Concourant pour le Tanit d'Or, le film jordanien « Dheeb » de Naji Abou Nowar a de fortes chances de remporter un prix. On connait mal le cinéma jordanien parce qu'il nous parvient seulement à l'occasion des JCC. On peut dire que jusqu'ici il ne s'est pas distingué. Or, cette 25ème session des JCC nous propose deux grands films : « Dheeb » et « L'insupportable présence d'Ismahan » de Azza El Hassen. « Dheeb » est fait de trois fois rien : un désert, une tente, des chameaux et des bédouins. L'histoire se passe dans la province ottomane du Hijaz durant la première guerre mondiale, un enfant du nom de « Dheeb » va vivre une aventure bouleversante qui va le transformer. Le soir sous une tente sont rassemblés des bédouins et un anglais que Dheeb regarde avec curiosité. Au lever du jour, tous sont en partance vers une destination qu'on ignore. Au cours de la traversée du désert, ils se font attaquer par d'autres bédouins. Tous meurent sous les balles comme dans un véritable western. Ne survit que le petit « Dheeb ». Mais, l'un des attaquants le balance au fond du puits. L'enfant s'arrange pour échapper à cette mort certaine et regagne le désert. Il enterre son oncle tué par l'ennemi et se met à la recherche de l'eau et de la nourriture pour survivre. Sans trop tarder, il aperçoit un chameau transportant un blessé. Méfiant, Dheeb hésite à porter secours à l'homme qui a tué les siens puis décide de l'aider. Une fois guéri, l'homme et l'enfant suivent les rails d'un train qui conduit vers une caserne. Arrivé sur les lieux, l'homme présente à l'officier Dheeb comme étant son fils. Trahi, ce dernier tue son accompagnateur devant la caserne. Avec une grande économie de moyen, le réalisateur met sous pression le spectateur en l'invitant à accompagner l'enfant dans son angoisse à surmonter les épreuves qui lui arrivent dans cet espace ouvert, étrange et inquiétant qu'est le désert. L'image subliminale du lieu avec ses montagnes rocheuses hautes et hostiles, le sable presque rose est rompue par les crimes commis par ces groupes d'hommes qui s'entretuent on ne sait pour qu'elle cause. Sont-ils à la recherche d'un métal précieux comme ces chercheurs d'or du Névada ou d'une pièce archéologique ? Le mystère reste entier. Quant à l'enfant, il aura appris, au cours de cette aventure à devenir un homme. Il aura connu la soif, la faim, la rancœur des adultes, la trahison et enfin le meurtre. « Dheeb » est un western arabe réussi qui rehausse le genre sans l'escamoter. On peut aimer comme on peut détester. Il reste un film bien construit , porté par un enfant acteur très attachant.