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L'invité du dimanche - Zied El Hani: De l'inédit : quand un journaliste est candidat à la présidentielle
Publié dans Le Temps le 07 - 09 - 2014

C'est pour la première fois, dans toute son histoire contemporaine, que la Tunisie connaît une telle pléthore de candidatures à la présidentielle. Les uns y voient un signe de bonne santé, montrant à l'évidence que la démocratie est bel et bien en marche, alors que d'autres estiment que cela est la preuve que celle-ci tourne à l'anarchie. En témoigne la présence, parmi les candidats qui se sont présentés, d'intrus ne s'y connaissant aucunement dans un domaine qui requiert une certaine culture et un certain savoir-faire qui leur font, cruellement, défaut. Il est question des hommes d'affaires dont l'intention n'est pas de servir les intérêts suprêmes du pays, qui sont le cadet de leurs soucis, mais les leurs. Certains d'entre eux ont recouru à des moyens illicites, en achetant des signatures de parrainage, d'après le témoignage de notre invité, le journaliste polémiste, connu pour ses critiques virulentes, n'épargnant rien ni personne, et que des observateurs préfèrent voir dans ce rôle plutôt que dans celui du président de la République. Mais lui, il n'est pas de cet avis, il considère qu'il a les qualités et les aptitudes nécessaires pour réussir dans cette fonction, d'autant plus qu'il a une formation militaire, une condition indispensable, selon lui, pour pouvoir postuler à ce poste dont l'une des charges est, justement, le commandement des forces armées. Une qualité pareille s'impose dans les circonstances actuelles où le pays court le danger terroriste, toujours d'après ses affirmations. Il est vrai que la frontière entre le domaine médiatique et la vie politique est ténue et qu'il n'y a qu'un pas à franchir pour passer de l'un à l'autre. Nonobstant, est-il aussi aisé de critiquer que de diriger. On vous laisse juger.
-Le Temps : certains préfèrent vous voir dans votre rôle du journaliste querelleur et critique plutôt que dans celui d'un responsable politique. Qu'est-ce que vous leur répondez?
-Zied El Hani : en plus du fait qu'il est journaliste critique, Zied El Hani incarne les aspirations de l'opinion publique nationale, œuvre à découvrir les vérités en vue de l'éclairer et assume, entièrement, sa responsabilité à ce niveau. Il est un citoyen tunisien qui était élevé au sein de l'Etat de l'indépendance et qui a suivi ses études à l'école républicaine dont il a assimilé les valeurs et les principes. Il a appris à être un citoyen libre dans un Etat libre et souverain. Et quand je vois que ceux à qui en est confiée la direction et qui sont censés protéger ses acquis et sa souveraineté le transforment en un objet de commerce aussi bien sur le plan interne qu'externe, quand je vois que notre souveraineté nationale est violée au moyen de conventions coloniales qui enchaînent le pays jusqu'au jour d'aujourd'hui et qui l'empêchent d'exploiter ses richesses en vue d'assurer son développement, quand je vois comment le terrorisme est en train de nous encercler dans notre quotidien et de menacer notre avenir et celui de nos enfants, quand je vois qu'il n'y a pas une prise de conscience suffisante chez ceux qui dirigent le pays relativement à la nécessité de faire face à ce fléau et de lui porter des coups très durs dans ses terriers, là, je suis appelé à intervenir en tant que citoyen et non seulement en ma qualité de journaliste. Ce devoir de servir mon pays, le protéger et le défendre s'impose à moi d'autant plus que je suis le seul, parmi tous les candidats à la présidence, qui a une formation militaire, qui peut porter les armes, et presque le seul qui soit spécialisé dans les affaires de terrorisme en raison de mes activités associatives et du fait que je suis la personne qui a prouvé aux Tunisiens qu'elle ne complimente jamais et qu'elle a l'audace et le courage pour dire ce qu'il faut dire et exprimer la position convenable même si cela déplaît à certains. Et comme j'ai, toujours, vécu la tête haute et émancipé, dans mon pays, je veux que mes enfants aussi vivent aussi dignement. C'est pour toutes ces raisons que je me suis présenté à ces élections et que je relève ce défi d'autant plus que j'appartiens à une génération qui est invitée à prendre le flambeau, assumer la responsabilité et se substituer à une classe politique périmée. Il est grand temps d'ouvrir devant nous et notre pays les portes de l'avenir.
-En quoi consiste votre formation militaire?
-Je suis officier de réserve dans l'armée nationale et je sais manier treize armes. Je ne prétends pas en avoir une connaissance exhaustive, mais je dispose des éléments basiques qui me permettent de savoir quels sont les besoins de la conjoncture actuelle et de pouvoir échanger des avis avec les spécialistes avec qui je pourrais aboutir aux solutions que nécessite le pays. J'ai également une conception des grands axes sur lesquels devrait se baser la réforme des ministères de l'intérieur et de la défense, et ce grâce à la visualisation et l'identification, de ma part, des imperfections au sein de ces institutions de souveraineté. Je suis persuadé qu'en collaboration avec leurs personnels respectifs, on est capable de réaliser des résultats qui soient susceptibles de les réformer et de les rendre efficaces dans la défense de la sûreté de l'Etat et sa stabilité.
-C'est vrai qu'actuellement la sécurité est une priorité pour les Tunisiens, mais pas la seule.
-Comme on dit en mathématiques, c'est une condition nécessaire mais insuffisante. Néanmoins, on n'aurait pas dû permettre de présenter leur candidature à la présidence de la République à des candidats qui n'ont pas fait leur service militaire, car ce n'est pas logique que celui qui sera le commandant suprême des forces armées ne sait même pas manier une arme, ni ce que c'est qu'un devoir militaire. Celui qui n'a jamais été sentinelle de la nuit, qui n'a pas participé à des manœuvres militaires, qui n'a pas connu les souffrances des soldats et des officiers, ni leurs conditions de travail, ne peut pas, demain, prendre des décisions relatives à la guerre ou à la paix. Bref, il ne peut pas être commandant suprême des forces armées. Il faut savoir que tous les présidents des Etats Unis sont passés par l'institution militaire et que dans les autres pays démocratiques, tels que la Grande Bretagne, il est obligatoire de faire le service militaire. Malheureusement, chez nous, en dépit de sa noblesse, ce dernier fait l'objet de « hogra » (dédain), parce que par le biais du régime d'affectation individuelle, celui qui a de l'argent peut l'éviter et celui qui n'en a pas le fait obligatoirement. Cela prend l'allure d'une sanction contre les déshérités et les marginalisés qui sont sacrifiés pour que les autres préservent leurs intérêts. Donc, je considère que la formation et le service militaires sont les conditions sine qua non pour pouvoir postuler à ce postesuprême. C'est pourquoi si j'y accédais, je ferais tout pour réviser les conditions de candidature de sorte que ne pourraient se présenter à tout poste se rapportant à la direction de la chose publique, que ce soit au niveau de la présidence de la République, ou bien au niveau de l'assemblée du peuple, ou bien encore au niveau des municipalités, que ceux qui auraient rempli ces conditions en plus de leurs devoirs fiscaux. C'est-à-dire que seuls pourraient postuler à se poste ceux qui savent ce que c'est qu'offrir à leur pays et non pas ceux qui ne savent que prendre sans rien lui donner en contrepartie.
-Mais les conditions que vous voulez imposer aux candidats aux hautes fonctions politiques et publiques ne risquent-elles pas de nous mener tout droit versun Etat militaire?
-Ce n'est pas l'institution militaire qui aurait les commandes, l'armée serait dans les casernes. Cependant, les gens qui seraient qualifiés pour la direction générale, devraient avoir fait leur devoir envers l'Etat. Tout d'abord, il ne faut pas perdre de vue que l'institution militaire repose sur la discipline, et si, aujourd'hui, on a un problème en Tunisie, c'est essentiellement à cause de la situation d'anarchie qui sévit partout au point que notre pays, qui est un paradis sur terre et une destination préférée des touristes, est devenu un dépotoir à ciel ouvert et fait l'objet d'un scandale mondial. L'armée apprend la discipline, la confiance en soi, le courage et développe les facultés dont a besoin toute personne voulant assumer une responsabilité de commandement dans n'importe quelle position. Ensuite, on a besoin d'une décision audacieuse pour protéger la Tunisie contre le danger provenant de la Libye, car le terrorisme a ses ramifications chez nous, mais ses racines se trouvent dans ce dernier.
-Comment vous vous représentez le danger libyen?
-Je tiens à rappeler que les milices des frères musulmans possèdent les missiles « Fatah II » dont la portée est de l'ordre de 300 km, c'est-à-dire qu'il peut atteindre des endroits vitaux, sensibles et stratégiques dont la destruction est susceptible de paralyser l'économie tunisienne. Ce missile est capable d'atteindre le port de chargement pétrolier de Skhira, le port de chargement des phosphates et le port de Sfax ainsi que sa zone industrielle, la capitale économique du pays. On a pris des précautions pour intercepter des avions kamikaze, comme ceux qui ont été utilisés le 11 septembre, et ce par le biais du système de radar, mais on doit essayer de s'approprier un système de défense antimissile, qui soit capable de protéger le pays contre ces menaces. Pour ce faire, on pourrait s'ouvrir à de nouveaux marchés tels que ceux de la Chine et de la Russie qui sont prêts à nous fournir des équipements militaires développés et à des prix plus abordables que ceux des Etats Unis. Et je tiens à dénoncer l'hypocrisie de quelques parties qui ont critiqué avec fermeté l'intervention du général retraité, Khalifa Haftar, pour empêcher les attaques des milices contre les autorités légitimes et la transformation de la Libye en une base terroriste. Ce général est intervenu après que les liquidations des dirigeants civiles et militaires se sont multipliées. Cela n'a pas plu à ces parties en Tunisie qui se sont révoltés, considérant cela comme étant un putsch. Mais lorsque leurs partenaires ont refusé de reconnaître la légitimité électorale en Libye et le nouveau Conseil national élu et qu'ils ont utilisé des armes pour occuper l'aéroport de Tripoli, les établissements publics et les champs pétrolifères, ils ont observé un silence douteux et complice qui confirme leurs doubles discours. Ces attitudes contradictoires montrent à l'évidence que ces parties ne défendent ni valeurs, ni principes, mais des intérêts étriqués. C'est pourquoi je dirai que tant que ces dernières n'empruntent pas une ligne de conduite irréprochable et qui rassure les autres protagonistes politiques en Tunisie, tant que le processus de transition démocratique sera guetté par des menaces.
-Quelle est la position que devrait adopter la Tunisie face au conflit libyen?
-Aujourd'hui, la Tunisie est appelée, en coordination avec l'Algérie et l'Egypte, à soutenir la légitimité issue des dernières élections législatives dans le pays voisin du sud et qui est incarnée par l'assemblée nationale élue, qui a fait appel à la société internationale pour appuyer son action à dissoudre les milices et à rassembler les armes afin qu'elle puisse reconstruire l'Etat libyen et ses institutions. Ce soutien que la Tunisie devrait apporter à la Libye est une opportunité qui est de nature à lui permettre d'assurer sa protection en portant des coups décisifs aux terroristes dans leurs terriers et leurs camps d'entraînement. Et à propos du dernier bombardement accompli, paraît-il, par l'Egypte et les Emirats Arabes Unis, je le considère comme étant une opération isolée et inacceptable, car toute action militaire ne devrait pas être exécutée séparément, mais en collaboration avec les autorités légitimes libyennes et les pays concernés directement qui sont la Tunisie et l'Algérie.
-Quelles sont les défaillances que vous avez pu relever au niveau des fonctions de la présidence de la République et que vous comptez rectifier si jamais vous êtes élu à ce poste?
-La première chose que je ferais, c'est d'aller à Monastir pour me rendre au mausolée du guide éternel, Habib Bourguiba, et réciter la Fatiha devant sa tombe, et je lui dirais « Monsieur le Président ne vous inquiétez pas pour la Tunisie, elle a des hommes et des « Hraïers » capables de la protéger ». Je ne suis pas bourguibien et je ne l'ai jamais été, mais je suis le produit de l'école et de la pensée bourguibiennes. A propos des fonctions de la présidence de la République, j'ai conçu des visions dans le cadre des prérogatives du président de la République délimitées par la constitution, à savoir la défense et la sécurité, d'une part, et les relations étrangères, de l'autre. Concernant le premier volet, je projette de réformer, en particulier, le ministère de l'intérieur qui, aujourd'hui, souffre d'une division aussi bien horizontale que verticale et qui a un grand besoin de réunifier sa direction. D'autre part, nous avons un conseil de la sûreté nationale qui n'est pas régi par un texte de loi, et il est indispensable de l'organiser et de le doter de prérogatives afin qu'il puisse jouer son rôle comme il se doit et de disposer de l'avis conforme pour tout ce qui est des nominations dans les hautes fonctions militaires et sécuritaires. Cela ne doit plus dépendre des allégeances, mais des compétences, de l'expérience et de la spécialisation. Quant à la défense, il est absolument nécessaire de corriger une erreur historique qui était commise en 1962 lorsqu'on a procédé au retrait de la garde nationale du commandement d'état major de l'armée, son emplacement naturel, et àson affectation au ministère de l'intérieur.
Le message que je voudrais envoyer à travers cela c'est que, si ces derniers m'accordaient leur confiance, la première décision que je prendrais, au niveau des relations étrangères, sera la reprise des rapports avec la Syrie, que Marzouki a annihilés et transformé, par là, la Tunisie en pourvoyeuse majeure de terroristes, qui, demain, reviendront pour exécuter leur abominables et sordides crimes. Ma seconde décision serait l'envoi au Qatar, par l'intermédiaire de notre ministère des affaires étrangères, d'un avertissement où je leur donnerais un ultimatum de 48h pour libérer Mahmoud Bounab, sinon tout Qatari se trouvant en Tunisie serait appelé à faire ses valises et quitter notre territoire national pendant lemême délai. Et s'ils croient qu'ils peuvent nous acheter avec leur argent, ils doivent savoir que la Tunisie n'est pas à vendre. Toujours dans le chapitre de la souveraineté nationale, les Tunisiens devraient connaître qu'il existe des conventions qui reviennent à l'époque coloniale, surtout celle relative au sel, et qui continuent à être appliquées. Ces conventions portent atteinte à notre souveraineté nationale et spolient nos richesses. En tant que président de la République, je restituerais ces fortunes et résilierais toutes ces conventions qui sont les vestiges du colonialisme. C'est la voie que j'emprunterais pour développer notre pays et résoudre ses difficultés, à l'instar de celui du chômage, et améliorer les conditions de vie des citoyens.
-Quelles seraient les autres décisions que vous prendriez dans le domaine économique?
-Elle sera, principalement, basée sur l'agriculture. Depuis Carthage et Rome, la force et l'économie de la Tunisie reposaient sur ce secteur. Aujourd'hui, on est appelé à investir à grande échelle dans l'agriculture et à émanciper l'agriculteur à travers la suppression totale de ses crédits d'autant plus que ceux contractés par les hommes d'affaires corrompus étaient annulés en un clin d'œil. De plus, les terres domaniales devraient être réparties sur les petits agriculteurs qu'il faudrait fixer sur ces terres et leur procurer la mécanisation agricole nécessaire pour qu'ils puissent produire et se sédentariser. C'est de cette manière-là qu'on pourrait créer des richesses, instaurer un équilibre régional et éviter la constitution des ceintures de misère autour des grandes villes où se répandent le crime et le vice.
-Plusieurs observateurs estiment que les présidents Marzouki et Ben Jaâfar livrent une concurrence déloyale à leurs adversaires en refusant de quitter leurs postes et en usant des deniers publics pour leurs campagnes. Quel est votre avis là-dessus?
-Je ne leur en veux pas, car ils savent bien, autant que les Tunisiens, que leur page est, définitivement, tournée et qu'ils n'auront plus d'existence politique en Tunisie. Alors qu'ils jouissent encore pendant ces quelques jours qui leur restent des positions privilégiées qu'ils occupent actuellement. Aussi ne les considère-je pas parmi les concurrents, ils n'ont plus aucunechance réelle.
-Comment expliquez-vous ce nombre pléthorique de candidats à la présidentielle?
-A mon avis, il existe trois catégories de candidats. La première est celle de ceux dont la vie politique arrive à terme et qui cherchent, à travers leur participation à ces élections, à couronner leur parcours. Ce sont des gens qui sont tournés vers le passé et qui ne peuvent pas avoir de place l'avenir. Dans la seconde catégorie, nous trouvons les affairistes qui ont accumulé des richesses d'une manière ou d'une autre et pour lesquels le poste de président de la République constitue une transaction dans laquelle ils veulent investir afin de grossir leur fortune et préserver leurs intérêts. Quant à la troisième catégorie, elle regroupe les gens qui s'oriententvers le futur, et je suis, personnellement, persuadé qu'ils représentent ceux dont le pays a besoin. Aujourd'hui, le pays nécessite une direction jeune, capable de le diriger vers l'avenir et affranchie des tiraillements et des conflits du passé. Et vous avez pu constater par vous-même, lorsque s'est posée la question de la présidence du gouvernement, comment ont éclaté des querelles anciennes à propos de la personnalité à choisir pour ce poste. Alors, ces hommes politiques, dont l'histoire regorge d'échecs, n'ont pas le droit d'hypothéquer l'avenir du pays, ils doivent rendre le tablier et laisser la place aux jeunes.
-Ne voyez-vous pas que la Cour des comptes a encouragé, par son laxisme, certains candidats à se présenter, étant donné qu'elle n'a pas restitué les subventions publiques des candidats non sérieux de 2011?
-L'ANC en est complice pour avoir accordé la couverture à ces spoliateurs, ce qui leur a permis de se présenter aux élections à nouveau. Normalement, les organes spécialisés de l'Etat devraient faire des efforts pour imposer le remboursement des deniers publics. Mais, au-delà de ces considérations, il y a une tendance nette et délibérée, consistant à inonder le pays avec des listes et des candidatures, vu que cela sert les intérêts de parties politiques bien déterminées aux dépens de ceux des autres. Cette tendance se manifeste à travers le choix du système de listes et non pas celui de circonscriptions uninominales qui est basé sur la confiance entre le candidat et l'électeur qui peut, à tout moment, retirer la confiance qu'il a placé dans ce dernier s'il s'avère qu'il n'est pas à la hauteur. Alors que le premier système s'applique dans des circonscriptions élargies où les listes sont remplies par n'importe qui, juste pour remplir le vide, et non pas par ceux qui méritent d'occuper ces places et qui sont capables d'assumer la responsabilité qui leur incombe. Et on a vu comment des gens, particulièrement les femmes exigées par la loi sur la parité, ont été achetés avec de l'argent. Le résultat, c'est la présence au sein de la Constituante de personnes n'ayant aucune valeur, ni poids, des modèles caricaturaux. Donc, c'était une opération préméditée qui visait à écarter les compétences et à diriger les élections dans un sens bien défini. Lors desélections précédentes, des familles tout entières se sont présentées pour bénéficier des subventions sans pour autant prendre part à l'opération électorale. Ils s'y sont inscrits seulement pour en profiter matériellement.
-Existe-t-il des solutions, selon vous, pour éviter que cela ne se reproduise?
-A mon sens, on devrait imposer le parrainage aux législatives, à l'image des élections présidentielles, pour que ne se présentent que ceux qui ont du poids et de l'influence. Et le refus de cette condition par la majorité au sein de l'ANC est intentionnel, on veut par là provoquer l'état de dumping électoral que j'ai souligné plus haut.
-Quelle est votre évaluation du rendement de l'ISIE surtout concernant certaines IRIE de l'étranger dont la composition estentourée de suspicion?
-Il y a eu beaucoup de polémiques à propos de ces dernières, et en particulier celle d'Italie qui est infiltrée par certains partis politiques. Aujourd'hui, il y a un danger réel, vu que les bureaux de vote seront inondés par une tendance politique particulière, ce qui risque fort de fausser les résultats des élections. D'ailleurs, on en a vue un échantillon lors des élections précédentes. Cette tendance était déjà annoncée par le refus de permettre à l'instance de Kamel Jendoubi de poursuivre son travail et de la laisser, du moins, assurer la première phase du processus électoral, à savoir l'inscription des électeurs. Il y a une intention flagrante de garder la scène électorale telle qu'elle est, et en même temps, de mettre la main sur l'actuelle ISIE. Il existe des problématiques qui me concernent, en tant que quelqu'un qui compte se présenter aux élections présidentielles, et qui se rapportent au parrainage. Cette opération est transformée en un vrai courtage, et on voit très bien sur le terrain comment l'argent sale achète, d'une manière criante, la dignité et les voix des gens des gens. Personnellement, je sillonne le pays de long en large, pendant toute une journée, pour recueillir trois cents voix, tandis que d'autres en obtiennent dix mille. Pour vous en persuader, je vous cite un fait tangible : un ex « omda » à Carthage est chargé d'acheter les signatures de parrainage en faveur d'un homme d'affaires qui lui a ouvert une sorte de bureau à la cité Mohamed Ali au su et au vu de tout le monde, y compris les autorités locales qui ont rédigé des rapports, mais aucune mesure concrète n'a été prise jusque là. C'est pourquoi l'instance de Chafik Sarsar est appelée à intervenir, immédiatement, et à appliquer le mécanisme de parrainage électronique, exactement comme dans l'inscription des électeurs pour s'assurer des signatures. Comme elle peut utiliser le téléphone portable. Ces moyens constituent la meilleure garantie contre les manœuvres frauduleuses dont usent des hommes d'affaires connus pour leur corruption, dont les fortunes sont odieuses et qui achètent des voix avec leur argent sale, et d'autres charlatans qui font signer les gens sur des listes en les persuadant qu'ils vont offrir du travail à leurs enfants en contrepartie. Donc, le parrainage, que j'ai, farouchement, défendu, étant convaincu qu'il est une garantie de sérieux, est devenu un outil entre les mains des corrompus qui fourvoient les gens et abusent de leur confiance. C'est pour prévenir tous ces dérapages qu'il faudrait opter pour le parrainage électronique d'autant plus que l'ISIE en fait usage à l'étranger. Il n'y a pas de raison à ce qu'elle n'applique pas le même mécanisme à l'intérieur du pays.
-Est-ce que le comportement général des médias dans cette conjoncture capitale est satisfaisant pour vous?
-Aujourd'hui, il y a une nouvelle donnée dans le secteur médiatique, à savoir les réseaux sociaux. Ces réseaux sont viciés par le même argent sale et aussi de la part de partis politiques qui ont mis en place desmilices sur internet et sur facebook qui attaquent et diffament les gens, flétrissent leur dignité et éclaboussent leur réputation, et qui répandent les mensonges. L'effet de ces réseaux sociaux n'est pas à minimiser. A côté de cela, il y a les médias classiques, que ce soit l'audiovisuel ou bien l'électronique, qui contiennent deux catégories. Nous avons, tout d'abord, les médias professionnels qui essayent de présenter l'information, d'être juste à l'égard de tous les candidats et de créer une sorte de débat autour des idées, des avis et des programmes. Mais en même temps, il y a les médias qui cherchent l'excitation et la presse jaune, les tabloïdes populaires, qui sont entre les mains de quelques hommes d'affaires corrompus et qui jouent le même rôle queles réseaux sociaux dont je parlais tout à l'heure. L'un de ces journaux jaunes, qui appartient au fils de celui qui m'attaquait au temps de Ben Ali pour collaboration avec l'étranger et trahison nationale, m'a adressé des diffamations en m'accusant de collaboration avec Ben Ali. On change d'accusations en fonction de l'époque. Avant, cette presse tabloïde, qui est animée par des mercenaires, réglait les comptes du régime avec ses adversaires politiques, maintenant, elle règle les comptes de tous ceux qui les payent, qu'ils soient hommes d'affaires corrompus ou partis politiques, avec leurs adversaires politiques.
-D'après vous, est-ce que la HAICA assume son rôle comme il se doit?
-Cette instance est un acquis. On l'a vue plusieurs fois à l'œuvre en imposant des sanctions et en empêchant des dépassements. Cependant, on était tout étonnés face à la liste qu'elle vient de sortir relative aux stations de radio et aux chaînes de télévision auxquelles elle a accordé des autorisations. On espère qu'elle révise sa décision, et si elle a des griefs valables à opposer à ceux auxquels elle a refusé l'autorisation, qu'elle leur explique leur manquement aux conditions requises et qu'elle leur accorde un délai pour qu'ils puissent remédier aux défaillances. Il faut qu'il y ait un accompagnement, car le rôle de cette instance de régulation ne consiste pas seulement à octroyer des autorisations, mais aussi à améliorer la scène médiatique.
-Vous avez employé une formule hypothétique concernant la tenue des élections. Est-ce que vous avez des doutes quant à leur organisation?
-Vous savez, tout est relatif et tout est possible. Personnellement, j'espère que ces élections auront lieu, qu'elles se dérouleront dans de bonnes conditions, qu'elles reflèteront, réellement, la volonté des Tunisiens et qu'elle ne feront pas l'objet d'un commerce. Néanmoins, toutes les hypothèses demeurent envisageables.
F.K


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