Le conflit entre la Russie et l'Ukraine a eu des conséquences sur le tourisme tunisien. La dégringolade du rouble (au moins de 40% en quelques mois) due aux sanctions adoptées par l'Union européenne et les Etats-Unis avait déjà entraîné l'été dernier une chute des entrées russes. Au total, cette monnaie a perdu près de la moitié de sa valeur par rapport au dollar depuis le début de l'année 2014. La chute s'est accentuée le 16 décembre dernier: en milieu de journée, il fallait 80 roubles pour acheter un dollar, et 100 roubles pour un euro. Ceci s'est répercuté sur les flux touristiques russes vers la Tunisie soit une baisse de 11% des entrées vers la Tunisie de janvier à Novembre 2014 par rapport à 2013 et 40% par rapport à 2010. Cette chute était de 67% en novembre 2014. Une situation qui rappelle la crise financière de la fin des années 1990 qui avait entraîné la faillite de plusieurs banques incapables de faire face à la demande de devises d'épargnants paniqués. La crise actuelle n'a pas encore produit les mêmes effets, mais les conséquences commencent clairement à se faire sentir sur le quotidien des Russes. "La demande est catastrophique", résume Irina Turina, porte-parole de l'Union russe du secteur touristique, qui évalue de 50% à 70% la chute des réservations pour des séjours à l'étranger durant les dernières fêtes de l'année 2014."Les voyagistes réduisent leurs programmes de charters les uns après les autres, y compris vers les destinations de sports d'hiver en Europe sur lesquelles reposaient tous nos espoirs", poursuit-elle. Dans certains cas, selon cette représentante du secteur, les voyageurs préfèrent payer une pénalité et annuler un séjour "parce qu'ils se rendent compte qu'ils ne pourront pas faire face à des dépenses à l'étranger au cours actuel". Tous les professionnels russes interrogés par la presse russe font le même constat, les destinations recherchées cette année ne sont ni l'Europe ni le monde arabe (Egypte, Tunisie), mais la Crimée, la péninsule ukrainienne annexée en mars au doux climat, les stations thermales du Caucase et surtout Sotchi. Les réservations sur la Tunisie ont chuté de 50%. Cette situation s'est compliquée avec la faillite de cinq tour-opérateurs russes pendant l'été soit un total d'environ 50.000 passagers. Expotour, spécialisé dans les croisières, a coulé le 30 juillet, suivi par Labirint, le 1er août, laissant 27.000 clients sans billet de retour. Cette situation ne concerne pas uniquement la Tunisie. Selon la porte-parole de l'Association du tourisme russe, Irina Turina, la demande pour les voyages hors de Russie a chuté de 30% à 50% pour toutes les destinations. « Les gens n'achètent pas, ou annulent leur voyage même à l'intérieur de la Russie. On sent qu'ils comptent beaucoup plus leur argent », assure-t-elle. En outre, la plupart des agences d'aviation russes ont diminué leurs vols vers toutes les différentes destinations de par le monde. D'autres ont eu recours à de fortes réductions du prix des billets d'avion pour éviter les annulations. Du côté des professionnels tunisiens, on craint que cette situation ne pousse les T.O russes à vouloir renégocier leurs contrats.