En voilà, enfin, une bonne nouvelle pour la Tunisie ! M. Hassine Abbassi, patron imperturbable de l'UGTT, la centrale syndicale historique... se met à l'allemand ! Cette nouvelle me réjouit à plus d'un titre. D'abord, elle va permettre au chef syndical de respirer un peu de l'air pur dans ce pays jardin d'Europe et d'évacuer une partie de la pression qui pèse certainement sur lui et son staff du fait de la montée des revendications sociales à des niveaux jamais atteints depuis l'indépendance. Là, je reviens au dicton anglais : « A change is like a holiday » (Le changement équivaut à des vacances). Par ailleurs, M. Abbassi et l'importante délégation qui l'accompagne et notamment MM. Sami Tahri et Samir Cheffi, vont observer de visu, à l'image du grand philosophe Arabo-persan-arabe, Al Jahidh, comment est organisée et pratiquée la social-démocratie allemande qui a finalement, depuis Hegel, imprégné la plupart des mouvements sociaux en Europe et dans le monde Cette social-démocratie est basée sur deux vecteurs essentiels : Le respect de la loi d'une part et permettre à tout agent laborieux et productif de jouir de sa part de bien-être général en conformité avec son mérite. Par conséquent, cette cacophonie populiste au nom d'idées « révolutionnaires » qui bloque la vie économique et la production et met la pression permanente sur le gouvernement pour des augmentations de salaires et primes très peu méritées, n'a pas lieu dans le pays de Goethe et Schiller. On va même plus loin, ce genre de « compensation » arrachée par les menaces permanentes de grèves dramatiques pour l'économie est plutôt perçue comme nuisible et non productive parce qu'elle est injuste et sert à récompenser la paresse et la dépendance vis-à-vis de la générosité de l'Etat, et pénaliser les plus méritants qui vont payer ces « augmentations de salaires « non-méritées » à travers les impôts. Ceci dit le système allemand est très équilibré parce qu'il permet aussi, une distribution des produits de la richesse et de la croissance entre tous ceux qui l'auront méritée, à commencer par le capital, les promoteurs et les salariés. Nos amis allemands de l'industrie automobile font travailler plus de 8000 Tunisiens y compris dans des zones plutôt désertées par le capital national et les promoteurs tunisiens comme Siliana et le Kef. Ils diront certainement leur passion et leur solidarité avec la Tunisie. Mais, ils diront à M. Hassine Abbassi beaucoup d'autres choses sur la compétitivité qu'on ne peut gagner que par la discipline, la concentration et la méthode en usine et pas par l'occupation à tout vent de la rue ! L'UGTT, ce don du grand Farhat Hached martyr et héros de la Nation, est capable du meilleur après le pire que nous vivons depuis bientôt quatre ans. Le tout c'est de ramener tout le monde à cette sagesse innée des Tunisiens depuis la nuit des temps et qui consiste à faire prévaloir la raison contre la passion, la rigueur contre l'anarchie, la bonté contre le mal de l'injustice et de la privation en un mot la vie et le bien-être collectif en communauté malgré toutes les insuffisances et la précarité. De tout cœur, je salue cette visite des dirigeants de l'UGTT en Allemagne et j'espère qu'ils reviendront avec les bonnes idées qui ont fait la grandeur de ce peuple leader en Europe... et surtout la paix sociale ! K.G