A l'image de la réforme des 5 points prioritaires de l'enseignement supérieur, l'ISAM de Kasserine se rénove : un colloque préparatif avec l'Université d'Oxford d'un séminaire international sur le nécessaire dialogue sociétal dans la création d'unité d'enseignement dans les régions déshéritées. Le problème de réexaminer le développement du tissu universitaire et de sa carte en Tunisie se pose. En effet, les différentes créations récentes et passées de ces universités dans notre pays semblent aujourd'hui sujettes à caution. On a assisté ces dernières 20 années au lancement pèle mêle d'instituts indépendants les uns des autres sans que cela ne fasse un ensemble universitaire homogène pouvant constituer réellement une université ni de point de vue fonctionnelle ou réellement universelle comme on a le droit de le revendiquer pour pareille institution. Les raisons de cette floraison d'institutions sont multiples, elles sont politiques par excellence répondant à des préoccupations et équilibre régionale et très souvent peu étudiées dans leur opportunité et dans leur exécution. Les bénéficiaires directs, enseignants, étudiants, la manière de les recruter, les institutions d'accompagnement, leurs programmes...sont très souvent peu adaptés à la réalité vécue par la société civile qu'elle devait vivre. Un divorce, un blocage sont établis entre l'université et la société civile, une sorte de marginalisation de l'université par rapport à son environnement. Les étudiants ne savent plus pourquoi ils sont à l'université et l'université ne sait plus quoi enseigner. C'est la crise. Le Ministère de l'Enseignement Supérieur est conscient de cette grande crise que vit aujourd'hui l'université en Tunisie. Cela se reflète à travers le constat dressé par le Ministère du gouvernement Habib Essid qui a reconnu les faits et a préconisé le retour du dialogue sociétal pour lancer la réforme de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Il a reconnu que l'objectif premier de ce dialogue vise à renforcer premièrement l'indépendance des universités tunisiennes et à réduire l'hyper centralisme du ministère de l'enseignement supérieur. Deuxièmement, à accroître l'employabilité des formations et des diplômes de l'enseignement supérieur. Troisièmement, à réduire l'« autonomie » et l'anarchie de la formation dans les établissements d'enseignement privé. Quatrièmement, à rentabiliser la bonne utilisation et la maintenance des équipements lourds destinés à la recherche scientifique. Cinquièmement, la priorité des priorités semble être l'instauration d'un dialogue sociétal évidemment avec la société locale et par extension avec la société civile dans la création ou le maintien des unités universitaires existantes ou à créer. Jusque là tous les systèmes installés dans nos universités de la capitale ou des régions d'intérieur l'ont été d'une manière arbitraire, voir même anarchique. Aucun dialogue entre les autorités de tutelle des enseignants, des étudiants, des institutions sociales, culturelles n'a précédé la création de ces unités qui existent déjà. L'« intrusion » de la révolution a eu pour conséquences de pousser vers la prise en compte des intérêts de la société civile dans toutes velléités de création, de maintenance et de gouvernance des institutions universitaires aussi bien au niveau de l'homogénéité de leur qualité ainsi que pour l'enseignement qu'elle prodigue. Toutes les franges nationales ou régionales voir locales veulent participer à élaborer, à définir les institutions universitaires dont leurs enfants ont besoin pour leur formation, pour l'efficacité. Une nouvelle étape semble naitre comme pour répondre aux préoccupations du Ministère de l'enseignement supérieur. Un Colloque préparatif pour l'organisation d'un séminaire international qui se tiendra à Kasserine, témoigne de l'acuité et l'urgence de poser la problématique de l'enseignement supérieur local par rapport à la société civile de la ville de Kasserine. A ce titre ce Colloque organisé le jeudi 02 et le vendredi 03 Avril par l'Institut Supérieure d'Arts et Métiers de Kasserine, Délégation Régionale de la Culture de Kasserine et l'Association Arts et Cultures de Kasserine en collaboration avec l'Université d'Oxford, l'a déjà examiné sous le titre « Université et Société locale ». Le but est de poser le problème de la nécessité de ne plus créer d'unité universitaire sans impliquer les sociétés locales ou civiles dans toutes nos régions. C'est ainsi qu'un programme a été élaboré avec l'Université d'Oxford représentée par le professeur Mohamed Essalah Omri pour réellement poser le problème du rôle de la société locale dans le développement d'université aussi lointaine comme celle de Kasserine. Le promoteur de cette idée est un enfant du pays, professeur à l'université d'oxford. Omri a insisté sur le fait de créer des universités universelles générales et homogènes afin d'éviter la perte du temps, d'effort et d'argent dans la création d'unité incomplète voir désuète. L'Institut d'Arts et Métiers de Kasserine, sous la direction du professeur Abdellatif Bouzidi a accueilli le débat et a invité le gouverneur de Kasserine, le Recteur de kairouan, le Délégué régional de la culture de Kasserine, le directeur de l'ISSAT de Kasserine, le directeur de l'ISET Kasserine, le directeur de l'ISEAH de Sbitla et le directeur du CUACS de Kasserine ainsi que des intellectuels comme le professeur Mohsen Elkhouni (Université Tunis Elmanar), le professeur Faouzi Essadaoui (Université Mannouba) et le professeur Mouldi Elgassoumi (Université Tunis). Ce débat très intéressant a été suivi pendant la matinée par des débats fort intéressants par le public qui a tenu à discuter de tous les problèmes concernant l'université tunisienne. Des ateliers ont été organisés pendant l'après midi pour discuter profondément de tous ces problèmes. Une exposition d'une jeune artiste de la région Chaima Elabdelli a animé ce Colloque fort original. Des débats de cette nature qui ont montré leur efficacité sont à généraliser dans toutes les régions de notre pays où le problème de l'enracinement des Universités se pose. Merci au Directeur de l'ISAM et à Monsieur Omri de nous avoir permis de poser ce problème d'importance régionale, nationale et internationale. Karima REFAI (enseignante chercheur)