Hammamet a vécu, du 31 mai au 7 juin, au rythme de la 2e édition des Journées méditerranéennes des arts visuels qui se sont déroulées dans l'avenue principale de la ville, aux abords du célèbre Fort. Ali Batrouni, artiste plasticien, directeur de la 2e édition de ces Journées et président fondateur de l'association ArtAttitude, nous dresse le bilan de cette édition et les perspectives de cette manifestation artistique. Qu'est-ce qui a motivé la création des Jmav d'Hammamet ? ArtAttitude a été créé pour mener une mission de promotion des rencontres et des échanges entre les artistes contemporains, qu'ils soient tunisiens ou étrangers. Pour mettre en œuvre cette démarche, on a donc créé les Journées méditerranéennes des arts visuels à Hammamet. Quel est, tout d'abord, le bilan de la première édition ? La première édition a eu lieu du 20 au 25 mai 2014. Les réactions du public, des artistes et des médias ont été au-delà de nos espérances. L'an dernier, 5 jours seulement ont été marqués par un grand succès et nous ont permis de continuer cette année encore la belle aventure en allongeant la durée de l'événement, en invitant davantage d'artistes et, surtout, en optant pour le multidisciplinaire, contrairement à la première session où les ateliers étaient axés sur la peinture uniquement. Pourquoi le choix du multidisciplinaire ? Nous avons choisi un slogan pour chaque session. La première avait pour slogan « Hors les murs, hors les frontières ». Faire sortir « l'art » des espaces fermés à la rue. Nous avons commencé par squatter l'espace public. Pour cette deuxième session, qui est la continuité de la première, nous avons choisi comme slogan « L'art pluriel dans les espaces publics ». C'est l'extension de la première session, tout en restant fidèle à notre vision du rôle de l'art et son statut par rapport à notre pays. L'art comme un moyen permettant à notre pays de sortir de l'envahissement anti-culturel. Quelle définition donnez-vous d'ArtAttitude ? C'est l'art avec une attitude. Nous croyons que l'art est une forme de militantisme. Il faut que l'art quitte les cercles fermés et descend dans la rue auprès des gens. Cette action a touché un grand public qui nous demande déjà les dates de la prochaine édition. Quels sont les objectifs de cette manifestation ? Il s'agit pour nous de permettre davantage d'accessibilité à l'art, de le démocratiser. Nous croyons que la démocratisation ne se fait pas seulement au niveau politique, mais aussi au niveau culturel par la promotion des échanges entre les artistes tunisiens et étrangers, les professionnels et les amateurs, et les artistes et le public. Quels sont les artistes invités à participer à cette 2e session ? Ils viennent du Liban, Turquie, France, Roumanie, Maroc, Jordanie, Irak, Corée du Sud, Etats-Unis. La Tunisie participe avec les seniors de la peinture, comme Mohamed Chelbi, Majed Jdira, Abdelmajid Bekri, Ali Znaïdi, Abdellatif Romdhani, etc. Pour cette session, il y a eu des ateliers ouverts et communs pour la peinture. Quels genres de disciplines proposez-vous à part la peinture ? La sculpture et les installations, en plus d'un atelier pour enfants. Nous croyons que la sensibilisation du public est de mettre à sa portée l'art tout court. Il n'y a pas d'autres manières. Notre tâche est d'attiser sa curiosité, l'interpeller, le laisser se poser des questions. Qu'est-ce que le SoukArt ? C'est un nouveau concept par rapport à la première session, à savoir que nous avons installé un mini-souk aménagé pour l'exposition et la vente des travaux des jeunes artistes. Il y a eu pas mal de gens intéressés par certaines œuvres accrochées ou d'autres en gestation. Mais la vente ne s'est pas concrétisée. On espère que cela va se faire dans les jours suivants. Qu'en est-il du colloque «L'intimité et l'universel dans l'art contemporain » ? Pourquoi le choix de ce sujet ? Nous avons invité d'importants conférenciers, comme Hamadi Ben Jaballah, Hassouna Mosbahi et Nacer Ben Cheikh. Ce dernier s'est excusé. C'est à travers son intimité que l'artiste atteint l'universel. Nous avons besoin aujourd'hui d'échanger l'intime avec le public, c'est-à-dire le travail du peintre dans son atelier. Quelles sont les instances organisatrices de cette manifestation ? ArtAttitude en partenariat avec le Centre culturel international d'Hammamet : la Maison de la Méditerranée pour la culture et les arts. L'association a été créée en 2013, mais avant, elle était constituée de groupes d'artistes internationaux. Mais pour pouvoir mener à bien nos activités, on a dû la convertir en association. On a organisé deux expositions collectives : une à l'espace Sadika à Tunis et une autre au Centre culturel d'Hammamet. Votre intention n'est-elle pas de rendre Hammamet à l'image de Mahrès ? Pas vraiment. Nous essayons de donner à Hammamet, cette ville touristique, une autre notoriété que celle du tourisme, qui est celle artistique et culturelle. Hammamet est un site de renommée mondiale, on essaie de mettre en évidence et la beauté et le soleil et la plage, mais aussi la culture millénaire. Pensez-vous déjà au programme de la 3e session ? Oui, malgré le peu de moyens. Le budget est de 100 mille dinars et nous avons obtenu une subvention du ministère de la Culture de l'ordre de 10 mille dinars. Le Centre culturel d'Hammamet nous a fourni des services estimés à 20 mille dinars. Maintenant, il faut trouver les 70 mille dinars restants. Par entêtement ou par folie, nous pensons à la 3e session qui sera dans la même lignée, à savoir l'art accessible à tous.