Le gouvernement adopte encore une approche « offensive » pour faire passer la pilule du report de l'âge de la retraite. Façon de dire que les pertes accusées par les caisses sociales (CNSS, CNPRS et la CNAM) rend nécessaire le report de l'âge de la retraite à 62 ans au lieu de 60 actuellement. Si non, le déficit que ces caisses accusent dépassera 400 millions de dinars d'ici la fin de l'année, contre un déficit de 220 millions de dinars en 2012 et 280 millions de dinars en 2013. Toute chose étant égale par ailleurs, les trois caisses sociales pourraient accuser un déficit de 700 millions de dinars en 2015. Toujours, selon les chiffres avancés par le gouvernement, la CNRPS qui couvre le secteur public est de l'ordre de 200 millions de dinars contre 121 millions de dinars une année auparavant. Même constat pour la CNSS, qui couvre le secteur privé, avec un déficit qui dépasse 100 millions de dinars, tout régime confondu. D'après le discours officiel, la solution réside principalement en un report de l'âge de la retraite à 62 ans. Puisqu'il est impossible, conjoncture oblige, de relever les taux de cotisations ou/et de diminuer les pensions de retraites. La première mesure serait donc plus adéquate dans un contexte de transition. Cette action, une fois envisagée, pourrait générer aux caisses sociales 400 millions de dinars en deux années. C'est dire que d'ici 2017, les caisses sociales devraient être bénéficiaires. Tout compte fait, les soldes de bilans des trois caisses sociales devraient être bénéficiaires de 200 millions de dinars en trois ans. Est-ce vraiment leur vocation ? Quoi qu'il en soit, le gouvernement tient encore à cette proposition et avance toujours ces arguments pour faire passer cette mesure. Vieillissement de la population Au-delà de ces chiffres « alarmants », le gouvernement avance quelques explications de la situation financière des trois caisses sociales. On impute ce déficit au vieillissement de la population entre autres l'augmentation du nombre des bénéficiaires. Chiffres à l'appui : en 2015, les chiffres officiels font apparaître une augmentation du nombre des retraités affiliés à la Cnrps devra atteindre 700 500 cotisants environ contre 264 000 bénéficiaires. Façon de dire qu'il faudrait au moins trois agents actifs pour couvrir la pension d'un retraité. Pour le régime couvert par la Cnss, dépassera 1 969 000 affiliés environ, tandis que le nombre des bénéficiaires a dépassé les 397 000. Il faudrait ainsi au moins 5 actifs pour couvrir la pension d'un retraité. Les mêmes prévisions laissent apparaître que le nombre des bénéficiaires va doubler d'ici 2030, tandis que le nombre des cotisants va augmenter uniquement de 35%. Le déficit des trois caisses sociales devrait également continuer à se creuser. Un déficit chronique pénalisé par une conjoncture assez défavorable. Réforme profonde ! Pour un déficit et structurel, il faudrait des solutions structurelles, entre autres la réponse à un problème socio-économique devrait être impérativement socio-économique. C'est dire que tout d'abord, le déficit des caisses sociales devrait être résolu par l'accroissement de l'emploi. La création d'emplois, générera plus de cotisants aux caisses sociales permettant de mieux couvrir les pensions des retraités. Les études ne manquent pas à ce propos. A l'UGTT, première centrale syndicale, on propose ainsi, dans une étude relative au déficit des deux caisses sociales lancée en 2005, de procéder à une refonte de système de sécurité sociale moyennant une refonte de système de financement des caisses sociales, la lutte contre la fraude sociale et surtout l'incitation de l'Etat à renoncer à l'octroi des exonérations des cotisations sociales. Dans le même contexte, on pense certes, à une révision du mode de financement de la santé publique pour aboutir à une suppression des multiples transferts des caisses sociales au ministère de la Santé publique. Nombre de solutions sont recommandées par la partie syndicale en Tunisie. On en reparlera avec plus de détails.
