La deuxième édition des Journées Méditerranéennes des Arts Visuels, signées « l'Art pluriel... l'Art dans les espaces publics » s'est achevée Dimanche 7 juin au Centre Culturel International Dar Sébastien à Hammamet. Elle a été dédiée à l'artiste décédé récemment Jalel Kasraoui. La manifestation, centrée par excellence sur les arts visuels contemporains, a permis une belle rencontre entre un groupe d'artistes de nationalités diverses et de sections artistiques variées dans un esprit d'ouverture et d'échange. Elle fut aussi l'occasion de voir la ville de Hammamet connaître une animation artistique singulière où l'art côtoyait le spectateur, dans les espaces publics, les places et les souks. Outre les expositions et les installations, un colloque a été organisé autour de l'expression esthétique. Bady Ben Nacer a parlé des Médinas enchantées de Mahmoud Shili et Nejib Belkhouja, Hammadi Ben Jabbalh a focalisé sur l'inscription de l'œuvre de Van Gogh dans l'horizon heidggerien, Nacer Ben Cheikh a consacré son intervention sur les deux peintres marocains Belkahia et Kacimi, et enfin l'écrivain Hassouna Mosbahi a souligné le rapport entre l'homme de lettres Jean Genet et l'artiste Giacometti : « J'ai parlé de la relation entre Jean Genet et le grand sculpteur d'origine Suisse Alberto Giacometti, qui a vécu à Paris dans les années 50 – 60. Une relation fraternelle et artistique les a unis. Giacometti, qui a tellement admiré Jean genet au point d'en faire des portraits et des statues qui sont très connues dans le monde actuellement. Jean Genet, à son tour, a écrit un texte qui s'intitule Dans l'atelier de Giacometti, dans lequel, il a parlé d'une manière profonde et même philosophique de l'art de Giacometti, sa vision des choses, des êtres, des figures qu'il a sculptées. Personnellement, je ne peux concevoir la culture sans la relation entre les différentes expressions artistiques et littéraires. Baudelaire par exemple, a beaucoup écrit sur les artistes de son temps, Apollinaire s'est intéressé considérablement au cubisme et à son ami Picasso, ainsi que Zola, René Char et les surréalistes qui étaient poètes, ont écrit sur les artistes qui appartenaient au mouvement surréaliste. La littérature ne peut s'enrichir qu'en dialoguant avec les autres formes artistiques et réciproquement. » Les artistes que nous avons rencontrés ont exprimé leur grande satisfaction concernant le déroulement des Journées qui leur ont permis de rencontrer un public différent, de nouer de nouvelles relations avec des artistes, et d'échanger des visions du monde. A ce propos, nous avons recueilli quelques témoignages : Roumanie : Carmen Bayer Artiste Roumaine, je suis très heureuse d'avoir participé à cette rencontre. C'est pour la première fois que je viens en Tunisie. J'ai participé avec une peinture évoquant le sujet des relations humaines ; pour moi c'est très important de travailler sur un thème en rapport avec le présent et l'actuel. Je veux transmettre mes meilleures impressions et garder des traces positives chez le public. Tunisie : Ines Ben Mansour Je suis photographe et j'ai participé dans cette deuxième session des Journées des Arts Visuels comme membre d'organisation et membre de l'association ArtAttitude. Ma photographie numérique porte le titre Porte close, c'est une porte avec des chaines et un horizon flou. Pour ce qui est des journées, je trouve que cet événement est très intéressant et devrait être bien promu dans tout le pays. Car en fait, c'est un objectif fondamental d'établir un échange direct avec le public et essayer de soustraire l'art aux carcans et contraintes des galeries et espaces privés. Liban : Badia Almaba Je suis artiste peintre libanaise, je participe dans la section art plastique avec un tableau d'art impressionniste. Le fait d'exposer en groupe stimule l'échange d'expériences, d'approches et de visions. C'est aussi une occasion de connaître d'autres gens, de découvrir leurs impressions, leurs goûts, leurs manières de voir les choses, leur critique. Les journées se sont déroulées dans une bonne ambiance, une organisation impeccable et une bonne affection entre les participants. France : Dilshad Questani Je suis artiste peintre français, d'origine kurde. Très souvent, j'expose seul, mais cette fois, l'expérience avec un groupe m'a permis un grand échange culturel. Au niveau artistique, cela pourrait déboucher sur un projet collectif. Cette rencontre véhicule un message de paix qu'on retrouve au truchement de l'art et de la culture, car, c'est le seul moyen qui pourrait nous sauver dans ce monde cruel. La Tunisie est un pays de paix, un carrefour de toutes les cultures et de toutes les nations, elle veut dire au monde entier qu'ils sont les bienvenues, il faut juste avoir le courage pour se tenir debout, être frères et transmettre un message aux terroristes que nous sommes là et que nous résistons.