Dans quelques jours, les Tunisiens connaîtront le nom de leur futur président ou les noms des deux candidats encore dans la course pour le deuxième tour. Qui aura l'honneur d'être le premier président élu au suffrage universel sous la deuxième République ? Les pronostics divergent, les supputations vont bon train et les manœuvres aussi. Et du côté des candidats c'est l'optimisme ambiant. Chacun croit ferme en ses chances, ne s'avoue pas vaincu d'avance et tente de présenter au peuple l'image du « président rassembleur », « du président de tous les Tunisiens » et du « garant des institutions de la République » et de la pérennité de l'Etat. Sauf qu'en politique et dans les compétitions électorales en particulier il n'y a de place ni à l'amateurisme ni aux caprices du hasard. La victoire est généralement du côté des grands partis, porteurs de vrais projets de société et de programmes à la hauteur des attentes du peuple et dont les candidats sont adossés à des machines électorales efficaces et bien huilées et à une large assise populaire entreprenante et dévouée. De ce fait tous les candidats ne démarrent pas sur un pied d'égalité. Plusieurs candidatures ne sont réellement que de la pure figuration, à l'aspect folklorique qui est l'une des particularités des élections dans toutes les démocraties, les anciennes comme les naissantes. La vraie confrontation est entre les poids lourds, les chevronnés de la politique, les désignés favoris. Et pour les élections du 23 novembre, ils sont nombreux à postuler à ce statut avec néanmoins beaucoup de spéculations autour de l'un deux. Béji Caïd Essebsi, devient du coup le principal souci de la majorité de ses concurrents et l'homme à qui il faut barrer la route de Carthage. Les motifs évoqués sont multiples mais le plus en vogue ces jours-ci est l'hégémonie et la prédominance d'un seul parti sur la pouvoir exécutif et la crainte du retour de la dictature (Ettaghaouel). Généralement dans les anciennes démocraties, une victoire entraîne une autre, mais dans le cas de M.Béji Caïd Essebsi et Nidaa Tounes on ne sait pas si c'est un avantage ou un handicap. Car on a l'impression d'assister plus à une campagne contre le candidat de Nidaa Tounes qu'à une confrontation loyale pour la présidence. Le plus étonnant ce sont les candidats du camp démocratique qui s'affichent les plus virulents, le président sortant en particulier. S'ils sont sortis les mains vides des législatives, ils voient dans la présidentielle leur seule alternative. Seulement elle ne peut être acquise avec un électorat qui régresse comme une peau de chagrin (les législatives le confirment). Et c'est là qu'entre le rôle des alliances, des manœuvres et la convoitise d'un coup de pouce d'Ennahdha, deuxième parti du pays en particulier. Celui-ci qui n'a pas présenté de candidat a décidé de ne soutenir aucun postulant à la présidence. Mais-a-t-il vraiment opté pour la neutralité ou a-t-il donné des consignes secrètes ? Dans ce cas pour quel candidat ira le vote de Nahdahouis ? L'attente est fébrile ... Mais les Tunisiens savent réserver les bonnes comme les mauvaises surprises.