Une conférence de presse, s'est tenue hier, regroupant les représentants de l'organisation I Watch (Ana Yakedh) et présidée par Achref Aouadi, coordinateur du projet du monitoring local des élections, en vue d'annoncer les résultats de l'observation du processus de vote le jour du scrutin relatif au deuxième tour de la Présidentielle, de présenter en chiffres et statistiques les observations et les infractions commises lors du dépouillement et d'évaluer le travail de l'ISIE pendant cette période électorale. I Watch a mobilisé 750 observateurs répartis sur toutes les régions de la Tunisie. Ces observateurs ont jugé que le processus s'est bien déroulé d'une manière générale avec quelques exceptions. En effet, concernant l'accès des handicapés au vote, I Watch s'est félicité du rôle de l'ISIE qui, en collaboration avec certaines organisations s'intéressant aux droits des personnes handicapées, a mis en place certaines procédures telles que l'aménagement des centres de vote à travers la mise à disposition d'un emplacement et d'un passage adéquats qui répondent aux besoins des handicapés moteurs. Lors du deuxième tour de la Présidentielle, 81,3% des bureaux ont été munis des affiches indiquant le centre de vote contre 74,1% dans le premier tour de la Présidentielle. Les urnes aménagées pour les handicapés ont également, vu passer leur nombre passer de 70,3% lors du premier tour de la Présidentielle à 75,5% lors du deuxième tour de la Présidentielle. Ainsi que la procuration des bulletins de vote spécifiques en Braille pour les électeurs malvoyants qui ont passé de 53,2% à 57,5% des centres de vote. De plus, l'intervention des représentants dans l'opération du dépouillement s'est déclinée de 13,1% à 9,4%, chose de quoi il faut se féliciter. En ce qui concerne la participation des observateurs et des représentants des candidats, comme au premier tour, les organisations de la société civile et les partis politiques ont accrédité un grand nombre d'observateurs. Les candidats finalistes à la présidentielle ont déployé de nombreux représentants pour le second tour. Sur les 88000 observateurs accrédités, 67% étaient des représentants des candidats. Les représentants des candidats étaient présents dans 282 bureaux de vote. Cependant, I Watch reproche à l'ISIE les mesures restrictives qu'elle a prises dans le but de protéger le choix des électeurs de toute influence extérieure, en donnant comme instruction aux présidents des centres de vote de limiter le nombre d'observateurs et de représentants des candidats dans les bureaux de vote et en leur interdisant de rester dans la cour des centres de vote le jour du scrutin. L'instruction de dernière minute de l'ISIE leur interdisant de rester dans les cours des centres de vote a indûment limité leur observation. En effet, dans 43% des bureaux, les observateurs étaient absents durant le déroulement du scrutin. Bien que les autorités électorales aient généralement encouragé le rôle des observateurs nationaux et celui des représentants des candidats et aient facilité leur accès aux bureaux de vote. Achref Aouadi a qualifié cette décision de dérisoire dans la mesure où elle n'assure pas la transparence des élections et ouvre la porte devant toute opération de fraude et de falsification des résultats. Les élections montrent que la Tunisie est en marche vers une société démocratique. Le nouveau Président, les députés et le gouvernement doivent maintenant s'acquitter de la promesse de la Révolution et répondre aux attentes suscitées par les élections. L'Assemblée des représentants du peuple (ARP) nouvellement élue doit œuvrer pour consacrer les principes de la nouvelle Constitution dans la législation nationale. Le cadre juridique de la Tunisie, en grande partie hérité de l'ancien régime, doit également être révisé afin de refléter les principes des droits de l'Homme inscrits dans la nouvelle Constitution. L'Assemblée doit également établir les institutions permanentes définies par la Constitution, notamment la Cour constitutionnelle et le Conseil supérieur de la magistrature dans les délais prévus, et élaborer une loi électorale pour régir la conduite des élections municipales prévues pour 2015. Ces mesures permettront à la Tunisie de consolider ses acquis démocratiques.