Y a-t-il encore une place pour le livre et pour la lecture dans cet univers envahi par les nouvelles technologies ? Si hier, La lecture a joué un rôle crucial en matière d'éducation populaire, aujourd'hui on assiste à d'autres formes de lecture imposées par les nouvelles technologies. Source d'épanouissement de l'esprit et de l'âme, d'enrichissement et de joie, la lecture, chez nous, se cantonne au cadre scolaire, académique et culturel. Toutefois la lecture demeure très limitée voire absente en milieu rural. Pour intéresser plus ce milieu rural à la lecture, le Ministère de la culture organise en collaboration avec son homologue de l'éducation un colloque national sur la lecture en milieu rural, les 5,6 et 7 novembre à Sousse. Y a-t-il encore une place pour le livre et pour la lecture dans cet univers envahi par les nouvelles technologies ? Quelle est la place du livre et de la lecture dans le monde rural ?Le livre est-il capable de résister à la concurrence des Ntic dans le monde rural ? Les interventions et les représentations théâtrales prévues lors de ce colloque porteront sur les spécificités des lectures qui intéressent les jeunes et les moyens de promouvoir cette pratique. La réalité du livre dans le contexte des nouveaux médias sera également abordée, outre l'organisation de visites aux écoles primaires de Dar Belaouer à Enfida et de Sidi Saied à Bouficha et les workshops animés par Mohamed Abed, Youssef Saadani et Sami Jazi. Il est vrai que parmi les Tunisiens qui ne lisent jamais rien, le monde rural constitue la catégorie la plus importante. Il est logique que la partie rurale de la population actuellement encore beaucoup moins concernée par l'enseignement comprenne le plus petit nombre de lecteurs. Plusieurs raisons sont à l'origine à cette désaffection. Pourquoi ce désintérêt manifeste à l'égard du livre et de la lecture ? Les raisons qui poussent beaucoup de ruraux à ne pas acheter un livre et à ne pas lire tout court sont multiples. L'appétit de lecture chez les jeunes est à peu près nul. Ils sont encore nombreux, occupés à des travaux pénibles; les rares contacts qu'ils peuvent avoir avec les livres sont ceux que les instituteurs peuvent leur fournir. Pour le reste leur seule lecture est celle du journal quotidien. L'écolier en milieu rural passe une trentaine d'heures dans l'enceinte scolaire pour apprendre une panoplie de disciplines, sans perdre de vue que ce même apprenant est tenu à réviser ses leçons, à faire ses devoirs, à se documenter, à pratiquer une activité sportive....ce travail acharné ne lui laisse pas suffisamment de temps libre pour se livrer à la lecture. Les enseignants débordés et faute du temps n'arrivent pas à inculquer le goût et l'immense plaisir de l'acte de lire .Le troisième aspect qui entre en jeu réside dans l'absence de coin de lecture au sein de nos salles de classe susceptible d'encourager l'émergence d'un lectorat potentiel. N'en parlons pas de bibliothèques qui sont absentes. Les jeunes d'aujourd'hui, vous diront que le livre ne les intéresse plus vraiment, puisque les nouvelles technologies ont facilité la tâche de l'apprentissage et de l'instruction. Ils n'ont ni tout à fait raison ni tout à fait tort. En effet, dans un monde où la technologie gagne du terrain à grands pas et où il est désormais possible de feuilleter des livres entiers sur internet, les réseaux sociaux, le face book, la télé...sont des causes principales de cet abandon. Cette crise est liée aussi à l'éducation car les familles n'encouragent pas leurs enfants, dès leur enfance, à lire et à aimer le livre et de donner à la lecture son importance dans nos vies quotidiennes. Et pourtant l'encouragement à la lecture a toujours été un objectif dans notre système scolaire. On est bien conscient, en effet, que l'amour de la lecture s'acquiert depuis la plus tendre enfance et qu'il faut miser sur l'école pour familiariser les enfants avec le livre. La bibliothèque itinérante et les spots qui incitent à la lecture dans les transports en commun, comme «Al Kitab zad el moussafir» organisée en partenariat avec les sociétés de transport terrestre et ferroviaire pourront contribuer à intéresser les jeunes en milieu rural à la lecture. Mais ce ne sont que des initiatives limitées dans le temps et l'espace. Les ministères de la culture et de l'éducation nationale doivent coordonner leurs actions et leurs synergies pour atténuer cette crise chronique qui frappe de plein fouet la lecture. Ce colloque de Sousse est de nature à tracer une nouvelle stratégie afin de bien ancrer la lecture en milieu rural. Il y aura toujours un public pour les livres.