Que reste-t-il du Belvédère en dehors d'un arbre planté chaque année ? Il faut tout de même rappeler pour l'Histoire que ce grand jardin de la « fille du Bey » (Jenen Bent Arraï) a été l'œuvre du Bey et du protectorat français vers 1889, comme quoi, même la colonisation peut à ses heures, faire une œuvre utile malgré son injustice et ses malheurs, quand un Résident général comme René Millet connu pour sa culture et son intégrité morale se décide non pas à réprimer ou à détruire, mais planter les arbres de l'avenir et de la paix ! J'ai passé quelques bonnes années aux archives nationales de « Dar El Bey » à la Kasbah, quand je faisais des recherches sur le premier mouvement nationaliste « Jeunes Tunisiens » du grand leader Ali Bach Hamba et ses camarades, fondateurs du journal « Le Tunisien » de l'Association des élèves du Sadiki, compagnons de Abdelaâziz Thaâlbi, autre leader charismatique nationaliste et islamiste libéral (déjà) et je vais vous étonner peut être : Je n'ai jamais trouvé un document qui montre que les Résidents généraux du protectorat colonial français se sont appropriés des biens, des maisons ou des fermes ou des entreprises en Tunisie ! Je suis allé même du côté de la France métropolitaine, aux archives du Quai d'Orsay à Paris, aux archives militaires de Vincennes et de Nantes et ils sont tous muets sur la question ! Ceci ne veut pas dire que des millions d'hectares n'ont pas été cédés à la colonisation de peuplement opérée par la puissance coloniale française, mais les Résidents généraux étaient des fonctionnaires « ambassadeurs » français, qui dépendaient d'ailleurs hiérarchiquement du ministère français des Affaires étrangères de France, comme le voulait la convention Traité du 12 mai 1881 du protectorat et il n'y a rien qui prouve qu'ils étaient à titre personnel « corrompus » ! Ceci je le dis pour relativiser la gestion « humaine » des affaires publiques et où la corruption et la mauvaise gestion peuvent exister aussi du côté des nationaux du pays. Je vous laisse méditer ! Mais revenons au Belvédère ! Ce que je remarque c'est que ce bout de grand jardin, poumon de la capitale, n'arrête pas de subir les harcèlements les plus divers. Un jour, ce sont les « bolides » vieux et anciens qui y font la course, le dimanche s'il vous plaît quand les promeneurs des quartiers environnants n'ont pas où aller, un jour c'est les amoureux discrets (en voiture encore) qui y pénètrent et polluent le parcours de santé. Et tout au long de la semaine, ces soulards que même les chiens errants n'arrivent pas à déloger! Je ne parle pas de cette invasion de véhicules garés (et qui ne payent rien sur les trottoirs à la Mairie de Tunis) et qui font de ce parc le plus grand parking « non municipal » de la capitale! Après 125 ans, depuis la naissance du Belvédère, et après 58 ans d'indépendance, la ville du « grand Tunis » qui compte plus de 4 millions d'habitants, étouffe et demande la création de nouveaux Belvédères avant que la ville ne soit bidonvillisée à jamais par l'anarchie des déchets et le mauvais goût ! Ne me dites pas qu'il faut rappeler un « Résident général » pour le faire, car il y a mieux à faire : Un Tunisien, « au tempérament Romain », avec une grande vision et de la volonté et de la détermination, pour repenser nos villes et les faire « respirer » à nouveau ! Les arbres, c'est bon de les planter... mais, c'est encore mieux de les aimer et de les protéger !