Le Musée d'ethnographie rouvre ses portes à Genève . Quatre années de travaux lui auront permis de faire peau neuve, et de multiplier par quatre sa surface d'exposition. On y remarque des objets des cinq continents ; le lieu s'efforce de mettre en avant les créateurs, ceux concernant particulièrement ses collections africaines. Si la Suisse n'a jamais eu d'empire colonial, une collection de quelque 80 000 pièces s'est tout de même constituée à Genève au gré des voyages de missionnaires, aventuriers, et diplomates. Le musée qui s'est créé en 1901 pour les abriter méritait bien un nouvel écrin. Autrefois confiné dans les locaux d'une ancienne école, il a désormais une salle d'exposition en sous-sol de plus de 2 000 mètres carrés. Il y présente des objets des cinq continents et s'efforce de mettre en avant leurs créateurs. C'est le cas notamment pour ses collections africaines. Dans la vitrine dédiée au Congo-Kinshasa figurent à la fois des statuettes nkissi (qui signifie « remède »), ces fétiches à clous qui ont toujours impressionné les Occidentaux, et des aquarelles signées Albert Lubaki, des scènes oniriques réalisées dans les années 1920 et 1930 en plein cœur de la RDC où cet artiste peignait à l'origine sur les murs des cases. Albert Lubaki, Rajonah, Ibrahim Njoya... Floriane Morin, responsable du département Afrique, détaille son histoire : « Albert Lubaki a été repéré par des administrateurs coloniaux sensibles à son talent qui ont décidé de lui passer des commandes pour qu'il produise des aquarelles qui seraient ensuite montrées en Europe. Lubaki a eu des expositions à Bruxelles, à Rome, à Paris, dans les années 30. Ce sont les prémisses de cet intérêt pour une création africaine qui n'est pas liée à une fonction culte de quoi que ce soit, qui est juste une création personnelle, signée par un artiste. » Eugène Pittard, anthropologue genevois suisse et directeur du musée à l'époque, se prend de passion pour ces arts picturaux africains. Il commande des œuvres à Albert Lubaki, récupère des peintures éthiopiennes ou des toiles sur raphia de l'artiste malgache Rajonah. Plus tard, les dessins minutieux du camerounais Ibrahim Njoya sur la Cour du Royaume Bamun, les rejoindront. Puisqu'il a été précurseur dans la volonté de présenter leurs œuvres, le Musée d'ethnographie de Genève s'efforce aujourd'hui de mettre ces artistes en avant. (Agences)