Le paysage politique est en devenir permanent depuis le début de l'année 2015. Durant le mois de Ramadan, la vitesse des mouvements à l'intérieur des partis, après une léthargie de quelques mois, a enregistré une accélération forte qui prélude d'une rentrée politique, très chaude. L'impression qui se dégage est que plus rien ne sera comme avant. Les résultats des élections de 2014 n'ont pas fini de nous livrer leurs conséquences. La présidentielle, qui a vu Béji Caïd Essebsi, entrer triomphalement à Carthage a, enfin, livré un de ses « fruits ». Le locataire de Carthage a finit par faire passer un projet de loi qui lui est, aussi, cher qu'une promesse de campagne. Il concerne la réconciliation intéressant des hommes d'affaires en mal de popularité auprès de l'opinion publique pour leurs casseroles sous la dictature. Un pas est franchi vers la réconciliation nationale. L'Instance Vérité et Dignité est dans de très mauvais draps puisqu'une de ses prérogatives lui a été confisquée par le nouveau projet de loi. Promesse faite, promesse tenue. Avec l'appui de plus en plus bruyant de Rached Ghannouchi, Béji Caïd Essebsi aura sa loi votée. Ennahdha, seconde en nombre de sièges à l'ARP, doit être heureuse de voir que tout en n'ayant qu'un seul ministre au gouvernement dispose d'un fin et intelligent leader qui commence à prendre le dessus sur son ancien rival politique, le locataire de Carthage. Il sait profiter de tout instant et événement oubliés par ses alliés nidaistes. On dirait que les deux Cheikhs se partageaient les rôles et agissaient en vrais alliés. D'ailleurs, la voix qui a fait le plus de bruit pour soutenir le gouvernement Essid est celle de Cheikh Rached Ghannouchi. L'entente cordiale, autrement dit, le mariage de raison entre les deux Cheikhs, apaise le pays, sans en résoudre les problèmes, tout en causant des séismes au sein de leurs partis respectifs. Ce séisme frappe Nida dans son réservoir de voix, à l'instar de ce qui s'est passé avec Ettakatol, 3 ans auparavant. Les Tunisiens n'ont jamais pardonné à ce parti et, surtout à son chef Mustapha Ben Jaâfar, ses courbettes devant Rached Ghannouchi, après avoir déclaré qu'il ne se ralliera jamais à Ennahdha. Maintenant, les stratèges d'Ennahdha et Nida ont définitivement remis sur les rails leur rapprochement. D'ailleurs, Mohsen Marzouk, non rassuré par l'attitude de ses militants à son égard lors de la prochaine présidentielle, préfère travailler avec le leader d'Ennahdha... Il joue à la Ahmed Néjib Chebbi. Il n'est pas étonnant, qu'il connaisse le même sort que lui. Ce comportement de Mohsen Marzouk lors de la commémoration de la Nuit du Destin, portant la jebba en saluant Cheikh Rached, lui, vêtu en costume européen..., est plein de messages. Qui est le laïc des deux ? A part les petits meetings de son secrétaire général, Nida Tounès, n'a plus grand-chose à proposer aux Tunisiens. Car, dans toutes ses querelles, jamais nous avons assisté à une confrontation entre projets... Pire, personne n'en a au sein de Nida, à part son ex-président. Pas de vision, une gestion au jour le jour, quelques voyages à l'étranger...et, c'est tout. Les cadres intermédiaires sont oubliés des postes de responsabilités à pourvoir, car on leur préfère ceux qui restent dans les rangs. Or, un parti sans think-thank, et sans machine à idées n'a aucun avenir. Béji Caïd Essebsi, l'homme fédérateur autour duquel le parti a été créé est à Carthage. Et en président de tous les Tunisiens, il peut conseiller mais ne peut se mouiller la chemise pour sauver le parti. Le syndrome d'Ettakatol, vient achever l'aura de ce parti et faire le travail des autres. Les électeurs déçus par le rapprochement avec Ennahdha, contraire aux promesses de campagne n'ont plus rien pour se consoler... « Rajaâli Souti », un slogan actuel. La décrépitude... est prévisible à vue d'œil... Au rythme où vont les choses, le congrès ne pourra pas recoller de façon durable, les morceaux partis en fumée. L'exemple de Nida, explique la mauvaise presse des partis politiques dans l'opinion publique. Ils sont les derniers de la classe. Reste les personnalités qui pourraient rendre des services aux Tunisiens. Là, les Tunisiens sondés, placent en tête et devant BCE, Mehdi Jomaâ qui parle très peu. Avec son capital confiance, ira-t-il loin ? Ou fera-t-il comme Mustapha Kamel Nabli qui n'a jamais franchi le pas pour créer un parti politique. Nombreux cadres et simples citoyens le proclament. Aura-t-il un projet alternatif ? Un parti ? Sans grand parti qui adopte une « nouvelle manière de faire de la politique », il n'ira pas loin. Un fait est sûr, les Tunisiens ne veulent plus des hommes du passé, ni de leaders sans projets, ni vision !