Habib Essid continue à écouter les doléances des partis politiques susceptibles de participer à son gouvernement. L'Ugtt exige des ministres avec lesquels elle pourra négocier «sérieusement». Al Moubadara déclare avoir reçu une promesse ferme d'obtenir au moins le ministère du Tourisme, alors que les participants au nom de la société civile «seraient choisis en dehors des leaders» Le marathon des consultations entreprises par Habib Essid pour former son équipe ministérielle se poursuit à un rythme de plus en plus soutenu, et l'opinion publique assiste quotidiennement à un défilé des leaders des partis politiques, qu'ils soient vainqueurs des élections ou perdants, qui se contentent de déclarations dans lesquelles ils répètent des généralités connues de tous. En parallèle, les indiscrétions sur les candidats à tel ou tel ministère continuent à remplir les pages des médias et les comptes Facebook sans que personne ne puisse confirmer ou infirmer une quelconque information, y compris parmi les candidats cités qui voient leurs chances grimper ou dégringoler au gré des déclarations des uns ou des autres ou au gré d'un faux scoop dont l'auteur se désengage parfois le jour même. Et en attendant que les Tunisiens soient édifiés sur l'identité des ministres qui dirigeront le pays durant les cinq prochaines années, on se contente auprès des partis intéressés de reprise d'idées générales selon lesquelles le gouvernement Essid doit être un gouvernement qui «rassemble tout le monde autour d'un programme qui satisfait tout le monde» et «ce gouvernement, soulignent nos sources, Habib Essid parviendra à le former parce qu'il a les qualifiés nécessaires pour trouver les hommes et les femmes dont nous avons identifié le profil et que le chef du gouvernement finira par dénicher». Pour une représentativité aussi large que possible Du côté de l'Ugtt, qui s'attend à être consultée dans les prochains jours par Habib Essid, Bouali M'barki, membre du bureau exécutif, confie à La Presse : «Nous n'avons aucun nom à proposer au chef du gouvernement. Nous demeurons attachés à notre position de principe maintes fois exprimée par Hassine Abassi, secrétaire général de la centrale ouvrière : l'Ugtt n'a pas à figurer, via l'un de ses responsables, dans la prochaine équipe gouvernementale. Toutefois, cette position ne nous empêche pas d'appeler à ce que le futur gouvernement soit élargi au maximum et comporte les principales sensibilités politiques et civiles présentes sur la scène nationale. Notre conviction est que les dossiers qui attendent le gouvernement et la situation sociale et économique obligent Essid à former un gouvernement qui sera ouvert à toutes les parties concernées, surtout celles prêtes à l'épauler». A la question de savoir si l'Ugtt soutiendrait certains noms parmi ceux qui circulent actuellement, Bouali M'barki reste intraitable en soulignant que l'Union «se réserve le droit de révéler nos préférences au chef du gouvernement. Il reste que l'Ugtt voudrait voir Essid choisir des ministres ayant l'expérience qu'il faut et la capacité de négociation au sein des ministères ayant un rapport direct avec les syndicats. Il existe beaucoup de dossiers syndicaux à traiter en urgence». Le tourisme n'échappera pas à Al Moubadara Au sein d'Al Moubadara, on apprend qu'une commission de négociation a été créée. Elle comprend Kamel Morjane, Mohamed Jegham, Mohamed Aziz Ben Achour et Ridha Kechrid. Une source informée auprès d'Al Moubadara précise : «Nous avons demandé un ministère et un secrétariat d'Etat. Nous avons une promesse ferme concernant un poste ministériel. Ce sera le ministère des Affaires étrangères ou celui du Tourisme, avec une grande probabilité que ce sera le tourisme qui reviendra à Mohamed Jegham bien qu'il assure jusqu'ici qu'il n'est pas intéressé par le poste». Et comme les informations sur les candidats du jour ne peuvent pas être dénichées auprès d'Essid, qui préfère travailler en silence et dans la discrétion totale, ce sont les partis politiques qui les distillent à volonté tout en insistant sur la marge d'erreur possible. Aussi, notre source d'Al Moubadara nous révèle-t-elle que «Rachid Ammar pourrait s'installer au palais de Carthge en tant que conseiller militaire d'Essebsi, Yacine Brahim sera ministre de la Jeunesse et des Sports et à un degré moindre de l'Economie, Taïeb Baccouche s'installera au ministère de l'Enseignement supérieur au cas où il ne serait pas maintenu à son poste de secrétaire général de Nida Tounès, Abdelkrim Zbidi retrouvera le ministère de la Défense et Kalthoum Kennou a de fortes chances de devenir ministre de la Justice. Volet présence féminine au sein du gouvernement Essid, il y aura 6 ou 7 femmes entre ministres et secrétaires d'Etat». On ne dépassera pas 35 ministres et secrétaires d'Etat «Nous avons été déjà consultés sur la restructuration des ministères. Nous sommes pour la fusion des ministères ayant des attributions rapprochées mais pas aux dépens de l'efficacité et du rendement. L'idée des pôles ministériels (securitaire, social et économique) est séduisante mais il faut trouver la personnalité qui remplit les conditions nécessaires pour gérer un pôle ministériel», indique Abderrazak Hammami, secrétaire général du Parti du travail patriotique démocratique. «Nous avons été informés que le chef du gouvernement va nous consulter dans les prochains jours et nous aurons à lui soumettre nos propositions. D'abord, nous préférons que le nombre des ministères et secrétaires d'Etat ne dépasse pas au maximum 35», ajoute-t-il. Pour ce qui est de la participation de personnalités représentant la société civile ou le Quartet initiateur du Dialogue national, Abderrazak Hammami exprime sa conviction que «ces personnalités seront choisies parmi celles qui gravitent autour de l'Ugtt, de l'Utica, de la Ligue des droits de l'Homme et du Conseil de l'ordre des avocats. Mais elles ne seront pas parmi les responsables de ces organisations. Je suis convaincu que le gouvernement Essid a besoin d'une couverture politique et sociétale convaincante et c'est la raison pour laquelle il devra s'ouvrir sur certaines forces de la gauche à même de lui assurer l'appui de la famille démocratique».