Les Tunisiens s'apprêtent à élire, le 26 octobre prochain, leurs députés qui siègeront à la Chambre des représentants du peuple durant cinq ans. L'élection présidentielle suivra avec un premier tour le 23 novembre et un second le 28 décembre. Partis politiques, personnalités indépendantes, tout le monde s'affaire pour être au rendez-vous et briguer un poste de député sinon celui de la magistrature suprême et devenir locataire du palais de Carthage. La fièvre électorale que nous connaissons, n'aurait jamais été à l'ordre du jour n'eut été le rôle joué par l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) qui avait conduit avec sagesse le fameux Dialogue national aboutissant à la mise en place de la dernière période transitoire pour sortir le pays de la grave crise dans laquelle il se débattait au lendemain de l'assassinat du député Mohamed Brahmi, un 25 Juillet 2013. Maintenant, que tout a été mis sur les rails pour donner aux Tunisiens des instances permanentes et les engager sur des choix à plus ou moins long terme, sera-t-il mis fin au rôle de l'UGTT et des autres membres du Quartet qui avaient dirigé le Dialogue national ? Certainement pas. La Centrale syndicale qui avait parrainé et conduit le Dialogue national, consacrant la Feuille de route pour sortir le pays de l'ornière, poursuivra son action de veille tous azimuts. Ainsi, lors des prochaines élections, l'UGTT tout en n'ayant pas d'ambitions d'exercer le pouvoir, n'a pas l'intention de rester les bras croisés. Houcine Abbassi, secrétaire général, a déclaré, lors d'une rencontre avec la Fédération générale du pétrole et des produits chimiques, que son organisation « travaillera pour la réussite des prochaines élections ». Il a insisté sur la nécessité que le travail devienne le leitmotiv de la prochaine étape, que la croissance se renforce, que la stabilité économique et sécuritaire se consolide...Il a précisé que les syndicalistes se placeront lors des prochaines élections du côté des partis qui convergent avec les objectifs de l'organisation, qui partagent ses principes et respectent ses intérêts et non aux côtés de ceux qui bafouent les droits syndicaux, sociaux et économiques. Bou Ali M'Barki, secrétaire général adjoint de l'UGTT, rappelle dans une déclaration au Temps, que l'organisation syndicale, participe avec tous ceux qui veulent le salut du pays. Il a affirmé : « Un observatoire pour le contrôle des élections a été crée. Il sera présent dans toutes les régions et localités à travers de observateurs dans tous les bureaux de vote. Cet observatoire est mis sur pieds en collaboration avec la ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme (LTDH), le Conseil de l'Ordre des Avocats et l'Institut Arabe des Droits de l'Homme ». Les observateurs seront formés et placés dans toutes les régions et délégations. « Nous œuvrerons pour que les élections soient transparentes et acceptées. Tel est le rôle de l'UGTT qui se tiendra à égale distance vis-à-vis de tous. Elle a opté pour la neutralité positive », dit-il. Bou Ali M'Barki, est inquiet au sujet des déclarations et pratiques à caractère régionaliste ou tribal. Il ajoute : « Nous sommes un seul pays, un seul peuple homogène ayant une seule confession religieuse...Nous appelons tout le monde à éviter le discours fanatique, à relents régionaliste et même tribaux. Il faut éviter d'utiliser ce genre de fanatisme qui nous ramènera des années en arrière. Il faut éviter pareils dérapages. La Tunisie est un pays où tout le monde peut cohabiter. Il ne faut pas mettre en danger l'unité du pays et de la nation. Les prochaines élections permettront de bâtir la démocratie. Nous préparons les nouvelles générations à avoir une mentalité démocratique. Les leaders et les partis politiques sont appelés à enraciner cette mentalité ». L'UGTT a-t-elle des candidats aux prochaines élections législatives ? La Commission administrative de cette organisation, avait appelé à ne pas présenter de candidatures au nom de l'UGTT. Les syndicalistes peuvent être choisis par leurs partis respectifs dans des listes électorales. C'est une question qui intéresse l'éventuel candidat. L'UGTT, ne peut l'empêcher de le faire. Il présente sa candidature au nom de son parti et non au nom de l'UGTT qui abrite en son intérieur les différents courants politiques et de pensée du pays. Quels partis politiques soutiendra l'organisation syndicale ? Tout est question de programme. « Nous appelons les Tunisiens à participer massivement aux élections. Tous les programmes qui sont en harmonie avec les choix de l'UGTT en matière de justice, économie sociale, développement harmonieux, développement des régions déshéritées, limitation du chômage...seront les bienvenus. Nous agirons de façon positive avec les programmes. Voyons les programmes, tout d'abord. Jusque là, nous n'avons rien vu », dit le secrétaire général adjoint. L'UGTT serait-elle favorable à un gouvernement de technocrates après les élections ? « Nous, ne nous immisçons pas dans ce genre d'affaires. Nous voulons, juste un gouvernement stable qui sauvegarde l'indépendance du pays », conclut-il.