Les livres de Jalal El Mokh se suivent dans les deux langues et dans tous les genres : c'est ainsi qu'une nouvelle publication vient d'avoir lieu : il s'agit d'un recueil de poèmes en langue arabe « Pour que personne n'usurpe ta couronne». C'est le deuxième recueil en arabe parmi les six précédents dont quatre en langue française. A vrai dire, à travers les poèmes de ce recueil, on ressent la présence de la langue de Molière que ce soit par les thèmes choisis que par la langue poétique ou encore par l'allusion faite aux grands poètes ,écrivains et penseurs qui ont marqué l'histoire de la langue française, ainsi qu'à la religion chrétienne en passant par les légendes et les mythes qui ont accompagné cette religion. Le recueil comprend 17 poèmes dont nous choisissons seulement trois en vue de les commenter. En effet, Jalal El Mokh, relate dans un long poème intitulé : « Simon le kairouanais » la légende de Simon de Cyrène pour mettre en relief certaines valeurs humaines, à savoir la gêne et la douleur devant les souffrances des autres, le courage, l'assistance des damnés, le partage du destin et des malheurs. Ainsi tout le monde peut coopérer dans l'amour et le bonheur de l'humanité. En voici le récit : Simon de Cyrène croise sur son chemin un triste spectacle d'un chrétien condamné à porter le fardeau de la Croix, souffrant et muet. Le devoir de Cyrène consiste à l'assister et partager ce lourd fardeau avec lui. Moralité : en aidant ce chrétien à porter sa propre croix, nous obtenons le salut et nous pouvons nous-mêmes contribuer au salut du monde. Jalal El Mokh veut dire par là que l'acte de Simon qui consiste à venir en aide à un prochain qui souffre. Allusion faite aux milliers de Tunisiens qui souffrent encore des retombées de la Révolution et des suites désastreuses des pauvres gens auxquels il faut donner la main. Le deuxième poème qui attire l'attention, c'est « Syrena » où il est question de la légende d'Ulysse et les sirènes. Un poème qui met en relief, une des aventures de chef de guerre grec en Méditerranée où le destin le met en face des Sirènes, ces créatures mi-femme mi-poisson, à la voix douce et enchanteresse, qui provoque la mort à tous les marins qui passent près de leur île. Ulysse usa de sa ruse, un stratagème de guerre, pour passer devant ces créatures sans danger. Dans le poème Jalal El Mokh nous fait vivre l'aventure d'Ulysse qui s'adresse audacieusement vers ces sirènes en leur faisant des éloges et les prier de lui chanter une chanson de leur belle voix suave. Intrépidité ? Folie ? Mais Ulysse obtint, grâce à son audace, ce qu'il voulait sans le moindre mal. Dans un autre poème, El Mokh choisit comme figure historique le soufi, Al Hallaj, ce religieux fanatique qui s'identifie à Dieu, en prononçant sa fameuse parole : « Dieu est dans ma jebba », phrase qui lui a valu la haine de son peuple, chose dont il a souffert toute sa vie pour la liberté d'expression. Le travail effectué par Jalal El Mokh est de donner à cet homme spirituel un aspect politique et dédia ce poème d'El Hallaj à la Révolution tunisienne.