S'il a enrichi le paysage politique et a servi le processus transitoire, le pluralisme politique de par le nombre incroyable des partis et des listes indépendantes, n'a guère facilité la tâche au citoyen tunisien. Les élections du 23 octobre 2011 en sont le meilleur exemple. Les résultats, l'éparpillement des voix et la perplexité des électeurs ont montré le revers de la médaille d'un pluralisme politique démesuré. Plus d'une centaine de partis politiques en course vers le pouvoir, cela donne forcément le tournis aux électeurs. Il est évident de rappeler que l'inexpérience politique chez le citoyen tunisien et le peu de connaissances en matière életorale désorientent l'électeur. Déboussolé et ne sachant pas sur quel pied danser, il lui est difficile d'opter pour un choix qui lui semble le plus judicieux. Encore une fois, la première expérience électorale libre de 2011 a illustré la perdition totale des électeurs entre une centaine de partis politiques dont ils ignorent une très large partie. Pour éviter au Tunisien de retomber dans le même sale pétrin durant les élections législatives et présidentielle imminentes, la société civile tunisienne s'est inspirée des expériences comparées et des modèles déployés par les vieilles démocraties. L'expérience allemande a été d'une grande aide. En effet, soutenu par le GIZ, le collectif des Jeunes Indépendants Démocrates (JID) annoncé, hier, la remise en ligne de la plateforme "ikhtiartounes.org". Ce site électronique a pour principal objectif d'aider les Tunisiens dans leur choix durant le vote. Le principe est simple. "Ikhtiartounes.org" se propose de montrer aux électeurs quels sont ou quel est le parti qui correspondent le plus aux idéaux auxquels il croit. C'est ainsi qu'il aide l'internaute à choisir pour qui il pourra voter. Dans ce sens, la plateforme aide les électeurs à se rendre compte par eux-mêmes sur l'identité du parti politique qui partage leurs attentes, principes et ambitions. Le JID a mis en ligne un questionnaire dans la plateforme. Pour ce faire, il a été assisté par un comité d'experts tunisiens indépendants célèbres pour leur intégrité et leur neutralité et qui ne sont pas candidats aux élections. Trente questions pour un parti Un questionnaire composé de 30 questions est mis en ligne sur le site. Tout internaute peut effectuer son choix de réponse par "D'accord", "Pas d'accord" ou "Sans avis". Après quoi, le site ikhtiartounes.org établit une comparaison de ces réponses avec l'idéologie et les principes des partis politiques pour identifier lequel correspond le plus aux attentes de l'internaute-électeur. Le site présente à l'internaute une liste exhaustive des partis politiques qui partagent et défendent les convictions de l'électeur. Le choix du JID a porté sur 30 questions pour éviter que le questionnaire soit complexe ou impossible. La limitation des thèses s'est faite sur le principe de pertinence des thèmes et par priorité. D'un autre côté, le collectif des Jeunes Indépendants Démocrates a d'ores et déjà envoyé ce même questionnaire à tous les partis politiques qui se sont enregistrés pour les prochaines élections. Les trente questions qui leur ont été posées portent sur les attentes et les préoccupations des Tunisiens ces dernières années: Etat de droits, égalité, liberté, justice, décentralisation des pouvoirs, développement équilibré, santé, environnement, économie, éducation, social, média, jeunesse, etc. C'est dans ce sens que la plateforme "ikhtiartounes.org" facilite le choix aux électeurs en leur fournissant de manière concrète les positions et les principes défendus par les partis politiques ayant été réactifs à la démarche du JID. D'ailleurs, le porte-parole du Collectif, Zied Boussen a tenu à préciser, hier que contrairement à un bon nombre de partis politiques qui étaient coopératifs et "ont répondu dans le délai qu'on leur a imparti, certains ont refusé d'y répondre et d'autres étaient injoignables. D'autres encore n'ont jamais remis le questionnaire malgré nos insistances». Le projet ikhtiartounes.org a été inspiré d ́un site allemand qui a été utilisé en 1998 durant les élections parlementaires allemandes. Le JID l'a introduit en Tunisie pour la première fois en 2011 pour les élections de l'Assemblée Nationale Constituante. Le directeur de la GIZ, bureau Tunisie,M. Rainer Krischel, a d'illeurs expliqué: «Après les élections de 2011, la GIZ a pensé à renouveler l'expérience de cet outil, qui a connu un grand succès en Tunisie en 2011 puisque des dizaines de milliers de Tunisiens avaient visité le site pour répondre aux questions posées dans ce site. Cet outil est un soutien allemand pratique à la transition démocratique en Tunisie.»