La Cour de cassation a décidé de déclarer recevables les six personnes accusées de meurtre par la chambre d'accusation de Sousse, dans l'affaire Lotfi Naghdh et de renvoyer le dossier devant une chambre d'accusation de la même Cour, autrement formée. Cette affaire qui a fait couler beaucoup d'encre avait, à un certain moment, suscité des polémiques et donné l'occasion à des accusations mutuelles, entre partis et membres de la composante civile, dans un but de propagande politique plutôt que dans celui de la connaissance de la vérité. Les prémices du terrorisme commençaient déjà à voir le jour. Lotfi Naghdh était le coordinateur de Nidaa Tounes dans la région de Tataouine. Il avait été, le 18 octobre 2012, tabassé à mort lors des affrontements qui avaient eu lieu dans la même région entre les membres de la Ligue protection de la Révolution(LPR) et ceux du CPR. L'autopsie, ordonnée par le procureur avait conclu une première fois que la cause de la mort était l'arrêt cardiaque. Toutefois, la victime présentait des traces notoires de violence, ce qui amena la défense à présenter un recours pour demander une contre-expertise. Ce fut cette dernière qui avait établi qu'il y avait une relation de cause à effet entre l'arrêt cardiaque de la victime et les violences dont elle a été l'objet. Les chefs d'accusation selon l'arrêt de la chambre d'accusation étaient finalement dans le sens de l'homicide volontaire en vertu des articles 201 et 202 du code pénal. La chambre d'accusation avait donc rejeté la thèse de l'arrêt cardiaque qui dans l'absolu et sans le placer dans le contexte de la relation de cause à effet, aurait pu disculper les six accusés impliqués dans ce meurtre. Il s'agit donc selon l'arrêt de ladite chambre d'un meurtre tout à fait prémédité. Ce qui avait incité les accusés à se pourvoir en cassation. Mais au-delà des circonstances de la mort de Lotfi Nagdh , c'est la cause du meurtre et à sa nature qui sont à discuter. Le haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'Homme avait à l'époque souligné que « c'était aux autorités de prendre des mesures sérieuses afin d'enquêter sur ces meurtres, afin d'identifier les coupables et les traduire devant la Justice ». La nouvelle chambre d'accusation s'attachera à revoir toutes les péripéties de cette affaire en vue de la connaissance de la vérité, dans le but de déterminer les vrais coupables. Il est nécessaire de déterminer avec précision, selon la plupart des observateurs dont des juristes et des membres d'associations de défense des droits de l'Homme, les causes profondes de ces actes de violences et tous les actes de terrorisme, ainsi que leurs auteurs et leurs commanditaires.