Avec le spectacle de Zahira Ben Ammar, le rideau vient de tomber sur le festival du conte au club Tahar Haddad. Une semaine durant, le public des enfants a investi le petit théâtre du club où l'on pouvait compter des centaines de spectateurs à chaque représentation. Ce qui est à retenir de cette septième édition du festival, c'est la grande diversité des spectacles qui révèle que l'art du conte est en pleine vitalité. En effet, les comédiens ayant participé à cette semaine se sont caractérisés par la diversité de leurs approches et une présence scénique éloignée de la monotonie. Si les uns ont privilégié une approche classique, dans le style Abdelaziz Laroui, avec un conteur immobile, assis devant le public, tel un fdaoui de la tradition, ils sont nombreux ceux qui ont préféré sortir de ce carcan et présenter des contes en mouvement. Enfants de l'image subjugués par les mots Certains ont préféré s'accompagner d'un tambour, d'autres ont fait appel à des clowns, d'autres encore ont choisi de mimer ce qu'ils racontent. Dans plusieurs cas, les conteurs ont utilisé des costumes traditionnels. Toutefois, plusieurs d'entre eux ont opté pour un costume de scène plus sobre qui, il faut le souligner, a été mis en valeur par les éclairages distillés par Rejeb Zeramdini, opérateur lumière pour cette édition du festival. Au final, c'est la grande diversité des approches qui a prévalu. Et cela s'est traduit par une adhésion du jeune public qui autrement aurait été lassé par le statisme répétitif de l'attitude figée des conteurs. En ce sens, certains artistes ont choisi l'interaction avec les enfants en les faisant participer carrément au spectacle. Ravis, ces derniers ne se sont pas fait prier et sont plus d'une fois montés sur scène. La seconde remarque importante a trait à la langue utilisée par les conteurs qui se sont tous exprimés en dialectal tunisien. Cet aspect est remarquable car nous avons pu voir une maitrise des subtilités des dialectes tunisiens à l'œuvre. Et il est vrai que nos dialectes sont d'une grande diversité. Entre le parler keffois et le parler tozeurois, il y a d'importantes différences dans l'intonation ou les accents. Toutefois, c'est le parler standardisé qui a dominé, celui du dialecte tunisois, à mi-chemin entre la langue de Béchir Khraief et celle de Taoufik Jebali. Cette dimension du conte est importante car elle familiarise les enfants à la diversité de nos dialectes et à l'importance de la langue tunisienne dans la création artistique. Encore imprégnés de leur langue maternelle, en phase d'apprentissage de l'arabe littéraire, les enfants se sont véritablement régalés. La dimension artistique du dialecte tunisien Mieux les conteurs ont fait preuve de pédagogie en expliquant certains idiomes tout en racontant leurs histoires. Décidément, ce festival du conte est aussi le plus bel hommage aux dialectes tunisiens ! Enfin, il convient de souligner que les performances des conteurs ont aussi convoqué l'imaginaire des présents. Avec de simples mots, les artistes recréaient des univers fabuleux, des mondes magiques. Il faisait plaisir de voir les enfants de l'image ébahis par des mots dans leur nudité, des mots pleins de signifiants qui faisaient revivre des univers invisibles mais palpables. Au temps de l'image, remplir des salles d'enfants attentifs par la vertu de simples mots relève du miracle ! Une semaine durant, le club Tahar Haddad a démontré que le conte avait encore de beaux jours devant lui. En organisateurs heureux, Mouaouia Gharbi et son équipe peuvent savourer leur succès. En attendant la huitième édition de ce festival devenu inséparable des vacances scolaires d'hiver...