Le Théâtre National a démarré la nouvelle rentrée par la représentation la semaine dernière et durant trois jours consécutifs de la pièce « KO », une production écrite par Jamila Chihi, réalisée par Noomane Hamda et jouée conjointement par Jamila Chihi et Noomane Hamda. Encore une pièce théâtrale qui s'ajoute à celles qui ont été produites depuis la Révolution de janvier 2011, sauf que celle-ci s'adresse plutôt aux esprits qu'aux sens. C'est dire que nos dramaturges se sont bien inspirés de cette période post-révolution où la situation sociale s'est empirée à tel point que la femme manque de sécurité dans la rue et souffre de la violence verbale et physique qui s'exerce contre elle quotidiennement. Cette femme qui a participé à la Révolution en espérant jouir d'une liberté nouvelle et de tous ses droits fondamentaux, s'est rerouvée face à des agressions, des braquages et des viols de la part des hommes, à côté desquels elle a pu manifester dans les rues de Tunis et dans les autres régions du pays. En effet, Jamila Chihi, en tant que témoin de son époque, a compris la situation de la femme et les dangers qui la guettent, notamment la violence perpétrée contre elle. Mais ces dangers menacent aussi tout le pays ! Dans sa pièce, elle ouvre le feu sur l'homme, son concitoyen en lui insinuant, directement ou indirectement, qu'il est temps que la femme soit l'égale de l'homme, que ces deux êtres sont utiles l'un pour l'autre, qu'ils doivent s'aimer, s'aider et s'unir pour le meilleur et pour le pire. Assez de violence, semble-t-elle dire dans cette pièce, mettons-nous la main dans la main pour la construction de l'avenir et la consolidation de nos droits naturels et civiques et surtout vivons sans violence, ni dans les sentiments, ni dans le comportement. Les faits racontent l'histoire d'une femme, la quarantaine, victime d'un braquage qui l'expose à des actes de violence physique et morale lors de son retour du travail. La voici dans une situation de peur et de rancune contre cette nouvelle société où nous vivons depuis la Révolution. Elle rencontre alors un ancien boxeur qui semble vivre solitairement après avoir quitté finalement le ring, ayant par erreur asséné un coup mortel à son adversaire. Sa femme et sa fille l'ont quitté, il a tout perdu si bien qu'il devient fanatique, conservateur et extrémiste. Elle le confronte alors en duel, chose qu'il a tout essayé d'éviter. Mais en vain... elle se fait donc battre par cet ancien boxeur et lui demande aussitôt de lui apprendre à boxer, histoire de pouvoir se défendre en cas d'agression ou de braquage de la part des hommes. C'est que la parole n'est plus utile de nos jours, il faut bien de la force aussi, pour se défendre ! L'ancien boxeur lui montre comment s'y prendre, quoique à contre cœur ! Moralité de l'histoire : il faut vivre à deux, un homme et une femme, dans la paix et la sécurité, sans que l'un usurpe les droits de l'autre, les deux doivent être sur un pied d'égalité et que chacun ait son propre droit à la vie. A quoi bon servir de se battre, de se déchirer, tant que, dans la vie, l'un a besoin de l'autre ? A vrai dire, tous les personnages et les faits de cette pièce ne sont autres que des symboles. Car la femme ici renvoie à la Tunisie en tant que patrie qui a été victime d'un braquage depuis que la Troïka a accédé au pouvoir et que les groupes extrémistes ont surgi de nulle part pour semer la terreur et la violence dans le pays en perpétrant des actes terroristes contre des leaders politiques et des agents de la force nationale. L'ancien boxeur n'est autre que ces individus aux esprits chagrins et rétrogrades qui sous-estiment la femme et l'assimilent à un être inférieur.