Le colloque tenu vendredi et samedi derniers sur la lecture et la motivation à la lecture déboucha sur une table ronde à laquelle prit part une foule nombreuse de représentants des secteurs de l'éducation, de l'édition, de la culture et des médias. Il s'agissait pour tous ces intervenants de proposer des solutions concrètes afin de réhabiliter la lecture en particulier auprès des jeunes et des futures générations. Avant les suggestions, on revint sur des constatations amères tournant toutes autour de la désaffection généralisée à l'égard du livre et de la lecture. Les éditeurs présents soulignèrent en revanche que ce sont les jeunes qui incitent leurs parents à leur acheter des livres. On a, à ce propos, déploré que les adultes lisent de moins en moins. « Même les enseignants et nous-mêmes inspecteurs avons délaissé la lecture », reconnut un pédagogue lors de son intervention. La télévision et les médias ont été également désignés du doigt comme directement ou indirectement responsables de l'abandon du livre au profit des biens de consommation futiles. Pour ce qui est des propositions avancées, on peut les classer en trois catégories : celles dont l'application relève du Ministère de l'éducation et de ses différentes structures pédagogiques, celles qui impliquent l'élève et sa famille et enfin celles qui engagent la responsabilité de la société civile. Dans les établissements scolaires On a, par exemple, suggéré que l'année 2011, décrétée officiellement année du livre, donne lieu à une grande fête nationale de la lecture et que soit organisé à cette occasion un concours de la même échelle auquel contribueront tous les partenaires concernés et qui sera couronné par la remise de prix conséquents et réellement motivants. On demanda aussi que la lecture figure parmi les matières enseignées et sanctionnées par une note aux examens de l'année. Il faudrait d'autre part que le Ministère de l'éducation mette en place un large programme de collaboration entre les établissements scolaires et les bibliothèques publiques. Pourquoi, se demandent certains, ne pas recruter des enseignants (sinon des étudiants) lecteurs qui animeront des ateliers de lecture dans les classes ? En ce qui concerne les bibliothèques des écoles, des collèges et des lycées, on pense qu'il faut actualiser les fonds et privilégier l'achat de livres destinés aux jeunes. Dans ce sens, on recommanda particulièrement les illustrés et les bandes dessinées. On proposa aussi d'abonner tous les établissements du pays aux publications nationales et internationales destinées à la jeunesse. Les responsables de bibliothèques scolaires doivent être eux-mêmes suffisamment motivés et compétents pour prendre en charge et gérer ces espaces malheureusement peu sollicités. Le retour à la bibliothèque de classe est souhaitable tout comme la mise à niveau et la formation adéquate des nouveaux enseignants incapables parfois de lire convenablement les textes qu'ils proposent à leurs élèves. Il importe aussi de penser à équiper et à enrichir les bibliothèques des écoles dans les zones les plus démunies du pays, car c'est souvent là que le problème de la motivation ne se pose pas tandis que les livres manquent lamentablement. En famille et dans la société En classe, on peut concevoir une infinité d'activités pour encourager les élèves à lire : entre autres associer la lecture à la réalisation d'un projet (par exemple, organiser des dictées sur des extraits de livres lus récompensées par un bonus de points). Encourager les ateliers de lecture est une bonne chose à condition que cela débouche sur une activité de production écrite, afin de créer une dynamique permanente et féconde entre la lecture et l'écriture. L'atelier théâtre peut également profiter à l'élève, notamment lorsqu'il s'agit de jouer des séquences du livre lu ou d'improviser à partir de ce texte, une fiction personnelle. En milieu familial, il faut que les parents reprennent plaisir à « bouquiner » : en tant que modèles à suivre pour leurs enfants, ils doivent donner l'exemple ; à tout le moins, ils ne doivent pas rechigner à acheter régulièrement des livres à leurs petits et à leur faire aimer très tôt le contact du livre. On doit par ailleurs réhabiliter la traditionnelle séance de contes juste avant le coucher des enfants. Sans toutefois obliger ces derniers à lire, car ce verbe ne se conjugue pas à l'impératif ! Il vaut mieux les amener à s'intéresser de leur propre gré aux livres et aux illustrés. S'ils aiment écouter les histoires enregistrées sur CD ou sur tout autre support moderne, il faut y consentir tout en continuant à encourager la lecture des livres en papier. La société civile a son rôle à jouer pour motiver à la lecture : imaginons des bibliothèques dans les moyens de transports, dans les espaces publics de distraction, des coins-lecture dans les grands centres commerciaux, dans les salles d'attente des administrations et des hôpitaux ; une chaîne de télévision ou de radio, des feuilletons et des films qui véhiculent une image plus valorisée du livre et de la lecture ; des spots publicitaires qui font de la réclame pour un recueil de contes, pour un roman ou bien pour un album illustré plutôt que pour des coupe-faim néfastes pour la santé des jeunes !