L'Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) a publié hier son rapport intitulé : Série « politiques meilleures » Tunisie 2015, proposant à son tour une batterie de réformes économiques et sociales permettant à la Tunisie de réaliser une croissance inclusive, des réformes qui selon l'organisation internationale viendraient rehausser le PIB par habitant tunisien de 70% d'ici 2060 de manière à se rapprocher des économies développées. Le chômage élevé des jeunes, l'emploi informel, les inégalités régionales, L'interventionnisme excessif de l'Etat, les restrictions bancaires et administratives sont les principaux axes de réformes suggérées par l'OCDE. « Les perspectives à court terme laissent présager une reprise de la croissance. La hausse du PIB en 2014 est estimée à 2.3 % et devrait s'accélérer en 2015 (à 3-3.5 %), sous l'effet de la reprise attendue des exportations, et en particulier du tourisme », note le rapport qui n'exclut pas la persistance des symptômes de faiblesses économiques structurelles dont l'inflation, le chômage et le creusement des déficits jumeaux. A ce niveau et pour mettre un terme à l'hémorragie des dettes qui menacent les équilibres macroéconomiques, l'OCDE préconise la suppression du plafonnement des taux d'intérêt, l'amélioration de la flexibilité des taux de change, la mise en place de réformes budgétaires structurelles tout en procédant un audit budgétaire des administrations publiques. Privatiser les banques publiques au profit d'investisseurs stratégiques La restructuration du secteur bancaire fait aussi parti du plan de réformes édictées par l'OCDE. A ce titre, le rapport recommande le renforcement de la stabilité du secteur bancaire de manière à concourir activement dans le financement de l'entrepreneuriat et de l'initiative privée. L'OCDE appelle entre autres à s'en passer des banques non viables et à recapitaliser les banques viables, à élaborer un programme de privatisation des banques publiques à l'intention des investisseurs stratégiques, à accorder aux banques plus de marge de manœuvre sur la tarification et la gestion des prêts en supprimant le plafond sur les taux d'intérêt débiteurs et en réformant la loi sur les faillites, à veiller à ce que la société de gestion d'actifs (AMC) se concentre sur les créances douteuses du secteur du tourisme sans omettre de lever progressivement les restrictions encore en vigueur sur l'achat d'actifs financiers par des investisseurs étrangers. Un homme diplômé sur cinq sont sans emploi Au niveau de l'emploi, une mise à niveau du marché de l'emploi s'avère indispensable à l'heure où l'explosion du taux de chômage notamment au niveau des jeunes et de la gent féminine s'aggrave de plus en plus. « Le taux de chômage global masque des différences notables entre les groupes. Les femmes (21.5 %) ont considérablement plus de risques d'être au chômage que les hommes (12.7 %), de même que les jeunes (37.6 %) et les titulaires d'un diplôme universitaire : deux femmes diplômées sur cinq et un homme diplômé sur cinq sont sans emploi. On constate aussi des différences régionales importantes, le taux de chômage étant sensiblement plus élevé dans les régions du centre-ouest et du sud du pays, qui sont les plus défavorisées », souligne le rapport. Un système d'assurance chômage Dans ce cadre, l'OCDE met l'accent sur la nécessité d'encourager une augmentation modérée du salaire réel : en évitant des hausses importantes (en valeur réelle) du salaire minimum ; en réduisant les écarts énormes de rémunération et les disparités dans les avantages existant entre les secteurs : public et privé ; et en évitant les créations d'emplois dans le secteur public dans un souci d'apaisement social. Le rapport recommande également la diminution de l'écart de protection entre contrats à durée indéterminée et contrats temporaires, en assouplissant les règles de licenciement prévues pour les contrats à durée indéterminée et en renforçant la protection des travailleurs sous contrats temporaires tout en réformant les conditions de recrutement dans le secteur public. Mettre en place un système d'assurance chômage pour aider les individus et les ménages touchés par la perte d'un emploi à faire face à leurs dépenses de consommation, figure également parmi les recommandations. Réforme du régime de la retraite Par ailleurs, les autres axes de réformes structurelles proposés par l'OCDE touchent essentiellement à la lutte contre les disparités régionales à travers l'instauration de la justice fiscale, continuer d'étendre la sécurité sociale au secteur informel et aux travailleurs indépendants, la réforme du régime de la retraite tout en supprimant graduellement les subventions énergétiques et mieux cibler les subventions alimentaires. La lutte contre la corruption dans le secteur public et le secteur privé et l'amélioration de l'environnement des entreprises sont également des conditions sine-qua none à la réalisation d'une croissance inclusive en Tunisie. Ainsi la palette de mesures et de réformes proposées par l'OCDE tendent à coller aux réformes édictées par le FMI et la BM. Des réformes structurelles qui exigent de part et d'autre des concessions et des refontes dites douloureuses mais qui s'inscrivent dans le fin fond de la mondialisation et des économies dites libérales.