Après les fêtes de fin d'année, après la cérémonie du Mouled, après les vacances d'hiver, c'est désormais, l'heure de la reprise pour les étudiants. Comme le pays dans sa totalité, l'université tunisienne doit se mettre au diapason de la nouvelle étape tournée vers l'avenir, le travail et la productivité. Dans les établissements universitaires, la première quinzaine de janvier 2015 coïncide avec les examens de la première session. Ces épreuves ont-elles été convenablement préparées ? Comment s'annoncent-elles pour les étudiants des filières littéraires en particulier surtout que leur année universitaire a commencé avec beaucoup de retard sans compter l'absentéisme devenu habituel depuis quelques années déjà. En effet, une bonne partie du programme a été soit survolée soit tout simplement annulée en partie aussi à cause des imprévus que les trois dernières élections ont imposés. Tous ces facteurs ont obligé les professeurs à réduire l'éventail des contenus sur lesquels les candidats seront interrogés. Des chapitres entiers ont ainsi été rayés de la liste des épreuves. De sorte que seul un tiers du programme (et au mieux la moitié de ce programme) fera l'objet des questionnaires qui seront proposés aux prochains partiels. Pour autant, cela facilite-t-il la tâche aux étudiants ? Les notes seront-elles meilleures ? Et le taux de réussite sera-t-il plus élevé ? Nous avons interrogé quelques professeurs et un certain nombre d'étudiants sur ces sujets. Leurs réponses nous semblent très édifiantes sur les données particulières des premiers examens de 2015. Taoufik Aloui Directeur de l'Institut supérieur des sciences humaines de Tunis( ISSHT) «Comparé à l'année dernière, le premier semestre de l'année 2014-2015 n'a pas connu de grèves estudiantines donc les cours se sont déroulés presque normalement. C'est vrai que nous avons commencé avec quelque retard à cause de l'absence des étudiants et celles des professeurs aussi. Cependant, un certain nombre de collègues ont programmé même pendant les vacances, des séances de remplacement et de rattrapage. Concernant les étudiants du mastère, leurs examens commencent assez tardivement par rapport à ceux de la licence. Donc ils ont suffisamment de temps pour préparer leurs épreuves. A propos des sujets d'examen, je dois reconnaître que certains professeurs ont été amenés à ne proposer que des questions abordables notamment pour les étudiants absentéistes. Mais cela n'est pas possible dans certaines matières (comme la syntaxe, la linguistique) où la présence est obligatoire pour comprendre le contenu des programmes. Cela dit, je pense que du point de vue psychologique, les examens de ce semestre vont se dérouler dans un contexte plutôt rassurant. En effet, la réussite des élections et le nouveau discours politique véhiculé sont de nature à mettre en confiance les étudiants comme la majorité des Tunisiens. J'ajoute enfin que l'autorisation accordée provisoirement à s'inscrire une quatrième fois ainsi que la satisfaction d'autres revendications estudiantines vont certainement contribuer à instaurer un climat d'optimisme au sein de la masse des étudiants et également parmi tout le personnel enseignant et administratif de l'université. » Mme Maha Essaghi:(professeur de français) « Les programmes n'ont malheureusement pas été menés à bout. Je déplore également la tendance absentéiste chez beaucoup d'étudiants apparemment préoccupés par d'autres soucis que ceux relatifs aux études. Je les sens comme distraits, comme perdus et sans repères. De plus le contexte politique des trois derniers mois ne les a pas beaucoup aidés à retrouver une certaine sérénité. En ce qui nous concerne nous les professeurs, nous faisons de notre mieux pour leur venir en aide et leur permettre d'améliorer leur niveau et leur notes mais dans l'ensemble, surtout dans les filières littéraires le niveau reste très bas et les efforts des candidats très insuffisants. » Karim Taboubi étudiant: (3ème année sociologie) «Toute ma considération pour tous mes enseignants qui font de leur mieux pour nous encadrer et nous indiquer le bon chemin. Toutefois, la mauvaise organisation des calendriers des examens pose problème. Il m'arrive parfois de passer trois matières pendant le même jour. Cela est inconcevable ! J'avoue qu'en dépit des efforts louables dépolyés par es professeurs, les cours n'avancent pas comme il faut. Pis encore, certains groupes survolent une bonne partie du programme. Ce retard est le résultat de plusieurs facteurs comme l'absentéisme des étudiants et des professeurs et surtout le manque de sérieux des étudiants. Il est temps que les établissements universitaires tunisiens retrouvent leur aura ! » Majda Rbiî étudiante: (1ère année psychologie) « J'avoue que ce retard profite aux étudiants. Les épreuves seront sans doute plus abordables et les notes seront par conséquent meilleures. Mais est-ce la solution pour ces étudiants dont le niveau ne fait que régresser ? Je ne le pense pas. Le phénomène de l'absentéisme est à l'origine de ce retard. Malheureusement, on traîne ! »