• Novembre à moitié chômé et le semestre considérablement écourté - Les deux jours de vacances accordés à l'occasion du 23ème anniversaire du Changement et les trois autres consentis pour célébrer la Fête du Sacrifice ne semblent pas avoir suffi à nos étudiants. Hier, jeudi, la majorité n'a encore pas réintégré les établissements universitaires. Et d'après plusieurs professeurs contactés, il est fort probable que les étudiants rallongent leur congé jusqu'à lundi prochain. Des enseignants exerçant dans cinq facultés différentes (dont deux seulement de la capitale) nous ont assuré que le pourcentage de présence était très faible et qu'au meilleur des cas, il n'excédait guère les 15 % pour l'ensemble des groupes et des départements. Ce pont était de toute manière prévisible pour les étudiants inscrits dans des établissements de Tunis, notamment en raison du nombre élevé de ceux qui sont originaires de l'intérieur. Ces derniers avaient commencé à plier bagages dès avant le week-end dernier. Nous en avons vu qui prenaient alors le train par centaines vers toutes les destinations. La célébration de l'Aïd a toujours été pour ces étudiants une nouvelle occasion de passer un maximum de jours avec leurs familles respectives. Même les parents les retiennent parfois un ou deux jours après le délai du retour à l'Université. Pour d'autres jeunes, la fête coïncide avec le 16 du mois et à cette date, les parents n'ont pas encore perçu leurs salaires. Ce n'est pas non plus la période où l'on touche sa bourse. Celle du mois de novembre ayant été déjà dépensée, il faudra donc vivre encore quelques jours à la maison surtout que l'ambiance y est à la fête et à la ripaille. Un quart de semestre Le scénario se reproduit depuis des décennies maintenant sans que l'on ait pu résorber une fois pour toutes l'absentéisme injustifié des étudiants, en particulier avant et après les grandes fêtes et les vacances d'hiver ou de printemps. Cette année par exemple, la moitié du mois de novembre fut chômée pour beaucoup de professeurs à cause des absences prolongées de leurs disciples. C'est pourtant le seul mois du premier semestre qui offre le plus de chances de travailler quatre semaines sur quatre. En effet, en octobre, les étudiants n'ont pas tous réintégré les cours et certains emplois du temps mettent quelques jours supplémentaires pour être achevés. D'autre part, les listes définitives des étudiants par classe ne sont pas encore fixées, de sorte qu'il n'est pas encore possible de faire l'appel à chaque séance et de signaler ainsi les étudiants défaillants. Au mois de décembre, il y a d'abord ce mardi 7 jour férié pour célébrer le nouvel an de l'Hégire : il est quasiment certain qu'une bonne partie des étudiants en profitera pour s'accorder le pont du lundi 6 décembre, sinon un ou deux jours supplémentaires de congé. On aura aussi ces vacances de 15 jours qui obligent toujours à accélérer les cours jusqu'à les bâcler ; car au retour du congé, début janvier donc, auront lieu les premiers examens semestriels. Au bout du compte, ce qu'on appelle semestre à l'Université se réduit en réalité à un mois et demi dans les cas les plus heureux. Les 14 semaines officielles ne donnent lieu finalement qu'à la moitié de ce chiffre trop optimiste. Davantage de fermeté Il ne suffit certes pas de constater ces faits déplorables préjudiciables à la qualité de notre enseignement supérieur et qui jettent un supplément de discrédit sur nos diplômes. Une consultation urgente doit être effectuée entre tous les acteurs que l'avenir de l'Université tunisienne concerne, afin de définir et de mettre en place une stratégie réellement efficace contre l'absentéisme au Supérieur. Le régime L.M.D. comme l'ancien système, n'autorise qu'un nombre limité d'absences par étudiant. Il importe donc d'être très sévère, notamment en première et en deuxième années de licence, dans le contrôle de l'assiduité. La concertation doit être parfaite entre les administrations et les enseignants : les premières sont appelées à établir très tôt les listes d'étudiants par groupe ; les seconds doivent signaler régulièrement les absences enregistrées dans leurs classes. Avant les examens ou les devoirs surveillés, il faut compter les absences de chaque étudiant et si elles dépassent le seuil toléré, interdire formellement les épreuves aux défaillants invétérés. Il faudrait aussi réduire le nombre d'absences autorisées : 2 par module au lieu de 4, cela suffit largement. Pensons aussi à décider conjointement des privations de bourses, des comparutions devant le conseil de discipline, des annulations de mentions, etc. contre les absentéistes incorrigibles. Toujours est-il que dans le nouveau régime (L.M.D.), certains articles favorisent l'absentéisme : lorsque parmi les notes de l'étudiant, on ne comptabilise que les meilleures, n'est-ce pas une manière d'encourager ce dernier à répartir parcimonieusement ses efforts ? Par exemple, si l'étudiant a déjà obtenu un 15 dans une épreuve, il s'absentera à la deuxième ou bien répondra négligemment à ses questions. Que lui importe alors la deuxième note puisqu'il a garanti une bonne moyenne au module avec le 15 du premier devoir que même les notes d'oral (à très faible coefficient) ne sauraient sérieusement diminuer !