Bien sûr qu'il faudra veiller au grain, et ne pas tergiverser : le temps étant une arme précieuse, qu'il faut savoir dégainer à point si l'on ne veut pas qu'elle se retourne contre vous pour vous perdre. Un allié de taille, ne lui tournez pas le dos. Une seconde a son poids d'éternité. S'il faut se dédoubler, il faudra se dédoubler. Se faire téléporter ? A la guerre comme à la guerre : quand il faut y aller, faut y aller... avec un train de général. N'inquiétez plus le sénateur, il a d'autres chats à fouetter. N'attendons pas qu'ils nous rendent visite, des brassées de fleurs aux bouts des bras. Ils tomberont comme des fruits mûrs, si les vendanges resserrent les rangs. Pressés ? Ils nous promettent des semailles pour l'été, nous n'aimons pas les herbes folles. Ratissons large, prenons les devants, et tous les taureaux par les cornes. S'ils montrent patte blanche, ne craignons pas de vérifier si la colombe est vraiment au bois, avant de sonner le tocsin. La confiance est un plat qui se mange froid. Le monde connaît bien des maux... Et lorsque tous les regards se seront détournés de la Tunisie, passées les premières émotions, quand l'impact du coup, hélas pour nous porteur, de l'attentat du Bardo, se sera atténué pour ne plus occuper qu'une petite colonne, quelques lignes, juste à côté des faits divers, dans les journaux ; quand les amandiers auront pansé leurs blessures, que restera-t-il de la liste à rallonges, des promesses faites, pour ne pas être tenues, sur les ailes glissantes d'une diplomatie, le plus souvent de circonstance ? L'ombre du vent, quand il ne faudra compter que sur soi. Cela donne chaud au cœur, la solidarité, et les marches qui vous engagent, le temps d'un élan qui parcourt l'artère d'une ville, avant de s'en aller fouler d'autres pavés sous d'autres cieux. Ailleurs, bien loin, par-delà les nuages... Cela donne chaud au cœur mais ça ne suffit pas. C'est maintenant, et pas demain, que les paroles doivent se traduire en actes. Sonnants et trébuchants. Que la solidarité, au-delà du mot qui l'implique, érige des ponts, assez solides pour porter toutes les espérances, construise des routes, assez larges, pour contenir toutes les attentes, vers des lendemains qui « doivent » être meilleurs. Ils n'ont pas d'autres choix, sinon on leur tord le cou, pour qu'ils obéissent à nos désirs. La paix. Juste la paix. Et la justice. Et quelques « billions » de milliards, juste à titre-indicatif. Pour réduire les inégalités dans les régions, construire de nouvelles écoles, combattre la pauvreté, barrer la route à tous les extrémismes, en restituant l'espoir. Le vrai. Celui que l'on touche de la main. Et qui ne fuit pas comme du sable. Alors, on pourra y croire...