Selon les Perspectives économiques régionales, publiées le 27 octobre par le FMI, la croissance sera en légère hausse dans la région MENA, à 2,6 % cette année (voir le tableau). En 2015, elle pourrait rebondir si la situation sécuritaire s'améliore. «L'intensification des problèmes de sécurité, notamment liés à l'escalade des conflits en Irak et en Syrie, fait craindre une dégradation de la situation. Elle a eu jusqu'ici un impact économique limité, mais le nombre de personnes déplacées, estimé à 11 millions, pèse déjà sur les budgets, les marchés du travail et la cohésion sociale dans les pays voisins», a déclaré Masood Ahmed, Directeur du Département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, lors de la présentation du rapport à Dubaï. «La région a besoin d'une croissance soutenue, plus forte et plus inclusive pour faire reculer sensiblement le chômage — un problème pressant pour presque tous les pays de la région», a ajouté M. Ahmed. Les pays importateurs de pétrole ont besoin de réformes pour créer des emplois Le FMI souligne quelques tendances positives observées dans les pays importateurs de pétrole de la région. Les exportations, le tourisme, et les investissements directs étrangers s'améliorent progressivement dans certains cas, à mesure que les incertitudes politiques se dissipent. Par ailleurs, de nombreux pays — notamment l'Egypte, la Jordanie, le Maroc, la Mauritanie, le Pakistan, le Soudan et la Tunisie — ont avancé dans la maîtrise des coûts des subventions énergétiques. L'objectif était en général de réaffecter une partie des économies ainsi dégagées pour accompagner la croissance et réduire la pauvreté grâce à des systèmes de protection sociale mieux ciblés, et à des investissements porteurs dans les infrastructures, la santé et l'éducation. Les pays utilisent aussi une partie des économies réalisées grâce à la réforme des subventions pour réduire leurs déficits budgétaires, précise le rapport. Néanmoins, l'effet conjugué des profondes tensions sociopolitiques, des goulets d'étranglement structurels et des conséquences de l'aggravation des conflits régionaux, empêche la croissance de revenir aux niveaux nécessaires pour réduire les taux de chômage élevés qui existent aujourd'hui, ajoute le rapport. Le FMI s'attend à ce que l'activité économique dans ces pays reste terne cette année, aux environs de 3 %, et passe à 4 % environ en 2015. Cependant, cette perspective est entachée de risques considérables. Pour la Tunisie le FMI table sur un taux de croissance de l'ordre de 2,8% en 2014 et sera consolidé en 2015 pour atteindre 3,7%. « En Tunisie, les progrès de la transition politique incitent les bailleurs de fonds à augmenter leur soutien. Mais la croissance reste hésitante, et l'aggravation des déséquilibres externes a continué à exercer des pressions sur le taux de change. Des mesures importantes sont prises actuellement pour remédier à la fragilité du secteur bancaire qui fait obstacle à une croissance plus forte et plus solidaire », notre le rapport du FMI sur les perspectives de l'économie mondiale. «Les répercussions des conflits régionaux, les revers des transitions politiques et la croissance plus faible que prévu des principaux partenaires commerciaux pourraient miner même la reprise modeste à laquelle nous nous attendons pour la région», a déclaré M. Ahmed. Une croissance anémique et sans emploi «Pour la plupart des habitants de la région, l'amélioration du niveau de vie ne se fait pas encore sentir car il faut du temps pour que certaines réformes portent leurs fruits», a déclaré M. Ahmed lors de sa conférence de presse. En mettant en valeur les efforts en cours, les pays visent à assurer une trajectoire viable pour leur dette publique et à nourrir la confiance dans l'avenir, ce qui contribuera à promouvoir la croissance et la création d'emplois, a¬t¬il ajouté. Le FMI souligne que l'amélioration durable de la croissance à moyen terme et des perspectives de l'emploi nécessitera une profonde transformation sur de multiples plans pour donner libre cours au dynamisme économique dans le secteur privé, ce qui permettra de rehausser le potentiel de croissance, de créer plus d'emplois et de réduire les inégalités. «Pour promouvoir cette transformation, les dirigeants devraient formuler et mettre en œuvre un programme énergique et crédible de réformes économiques qui recueille le soutien de la population. Il sera essentiel de privilégier les réformes visant à améliorer le climat des affaires, l'éducation et l'efficience du marché du travail pour doper la croissance potentielle», a déclaré M. Ahmed. Le rapport précise en outre qu'un soutien financier supplémentaire de la communauté internationale, le renforcement des capacités et l'élargissement des débouchés commerciaux permettraient d'accompagner les efforts de réforme des pays et de faciliter un ajustement macroéconomique plus graduel et moins pénible. Le FMI reste profondément déterminé à accompagner la région au moyen de conseils de politique économique, de concours financiers et d'une assistance technique.