yeux, dans des bennes remplies à craquer... d'ordures. Voyons, voyons brûler les déchets ménagers et subir la torture des flammes qui s'en dégagent c'est mieux que de les voir s'entasser en montagnes disgracieuses de saletés. Dans tous les cas de figure une Tunisie verte requiert des mains vertes.