Finalement, c'est à la Marsa que la banlieue nord de Tunis connaitra la manifestation culturelle la mieux structurée de ce mois de Ramadan. Intitulé "Layali El saf saf", ce festival ramadanesque aura pour cadre l'un des cafés les plus réputés de Tunisie, le fameux Saf Saf dont le puits, les peupliers et la noria ont été immortalisés par une chanson éternelle de Oulaya. "Layali El Saf saf" commencera ce 28 juin avec un spectacle d'ouverture qui sera consacré au malouf avec l'orchestre Tanit de Ismahan Chaari. Le festival qui bénéficie du soutien de plusieurs sponsors parmi lesquels la Ville de la Marsa, se poursuivra jusqu'au 13 juillet avec une clôture sous les couleurs du stambali et de la tradition. Le patrimoine est très présent dans cette manifestation qui propose des soirées de cinéma, de musique et de théâtre. En effet, les fameux Aissaouias de Lahwech seront sur la scène du festival le 1er juillet prochain alors que le 27 Ramadan sera célébré comme il se doit par la Hadhra de cheikh Adnan Chakroun. Trois spectacles humoristiques devraient drainer le grand public, avec un atout bonne humeur incontestable. Il s'agit du désormais célébre show "Farka saboun", de la dernière création de Kamel Touati et du stand-up de Jaafar Gasmi qui fait actuellement sensation, le décapant "Tounsi vote". A noter aussi la participation du très percutant "Zeglama" de Lassad Ben Abdallah qui est une plongée dans l'univers des percussions tunisiennes. Le choix d'une proximité plurielle Cet axe du festival "Layali El Saf saf" souligne la dimension populaire de cette manifestation qui, de la sorte, vise clairement le grand public. Cette option est complétée par une dimension plus artistique qui concerne aussi bien le cinéma que les spectacles musicaux. En effet, pour la musique, le programme est tout ce qu'il y a de plus "pop", avec la participation de nombreuses formations jeunes et interculturelles dont la plupart sont issues de la banlieue nord. Citons par exemple, Daly Gana, Yassine Karoui, Najet Ounis ou Mizrap qui tous souligneront les tendances jazz actuelles. Cerise sur ce gâteau alternatif, la participation de Mounir Troudi à ce festival consacrera l'ouverture sur la pop tunisienne et aussi l'identité jeune de ce festival qui fait le choix d'une proximité plurielle. Le volet cinématographique du festival va dans le même sens avec la projection de plusieurs oeuvres de jeunes réalisateurs tunisiens de la nouvelle vague. Naoufel Saheb Etabaa, Houneida Behi et Nejib Belkadhi seront à l'honneur à travers leurs oeuvres. Notons également le fameux film "El Challat" de Kaouther Ben Henia qui sera également projeté. Un bel équilibre caractérise ainsi ces nuits du Saf saf qui s'adressent à tous les publics, tout en faisant le choix d'une proposition culturelle à mi-chemin entre le spectacle populaire et les expérimentations artistiques. Quelques jours avant son ouverture, ce festival s'annonce d'ores et déjà comme l'un des musts du Ramadan et souligne le glissement estival de la culture vers la banlieue nord.