« L'homme est intelligent parce qu'il a des mains ... dit Anaxagore, et « il raconte en dessinant une partie de son être essentiel » répond Goethe. Deux pensées qui illustrent cette louable initiative qui a eu lieu au Palais Abdellia à la Marsa du 28 Février au 11 Mars courant. Dessins, peintures, céramiques, petites sculptures, autant d'œuvres qui mettent en exergue « l'esprit souterrain », reflet d'un art poétique où le rêve est omniprésent, sans penser aux concepts freudien ou Jungien sur le rêve et le mythe, sur le rêve-rébus » ou sur la symbolique. Pensons à ce chant de l'âme libre, aux ténèbres intérieures qui vont vers la lumière, à ce rationnel qui nous asservit et à cet irrationnel qui nous délivre. Nous ne vivons pas seulement que de raison, nous nous abreuvons à cette source de rêves et c'est là que nous avons le plus de chance de nous rencontrer, c'est là que nous existons à l'orée du bonheur et le bonheur n'est-il pas ce rêve d'enfant réalisé à l'âge adulte ? Comme le pensait Sigmund Freud. « L'esprit souterrain » de Dostoïevski, « l'expression d'un sentiment intérieur » de Gustave Moreau, « la réconciliation de l'homme avec la nature et avec lui-même » d'André Breton, ne sont-ils pas des mots clefs que Nietzche, Freud ou Lacan pourraient appeler « vacances de l'esprit » ? « Les grands mouvements qui déclenchent les révolutions de l'esprit naissent des rêves et des visions ». Une exposition, donc, faite sous le signe de cette pensée de James Joyce où l'âme de Van Gogh et celle de Miro planent, et où les exposants donnent une forme à leurs angoisses, à leurs frustrations comme à leurs espoirs. « Je chéris l'espoir que la vie ait un sens » ; rassurez-vous Monsieur Carl Gustav Jung, la vie a un sens, et combien d'espoir vogue au fil de ces trois lettres. Sylvain Montéléone