Après la passation des pouvoirs de la Présidence de la République, la Tunisie se prépare à vivre l'instauration de son nouveau gouvernement postélectoral. Cela fait des semaines que l'on entend parler du profil des différentes composantes de la prochaine équipe gouvernementale et surtout, de son chef. Le prochain chef du gouvernement devra être indépendant, compétent et proche du mouvement majoritaire au suffrage universel. Une qualité a été omise de ce profil recherché : qu'il soit, aussi, proche de la femme tunisienne. Cette femme qui s'est démarquée par son parcours, ses compétences et son implication dans les plus grandes affaires de la Nation. L'Assemblée Nationale Constituante (ANC), a établi le principe de la parité concernant les listes législatives garantissant ainsi à la femme d'obtenir les mêmes chances que l'homme. Mais pourquoi n'a-t-on pas pensé à une parité gouvernementale ? Ce n'est pas l'apanage des Tunisiens Les Etats-Unis d'Amérique, le pays qui se veut leader dans le progressisme et les Droits de l'Homme, s'est vu échouer dans l'un des principes de son fameux ‘American Dream' ; la femme n'a, jusqu'à présent, obtenu aucun poste qui soit d'une grande importance au sein du gouvernement. Et même quand Barack Obama a confié le ministère des Affaires étrangères, lors de son premier mandat présidentiel, à Hilary Clinton, femme de l'ex-président des USA Bill Clinton, cette dernière a dû démissionner de son poste après de multiples pressions et de nombreux contre-temps. Pour la France, l'Egypte ou encore le Maroc, les données ne sont pas plus encourageantes puisque la moyenne de la présence de la femme au sein des gouvernements ne dépasse pas les quatre ministères. Femme tunisienne lève-toi ! Parler de parité gouvernementale ne veut naturellement pas dire que l'on souhaite voir des femmes occuper des postes importants juste parce qu'elles sont de la gente féminine. Nous disposons de profils intéressants et compétents. Pour être pratiques, nous allons proposer des noms et les ministères dans lesquels nous pensons qu'elles seraient efficaces. Par exemple, Saida Garrach, militante au sein de l'Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD), avocate et opposante farouche du temps de Ben Ali, dispose d'un parcours riche et concluant qui s'est renforcé avec sa présence au sein du bureau exécutif de NidaaTounes, serait un profil intéressant pour le ministère de la Justice, des Droits de l'Homme et de la justice transitionnelle. NaïlaSilini, universitaire et islamologue, ayant un sens inné de la pédagogie, pourrait relever les lourds défis qui attendent le futur ministre de l'Enseignement Supérieur,de la Recherche Scientifique, des Technologies de l'Information et de la Communication. Pour le ministère de la Santé, Ahlem Belhadj, professeur agrégée de médecine, chef du service de pédopsychiatrie et ancienne présidente de l'ATFD, elle saurait mener à bien ce ministère qui souffre de plusieurs maux. Le ministère des Affaires Religieuses requiert un profil qui soit de la spécialité : Docteur Olfa Youssef, spécialisée en psychanalyse, en linguistique et islamologie, a soutenu une thèse de doctorat d'Etat sur la pluralité des sens et interprétations du Coran, dispose d'une formation la rendant compatible à ce poste. En ce qui concerne le ministère de la Culture, Raja Ben Slama, universitaire et écrivaine ayant farouchement soutenu les causes des intellectuels et artistes tunisiens lors des quatre dernières années, pourrait répondre aux impératifs de la prochaine étape. BasmaKhalfaoui s'est fait connaître en tant que veuve du martyr ChokriBelaïd, mais peu de personnes connaissent son parcours de militante au sein de l'ATFD et en tant qu'avocate ayant soutenu et défendu plusieurs opposants aux époques précédentes de la Tunisie pourrait être à la tête du ministère des Affaires Sociales afin de mener à bien les négociations sociales et d'œuvrer à l'instauration de la justice sociale dans le pays. Pour le ministère de la Jeunesse, des Sports, de la Femme et de la Famille, EmnaMnif, médecin et activiste phare au sein de la société civile tunisienne, se verrait bien nominée et probablement par le chef d'orchestre de la prochaine équipe gouvernementale. Le ministère des Affaires étrangères pourrait être confié à SouhayrBelhassen. Importante figure des défenseurs des Droits de l'Homme en Tunisie, S. Belhassen a été présidente de la prestigieuse Fédération internationale des Droits de l'Homme pendant cinq années où elle a pu établir de très bonnes relations à l'international. Une dame qui pourra refléter la nouvelle image de notre pays sur la scène mondiale. Pour le ministère du Commerce et de l'Artisanat, la présidente de l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA), WidedBouchamaoui qui, avec son expérience et sa réussite prouvée en tant que femme d'affaires, saurait réussir la mission. Pour finir, le ministère de l'Emploi et de la Formation Professionnelle pourrait être confié à Sana Ghenima, une femme ayant fait ses preuves dans le domaine des affaires et du business, et donc bien qualifiée pour solutionner l'éternelle équation formation-emploi. Principal acteur des élections Qu'elle soit électrice, candidate sur des listes législatives ou bien observatrice des élections, la femme tunisienne s'est démarquée dans le processus électoral qui vient de s'achever. Plusieurs bureaux de sondage ont affirmé que la participation de la femme a été nettement plus importante que celle des hommes au niveau des élections. D'ailleurs, Béji Caïd Essebsi aurait bénéficié de 61% des voix des femmes selon le sondage de Sigma Conseil. En ce qui concerne l'observation des élections, la femme tunisienne a été présente dans tous les organismes qui se sont occupés de cette mission. Le parcours du combattant Au cours des trois ans de règne de la Troïka, la femme s'est retrouvée, à maintes reprises, face à des menaces de ses acquis qu'elle a pu s'approprier depuis l'Indépendance du pays. C'est dans la rue qu'elle a réussi à se faire entendre : des différentes protestations organisées devant le siège de l'ANC, aux multiples marches de l'Union Tunisienne des Travailleurs Tunisiens (UGTT), jusqu'à sa présence massive au sit-in « Errahil » (le départ) au Bardo en été 2013, survenu après l'assassinat de Mohamed Brahmi, un sit-in qui a mis un terme au gouvernement d'Ali Laârayedh. Une présence encore plus importante au niveau de la société civile où les femmes ont pris l'initiative de lancer plusieurs associations actives dans la défense des Droits de la femme, de l'enfance et de l'Homme. La femme a marqué une grande partie de la Tunisie dont elle a défendu la civilité, la liberté et la démocratie en y consacrant toutes ses capacités. Cette femme tunisienne est aujourd'hui marquée par un parcours de militantisme mais aussi, par un parcours scientifique et universitaire qui lui donne la possibilité de réclamer une parité gouvernementale après qu'elle ait obtenu la parité parlementaire.