Dr. Marzouki n'aura pas profité longtemps de ses congés, le revoilà avec la nostalgie de Carthage et du pouvoir, mais que veut-il en faire... C'est là la question ! A l'avoir écouté au moment où il relançait son projet du « Harak du peuple citoyen », déjà l'appellation sonne encore une fois les voix ténébreuses du Moyen-Orient, guerrier jusqu'aux tempes et jusqu'aux dents, comme si on en a plus suffisamment bavé de la pagaille générale de la transition « troïkiste ». On a l'impression que l'ancien président de la République arrive péniblement et difficilement a maturité après trois longues années d'exercice du pouvoir. C'est là, question peut-être de tempérament qu'il tourne le dos à une règle pourtant universelle, comme quoi le pouvoir assagit au contact des réalités complexes de la chose publique et des sociétés humaines, en général. Alors, que dire quand il s'agit d'un pays comme la Tunisie, après une Révolution qui aura emballé toutes les revendications et toutes les « aspirations-exigences » populaires, parce que la pédagogie transitionnelle a été de dire aux Tunisiennes et aux Tunisiens : «Vous n'avez que des droits... et surtout pas de devoirs » ! Dr. Marzouki est passionné par la « Révolution » qu'il veut permanente, comme au temps de Lénine, Khomeiny, Castro et j'en passe sur les illustres illuminés, de la terre désespérée avec ses damnés décrits par Frantz Fanon et en leurs temps ont aussi promis monts et merveilles et même des paradis et qui ont finalement abouti à toutes les frustrations et les misères vécues par les peuples ont cru à leurs chimères ! Qui se souvient des « goulags » communistes de l'Union Soviétique, des élites du peuple chinois envoyés à la « rééducation » dans les camps de la mort par les promoteurs de la Révolution « culturelle » permanente, des milliers d'intellectuels iraniens poussés à l'émigration et à l'exode aux Etats-Unis, en Europe et en Australie ! Qui s'en souvient ! Plus personne, pace qu'aujourd'hui, les dirigeants de ces pays comme Poutine ou Deng Sia Peng et l'actuel président iranien modéré et plus tolérant ont compris que leurs peuples et leurs pays ne peuvent avancer que par la raison pragmatique, la réforme libérale de l'économie et l'ouverture sur le monde. Aujourd'hui, la Russie va beaucoup mieux sur tous les plans avec le président Poutine. Et quant à la Chine de Deng qui a remis Mao et la Révolution culturelle au musée, elle est la première puissance économique et financière du monde et la politique tôt ou tard suivra ! Alors, Dr. Marzouki de grâce, prenez le temps de relativiser et de faire en sorte que votre expérience du pouvoir soit positive et non pas aussi catastrophique que celle que nous avons vécue du temps où la « Troïka » a installé le pays dans l'indiscipline générale et qui a failli démolir tous les acquis de l'Etat national moderne. Dr. Marzouki doit nous dire comment le terrorisme a-t-il pris autant d'ampleur et comment il compte l'éradiquer ! Les prédicateurs de l'Orient maudit « Douaât el fitna » et de la discorde qui se sont baladés en Tunisie comme en terre conquise, va-t-on les revoir à nouveau, comme les « invités » de marque du Palais de Carthage, si le « Harak » arrive à récupérer le pouvoir ! Dieu nous en préserve ! Ces corbeaux de mauvais augure ont mieux à faire au Yémen, en Syrie et en Irak. Qu'ils y restent pour l'éternité s'ils le veulent, mais la Tunisie des lumières, de Sadiki, que Dr. Marzouki en a été le brillant élève n'en veut pas pour l'éternité ! Oui, ce « Harak », illumination d'un leader quelque part encore aigri par la défaite aux dernières élections, ne doit pas être à nouveau notre « présent » et encore moins notre avenir ! Basta ! La Tunisie veut aller de l'avant, reconstruire son Etat et son économie, donner du bonheur à son peuple et l'immuniser contre le terrorisme et la barbarie, qui ont été le fruit amer de l'improvisation et de l'irresponsabilité aux plus hauts niveaux de l'Etat. Oui... les « hommes d'Etat », les vrais, sont ceux qui savent reconnaître leurs erreurs passées et surtout savoir tourner la page et ne pas s'accrocher à une certaine « revanche » qui ne fera que les disqualifier par les citoyens de leur pays. Je lisais à « Paris Match » un reportage sur l'ancien président de la République française, Jacques Chirac qui finit par le présenter comme le président « le plus populaire de France », encore aujourd'hui ! Alors comparons et... jugeons ! K.G