Jalila Hafsia, a sorti le VIème Tome de son livre intitulé :«Instants de vie» Hier, samedi, la salle Agora (La Marsa) accueillait les amis de l'auteur pour fêter cet événement. L'ancien ministre de la Culture, Chedli Klibi, nous parle de celle qui fut longtemps une des figures de l'animation culturelle. Jalila Hafsia est sahélienne par son père, tunisoise par sa mère et patriote jusqu'à la moelle. Elle aime son pays, elle le défend bec et ongles, contre un colonisateur dont elle admire la langue et la culture. Par son deuxième mariage, elle s'est trouvée en contact avec des hommes dont le destin était de lutter pour l'indépendance de la Tunisie. Elle a appris, en les fréquentant, ce qu'on n'apprend ni dans les livres, ni dans les journaux. Sa mémoire, durant ses années de mariage, s'est enrichie de souvenirs et d'émotions d'une rare authenticité. Jalila a une prédilection pour le contact et les relations humaines. Férue de littérature, elle a toujours été au fait de l'actualité. Son entregent lui a permis de fréquenter des professeurs, des étudiants et des hommes de lettres. Se voulant toujours « femme de gauche », elle comptait, parmi ses proches amis, Salah Guermadi, disparu très jeune et Taoufik Baccar qui devait devenir un brillant spécialiste de la littérature arabe moderne et l'homme qui a le plus fait pour le cinéma arabe, Tahar Chériâ. Le hasard voulut que lui échût la responsabilité d'un Club, de création alors récente, et portant le nom de Tahar Haddad – un pionnier de la lutte pour la libération de la femme -. Elle y révéla des capacités exceptionnelles pour l'animation culturelle. Très vite, avec elle, ce Club devint un espace de dialogue et d'échange, où les jeunes, des deux sexes, s'y pressaient, pour écouter des conférences ou emprunter des livres. Une petite, mais véritable, maison de la culture était née, sans grands moyens. L'Université et les ambassades sollicitaient la coopération de Jalila Hafsia, pour accueillir des conférences ou des expositions. Situé à mi-chemin entre la Médina et la ville moderne, le Club Haddad connut ainsi un succès fulgurant. Fait mémorable : le ministère des Affaires Culturelles et l'Université y organisèrent un cycle de conférences sur les philosophies existentielles, prononcées par un grand spécialiste, Jean Wahl, professeur à la Sorbonne. Quand le Club dut émigrer vers un vieux quartier de la Médina – dans un lieu plus authentique certes, mais, d'accès difficile – Jalila Hafsia a bravé, avec ténacité, les problèmes inhérents à sa nouvelle « localisation ». Elle l'a fait avec panache et a mis son honneur à ne jamais se plaindre des difficultés qu'elle affrontait. Plus tard, à l'espace Sophonisbe, une salle annexe de la mairie de Carthage, elle fit preuve des mêmes qualités, pour en faire un rendez-vous culturel apprécié. Depuis toujours, Jalila Hafsia voulait tâter de l'écriture. Elle avait beaucoup d'amies qui écrivaient. Elle rêvait de faire comme elles. Aujourd'hui, c'est chose faite, elle en est à son volume VI : un ensemble de notes, prises au jour le jour, depuis l'époque où elle avait la possibilité d'approcher le couple Bourguiba-Wassila et de frayer avec certaines figures de la société politique. Cette prose ressemble à leur auteur, reflète sa façon de parler, son mode de penser et sa fraîche sensibilité. Ouvrez, au hasard, et lisez, vous serez captivé. Il faut parcourir ces livres, pour mieux connaître Jalila. Mais aussi, pour se remémorer des pans de notre société d'alors et de notre Histoire post-indépendance.