L'artiste Ali Zenaïdi n'est plus à présenter vu sa longue expérience rehaussée d'une riche carrière dans les arts plastiques. Membre fondateur d'Ecume et du Groupe 80, expert en peinture contemporaine tunisienne et orientaliste (20ème siècle), il a été chargé de 1992 à 1995, de la Direction des Arts Plastiques au Ministère de la Culture. Le fruit de quatre décennies de travail, reflet de ses préoccupations plastiques, ses visions, ses inspirations venues d'Orient et d'Occident, constitue l'objet d'une exposition rétrospective, « Mémoire réinventée » au Palais Kheireddine, et par la même occasion, de l'édition d'un très beau livre portant le même titre et retraçant l'itinéraire de quarante ans de création, (1975-2015) ; une sorte d'hommage à la médina, berceau de son enfance, réinventée dans son imaginaire avec des signes et symboles et mis en valeur, par le jeu des plans et de la perspective. Des scènes populaires, aux métiers d'artisans, en passant par des paysages architecturaux, où le rapport entre couleurs et formes devient majeur. Une œuvre humaniste 153 œuvres, (dont une trentaine, acquisition de l'Etat), Créées avec plusieurs techniques ; des dessins réalisés à la pierre noire, des lavis, des pastels, des acryliques, des huiles sur toiles et cartons et enfin, des collages et des techniques mixtes. Cet ensemble de toiles orne majestueusement les cimaises du Musée de la ville de Tunis, sous l'œil attentif d'Olga Malakhova Zid, (docteur en esthétique et technique des arts plastiques), commissaire de l'exposition et fille de Stanislav Malakhov, peintre russe. Pour se consacrer entièrement à la création, Ali Zenaïdi quitte en 2010, l'enseignement d'art plastique. Il reçoit plusieurs prix, dont le premier Prix d'arts contemporains à San Vito, (Italie, 1991), le Prix du jury d'art contemporain arabe (Abu Dhabi, 1995) et le Grand Prix de la Ville de Tunis (2010). Ces dernières années, sa production a été prolifique surtout avec les nouvelles recherches du collage en tant que moyen d'expression plastique. Diversité et richesse des approches ; du figuratif à l'abstraction. On a l'impression d'un renouvellement constant de la création picturale chez Zenaïdi. « Si le peintre a suivi le chemin d'une certaine abstraction, soulignent les critiques, il n'en reste pas prisonnier...Bien au contraire, il s'agit d'une élaboration subtile et minutieuse, d'une restitution de l'espace et du temps... » Amoureux du dessin et des sujets du quotidien vécu, Ali Zenaïdi puise ses inspirations dans sa mémoire, ses souvenirs d'enfance et son imaginaire fertile. Il semble parfois nostalgique d'un passé évoqué avec beaucoup de poésie, de nuance et de subtilité, ce qui fait de ses toiles, une œuvre profondément humaniste. Pour attraper les illusions Dans l'introduction de « Mémoire réinventée » l'artiste écrit : « Les formes me possèdent, les couleurs me hantent, les lignes et les corps se dessinent dans ma tête pour mettre en scène des lieux, des émotions, des images... surgis de l'oubli et du quotidien. Je poursuis des silhouettes, des ombres, des rêves, des mirages pour attraper des illusions utiles pour mon imaginaire, mon évasion, mes contemplations et mes réflexions esthétiques... ». Les illusions de l'artiste se sont métamorphosées en de très beaux textes poétiques insérés dans l'ouvrage « Mémoire réinventée », signés par d'illustres spécialistes en la matière : Olivier Lussac, Artiste plasticien et Professeur à l'Université de Lorraine,( Metz, France) : « La nature dé- pose l'étant » ; Edmond Nogacki, Professeur émérite des Universités (France) et Membre élu de l'Association Internationale des Critiques d'Art, « Songer à nos dettes envers Ali Zenaïdi » ; Amina Ben Damir, Maître de conférences à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de l'Université de Tunis « Les œuvres polysémiques de Ali Zenaïdi », et enfin, Olga Malakhova Zid, Artiste plasticienne et Maître- Assistante à l'ISAM de Gafsa, « L'imaginaire maîtrisé au service de la mémoire chez Ali Zenaïdi ». Une très belle exposition qui connait un fort succès auprès du public et des amateurs d'art et qui mérite, il faut le souligner, un sort meilleur que celui manifesté par nos « illustres » personnalités chargées de la Culture dans notre pays, qui ont brillé par leur absence le jour du vernissage. Mais heureusement que cela n'écorchera en rien, l'amour que voue l'artiste à son art et sa patrie. Ni le respect que nous portons tous à notre artiste, Si Ali Zenaïdi !