Jalel El Mokh, ce jeune écrivain et poète bilingue ne cesse de nous surprendre par ses créations littéraires, en publiant au moins quatre ou cinq livres tous les deux ans, en arabe ou en français, outre les recherches qu'il mène sur tel écrivain arabe ou étranger ou telle nouveauté survenue dans la sphère littéraire. Le dernier né de ces publications est le recueil de poésie intitulé « Ton image » ; c'est aussi le titre d'un long poème philosophique inclus dans ce recueil qui concerne la place de l'être humain dans l'univers, de son passage de l'ère troglodyte jusqu'à nos jours, de sa transformation de l'état primitif jusqu'à l'époque moderne, connue par la guerre des étoiles et les nouvelles technologies, le monde du virtuel et du multimédia. C'est une quête poétique pour donner un sens à la vie, à l'humanité. Dans ce recueil de 13 poèmes s'étendant sur 113 pages, le poète a intégré un texte déjà publié dans son ancien livre, paru lors de la Révolution, intitulé « Vox Populi » où il a rassemblé tous les poèmes en français écrits sur la Révolution tunisienne par des poètes et des écrivains étrangers. Ce texte, écrit par Jalel El Mokh lui-même, n'est autre que le fameux « l'ultime discours » que Mohamed Bouazizi avait adressé au tyran Ben Ali qui venait lui rendre visite à l'hôpital où il a succombé à ses brûlures : un texte très émouvant qui évoque la vie misérable des pauvres gens amenés au suicide en s'immolant par le feu. « Ton image » est le prolongement d'une trilogie poétique que Jalel El Mokh a publiée en 2010, intitulés respectivement « Autoportrait », Cortège d'impressions » et « Suicide de la femme en rouge » Dans ce recueil, essentiellement philosophique, le poète rejoint Victor Hugo lorsqu'il a dit dans « Les Contemplations » sa fameuse citation pour répondre à ceux qui se plaignent des écrivains : « Ah ! Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Comment ne le sentez vous pas ? Ah ! Insensé qui croit que je ne suis pas toi ! » Ainsi, Jalel El Mokh pense que, quand il parle de lui, il parle au nom des autres et il dit ce que pensent les autres. Car, en fin d'analyse, les poètes parlent de sentiments humains, universels, donc qui peuvent toucher tout le monde. On peut ainsi saisir cette idée dans plusieurs poèmes de ce recueil. On cite par exemple, « Césaria Evora », la grande diva de la chanson africaine, « Mot amer », un poème dédié à Ahmed Foued Nejm, le défenseur des opprimés, « La Vénus à la chéchia », allusion faite aux révolutionnaires, « Ode au cyclamen », éloge faite à cette fleur symbolique et mythologique qui pousse depuis longtemps à Boukornine et dont les habitants d'Hammam-Lif sont fiers, « Dans un fauteuil volant », un autre poème dédié à Ridha Souli, un citoyen aimé par tous, auteur du film autobiographique « Les histoires amputées », qui a pu affronter tous les obstacles, malgré son handicap et à braver toutes les difficultés de la vie grâce à son courage et sa persévérance.