Comme à l'accoutumée, les décideurs politiques n'hésitent surtout pas de crier sur tous les toits le creusement du déficit des caisses sociales. Le ministre des Affaires Sociales a annoncé hier que le trou de la sécu est estimé à 1.1 milliard de dinars en 2015 et que ce trou s'enfoncera encore à 2 milliards de dinars d'ici cinq ans. Le diagnostic, les forces et les faiblisses du système national de sécurité sociale a été établi depuis plusieurs années, bien avant la Révolution. Toutefois, côté réformes et restructuration, il faut encore attendre pour voir. La question de prolongement de l'âge de départ à la retraite de 60 à 62 ans, a été posée et mise sur la sellette il y a plus de cinq ans, néanmoins la volonté politique manque toujours à l'appel. Ahmed Ammar Younbaii a affirmé hier lors de la réunion annuelle des chefs des services sociaux à Monastir que le prolongement de l'âge du départ à la retraite contribuerait à réduire notablement le déficit prévu dans une proportion de 80% au cours des trois prochaines années. Reste à savoir si cette option de réforme jouira d'un consensus national. Au cas contraire, nos caisses sociales iront inéluctablement à leur faillite. La réforme du système de retraite reste très étroitement hypothéquée à un problème structure. En effet, les fonds existants, sont destinés à financer le remboursement de la dette publique ou pour combler le déficit des autres branches de la caisse. Hormis le prolongement de l'âge du départ à la retraite, d'autres pays examinent l'idée de privatiser progressivement des branches de la sécu. Et si l'on privatisait la sécu ? une interrogation ou une alternative qui se pose dans tous les pays qui souffrent d'un déficit colossal de leur système de sécurité sociale à l'instar de la Tunisie. Une idée folle et risquée pour les uns qui ne pourrait qu'accabler les contribuables ou les malades qui auront à supporter la concurrence inter-compagnies. Finalement c'est le salarié, le citoyen à revenus faibles ou limités qui aura à supporter la note. Pour d'autres, la privatisation partielle de la sécu permettra non seulement de contenir le déficit public mais également de mieux évaluer l'efficacité médicale. Aujourd'hui, même si l'option de privatisation reste inconcevable, voire irréalisable en Tunisie, le gouvernement Essid devra trouver les solutions idoines pour pallier le déficit des caisses sociales et leur épargner une débâcle sans précédent.