L'affaire de la mosquée de la Zitouna dure déjà depuis quelques-mois durant lesquels le cheikh HoucineLaâbidi, connu pour ses tendances extrémistes, a fait la sourde oreille à toutes les demandes officielles qui le priaient de quitter les lieux. A l'avènement du gouvernement de Mehdi Jomaâ, Houcine Laâbidi avait carrément procédé au changement de la serrure de la mosquée manifestant ainsi sa détermination à s'autoproclamer grand cheikh de ladite mosquée. A l'époque, Abdessattar Bader, directeur général au ministère des Affaires religieuses, avait affirmé que Laâbidi et son équipe ont chassé et agressé l'huissier notaire mandaté par le ministère. En début de ce mois de mars, l'affaire de la Zitouna a été relancée par le ministre des Affaires Religieuses, Othmane Batikh qui avait assuré que le Tribunal administratif allait émettre son verdict quant à l'affaire. Cela c'était produit dans la journée du vendredi 27 mars 2015 quand le Tribunal avait émis un ordre de retirer la direction de la mosquée de Houcine Laâbidi et son équipe. Ayant été informé de la décision judiciaire, Laâbidi avait tout-de-même assuré la prêche du vendredi comme si de rien n'était. C'est vers les coups de sept heures du matin de la journée d'hier que le verdict du Tribunal a été exécuté. Une équipe de la force de l'ordre se sont rendus à la Zitouna où ils ont récupéré les clés de la mosquée mettant fin ainsi à la mission de Laâbidi et de son équipe. Intervenant sur les ondes d'une radio de la place, Othmane Battikh a assuré qu'il a été mis un terme à la mission de Laâbidi au sein de la mosquée de manière ‘civilisée'. Il a ajouté que le ministère des Affaires religieuses est la seule autorité ayant les prérogatives nécessaires lui permettant d'organiser et de contrôler les lieux de culte. Ce qui inclut, bien-sûr, la nomination des cadres de ces établissements. Le ministre a saisi cette occasion pour démentir les propos de Houcine Laâbidi qui avait assuré que le nouveau gouvernement avait l'intention de fermer définitivement les portes de la Zitouna. La Zitouna est la principale mosquée du Grand Tunis. Rattachée au malékisme – l'une des quatre écoles classiques du droit musulman sunnite – la mosquée de la Zitouna a formé les plus grands ulémas de la Tunisie à l'instar de Salem Bouhajeb, Tahar Ben Achour, Fadhel Ben Achour ou encore Mahmoud El Béji. Après une grande répression vécue sur l'ère de Ben Ali, la mosquée de la Zitouna a repris son élan au lendemain de la Révolution de janvier 2011. Avec la montée islamiste en Tunisie, qui a connu son apogée surtout en 2012, l'établissement s'est vu colonisé par les forces obscurantistes. L'état des lieux de plusieurs autres mosquées a été dénoncé pendant plus de deux ans : des mosquées qui s'étaient détachées du ministère des Affaires religieuses avec des imams extrémistes qui prônaient des discours haineux encourageant les jeunes à partir au Djihad, entre autres, en Syrie. Aujourd'hui, et surtout après la dernière attaque terroriste qui a visé le musée du Bardo, les autorités ne cessent de renouveler leur détermination à reprendre le contrôle de toutes les mosquées qui ont été détournées par les mouvances islamistes. Dans un communiqué récent, le ministère des Affaires religieuses avait assuré que 187 mosquées ont été construites d'une manière anarchique au lendemain de la Révolution. Le même communiqué annonce que les propriétaires de ces bâtiments avaient jusqu'au 6 avril 2015 pour régulariser leur situation sinon, ils se verraient contraints d'être soumis à des décisions judiciaires conséquentes. Durant le mois de mars, 149 mosquées ont été récupérées par le ministère qui a procédé au remaniement de leurs imams en les remplaçant par des cadres qui lui sont affilés. La campagne de récupération des mosquées est toujours en cours et, avec les circonstances sécuritaires actuelles, cela représente une mesure élémentaire dans la lutte contre le terrorisme.