Elle fait le buzz. Et elle suscite autant l'engouement de ceux qui veulent changer de couleur des yeux que la dénonciation, principalement celle de l'Association tunisienne d'ophtalmologie. Elle supplante les lentilles multicolores, mais selon des experts aux Etats-Unis (là où est née cette technique) et en Europe, et maintenant en Tunisie, on risque tout bonnement d'y perdre la vue. Beaucoup de personnes jeunes et moins jeunes souhaitent bien changer la couleur de leurs yeux, et en général le bleu est la couleur la plus prisée. Il y a moins d'une poignée d'années on a beaucoup parlé de cette nouvelle technique de l'implant irien découverte aux Etats Unis avant de se répandre sur le vieux continent, mais au fait, au fond peu de temps après avoir fait son éloge, on constate de plus en plus qu'elle n'est pas fiable, car elle peut occasionner des dommages irréparables, allant de l'inflammation chronique jusqu'à la perte de la vue pure et simple. Pourquoi risquer de perdre la vue quand on peut recourir le temps d'une journée ou d'une soirée aux lentilles de contact de quelle que couleur qu'on aime, pour avoir de beaux yeux ? Pour avoir une idée sur ce phénomène naissant chez nous dont la dangerosité n'est pas bien prise en considération et pour avoir une plus ample idée sur la nocuité qui peut en découler, nous avons pris contact avec le professeur Mohamed Ali El Afrit, Président de la Société Tunisienne d'Ophtalmologie. Il n'y est pas allé par quatre chemins. Déclaration: « Ce type de chirurgie qui, soit dit en passant, est très simple, et si cette technique n'est pas vulgarisée, ce n'est pas parce qu'elle est techniquement difficile, elle ne dure que 8 à10 mn et est beaucoup plus simple qu'unephacoémulsification par exemple (la fragmentation du cristallin se réalise à l'aide d'ultrasons, grâce à un appareil appelé phacoémulsificateur, par la technique de phacoémulsification). Elle n'est pas diffusée parce que les instances de santé dans des pays comme la France ou la Suisse, ne l'acceptent pas dans ces indications purement cosmétiques. D'ailleurs, en définitive, elle n'a pas eu l'agrément dans cette indication aux USA. Elle n'est tolérée que dans certaines pathologies comme l'aniridie et là, l'enjeu en vaut la chandelle. Une information que les citoyens, je ne dis pas patients, doivent connaître: Primo : dès qu'on ouvre la chambre antérieure de l'œil et même sous visqueux, il y a une perte inéluctable de cellules endothéliales cornéennes qui permettent de garder une cornée transparente toute la vie et le risque de cette agression (car c'en est une) est d'accélérer la déperdition de ces cellules et ainsi exposer l'œil à plus ou moins terme à la redoutable décompensation cornéenne. Secundo : autre part, dès qu'on ouvre l'œil le risque infectieux est bien réel malgré toutes les précautions et les avancées dans la prévention. Tertio : Triturer la chambre antérieure par du visqueux, la coloniser par un corps étranger –puisses t'il être de la meilleure des matières va engendrer inéluctablement des modifications de l'angle irido-cornéen et dont induire un glaucome secondaire toujours possible. Quarto : le risque pour le cristallin (cataracte) est aussi possible. Par ailleurs, plusieurs publications internationales ont présenté des catastrophes dues à cette chirurgie du sensationnel. Pour toutes ces raisons, en plus de l'aspect éthique qui me gêne énormément, la société Tunisienne d'Ophtalmologie ne peut en aucun cas cautionner ce type de chirurgie et attire l'attention des personnes en quête d'un changement esthétique sur les risques réels encourus. Nous attirons également l'attention des médias de ne pas trop s'enflammer avant de s'enquérir auprès des sociétés savantes et de se poser tout simplement la question: pourquoi cette technique si simple n'a pas eu l'essor que théoriquement elle aurait mérité? »